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    France (?), anonyme flamand actif en France (?)

    Portrait d’homme en armure

    Notes sur l’état de l’œuvre

    cat33_p0Anciennement rentoilé ; 1979 : accident sur la face (côté senestre), pose d’une pièce1. Tableau d’aspect assez satisfaisant.

    Historique

    cat33_p1Succession de la duchesse de Montrose, Londres (?)2 ; legs baron Basile de Schlichting, 19143.

    Bibliographie

    cat33_p2Smith, 1829-1842 John Smith, A Catalogue Raisonné of the Works of the Most Eminent Dutch, Flemish and French Painters…, Londres, 1829-1842, 9 vol. dont un supplément. , vol. III, nos 343 et 5824 ; Brejon de Lavergnée, Foucart et Reynaud, 1979 Arnauld Brejon de Lavergnée, Jacques Foucart et Nicole Reynaud, Catalogue sommaire illustré des peintures du musée du Louvre. I. Écoles flamande et hollandaise, Paris, 1979. , p. 55 ; Larsen, 1980 Erik Larsen, L’Opera completa di Van Dyck, Milan, 1980, 2 vol. , vol. II, A-70 ; Larsen, 1988 Erik Larsen, The Paintings of Anthony Van Dyck, Lingen, 1988, 2 vol. , vol. II, A-108 ; Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , IV. 214 ; Foucart, 2009 Jacques Foucart, Catalogue des peintures flamandes et hollandaises du musée du Louvre, Paris, 2009. , p. 135.

    1cat33_p3Une toile sans relation directe avec Van Dyck. L’identification du modèle demeure délicate.

    Peinture de l'atelier de Van Dyck représentant un jeune homme en buste, revêtu d'une armure.
    Fig. 33-1 Atelier d’Antoon Van Dyck (?), James Graham, 1er marquis de Montrose, vers 1636, huile sur toile, 75,6 × 58,4 cm, Édimbourg, National Galleries of Scotland, PG 2418. Photo © National Galleries of Scotland
    Un homme aux cheveux châtain clair pose revêtu d’une armure d’où dépasse un grand col blanc. Il regarde devant lui de ses grands yeux sombres. Il porte la moustache.

    2cat33_p4Un homme en armure, encore jeune et portant moustache, identifié sans raison avec le « comte de Montrose » par John Smith, se tient debout, sur fond de drapé et de paysage (indistinct)5. James Graham, premier marquis de Montrose, l’une des figures (écossaises) royalistes les plus connues du xviie siècle, arrêté en Écosse, fut exécuté en 16506 ; on conçoit que son nom ait pu être accolé au tableau du Louvre, mais rien n’oblige à maintenir cette tradition séduisante (reposant sur les nombreuses gravures figurant Montrose en armure7). À Édimbourg, les National Galleries of Scotland possèdent d’ailleurs un portrait de Montrose, montrant un homme (en armure) dont les traits ne sont guère ressemblants à ceux du modèle du tableau parisien8 (fig. 33-1).

    Dessin représentant un homme en armure, debout, de face.
    Fig. 33-2 Cercle d’Antoon Van Dyck (?), Un homme vêtu d’une armure, vers 1650 (?), encre noire, plusieurs lavis, craie noire et sanguine, sur papier blanc cassé, 42,6 × 26,1 cm, Cambridge (Massachusetts), Harvard Art Museums/Fogg Museum, nº 1936.122. Photo © President and Fellows of Harvard College
    Un homme vêtu d’une armure est représenté en pied sur ce dessin. Il est debout, et tient de la main gauche un fusil dont la crosse est posée sur le sol. Il s’appuie de la main droite sur le pommeau d’une grande épée dont la pointe est dirigée vers le sol. Sa tête est couverte d’un casque orné de plumes. Il semble regarder en bas à droite, en direction de la pointe de son épée. L’armure est rendue avec beaucoup de détails.
    Dessin représentant un homme en armure, debout, de dos.
    Fig. 33-3 Cercle d’Antoon Van Dyck (?), Un homme vêtu d’une armure, vers 1650 (?), encre noire, plusieurs lavis, craie noire, sur papier chamois, 38 × 25,3 cm, Cambridge (Massachusetts), Harvard Art Museums/Fogg Museum, nº 1954.126. Photo © President and Fellows of Harvard College
    Ce dessin représente de dos un homme casqué et revêtu d’une armure. Les détails de l’armure sont rendus avec beaucoup de soin. L’homme tourne la tête vers la gauche, il tient son bras gauche le long du corps et son bras droit replié et levé au niveau de l’épaule. Il allonge sa jambe droite (à peine esquissée) vers l’avant.

    3cat33_p5Aux côtés du modèle tenant le bâton de commandement : une table sur laquelle son casque et un gantelet figurent de manière démonstrative. L’attitude du modèle de ce portrait est celle, traditionnelle, du chef de guerre. Les descriptions des armures figurant dans les tableaux de Van Dyck sont parfois allusives9. Deux dessins, attribués sans certitude au maître, donnent eux un beau rendu des détails d’une armure (fig. 33-2 et fig. 33-3). Celle que porte le personnage dans le tableau du musée vaut qu’on s’y arrête : elle est en effet caractéristique de la production des années 1620 et 1630. Il s’agit, du fait du port de bottes (ici, molles et en cuir jaune) venant se substituer aux jambières, d’une « demi-armure ». On peut parler de « harnois », répandu dans les armées d’Europe depuis les dernières années du xvie siècle. De manière très habituelle, le métal de cette pièce est entièrement noirci et devait présenter des reflets bleutés. Les cuissards (déjà présents dans les armures de la génération précédente) présentent une douzaine de « lames ». Ces cuissards ne sont pas retenus, comme c’est le cas selon la manière française, par des écrous à ailerons, sur la lame de braconnière. Le plastron est nu. Les épaulières sont symétriques ; on en perçoit mal les lames et les articulations. Au niveau des coudes, on voit bien les cubitières chargées de les protéger. Ces dernières établissent chacune la jonction entre canon supérieur et canon inférieur (bras proprement dit et avant-bras). D’autres lames sont disposées à la saignée des bras. Les gantelets paraissent d’un seul tenant, un système de gouttière semble assurer leur maintien avec le bras. Tout cela est montré de façon correcte.

    4cat33_p6On s’étonnera, dès lors, du fait suivant : le gantelet posé sur la table recouverte d’un velours est celui d’une main gauche, alors même qu’il est net que c’est la main droite de l’homme que l’on voit laissée nue, portant le bâton. Il y a là, apparemment, une surprenante désinvolture. Ce gantelet, par ailleurs, laisse deviner les rembourrages intérieurs, ou garniture interne, souvent perdus dans les armures qui nous sont parvenues. Notons que la bourguignotte, vue de trois quarts, possède un nasal qui seul protégerait la face si l’on ne voyait la visière, ici relevée10. Le couvre-nuque est, comme le reste de l’armure, couvert de clous dorés, seuls éléments décoratifs. Une rapière au côté dit que l’homme est droitier. Notons que cette dernière est commodément retenue à la taille grâce à la forme évasée du métal.

    5cat33_p7Ces éléments semblent orienter cette demi-armure vers une facture française. Les bottes, il est vrai, se retrouvent portées, dans les années 1630, à la cour d’Angleterre11. Sachant toutefois que l’école à laquelle rattacher le tableau n’a jamais fait l’unanimité, et que l’attribution du tableau, par Erik Larsen, à Érasme Quellin le Jeune ne convainc pas entièrement, on suggérera ici que l’œuvre peut être française12.

    6cat33_p8De manière générale, Van Dyck a peint, avec l’aide de son atelier, dans la seconde moitié des années 1630, certains de ses modèles (masculins) anglais vêtus d’armures comparables (ces armures sont parfois hollandaises13). Cela ne suffit pas à rattacher notre tableau au maître flamand – d’autant que l’hypothèse y voyant l’esquisse pour un grand format perdu ne repose sur aucun document14.

    1. Dossier C2RMF : F15752.

    2. Troubnikoff, 1911 Alexandre Troubnikoff, « Les tableaux de la collection Schlichting », Staryé Gody, Saint-Pétersbourg, avril 1911, p. 3-16. , nº 224 (acheté 1 500 francs).

    3. Les tableaux décrits par John Smith comme des portraits de James, marquis de Montrose, ne sauraient correspondre au R.F. 2119 ; la provenance de l’œuvre ne remonte de manière certaine qu’à la collection Schlichting (Smith, 1829-1842 John Smith, A Catalogue Raisonné of the Works of the Most Eminent Dutch, Flemish and French Painters…, Londres, 1829-1842, 9 vol. dont un supplément. , vol. III, nº 343 et 582).

    4. Smith, 1829-1842 John Smith, A Catalogue Raisonné of the Works of the Most Eminent Dutch, Flemish and French Painters…, Londres, 1829-1842, 9 vol. dont un supplément. , vol. III, nº 343 : « 343. Portrait of James Marquis of Montrose. Mentioned by Descamps in La Vie des Peintres. Collection of M. Sereville…1811…1725 fs. 69 l. » La mention par Descamps ne se laisse pas débusquer ; le « Sereville » ici mentionné pourrait être Philippe de Séréville (né en 1820), peintre animalier et de nature morte mentionné par le Dictionnaire général des artistes de l’école française… (Bellier de La Chavignerie et Auvray, 1882-1887 Dictionnaire général des artistes de l’école française depuis l’origine des arts du dessin jusqu’à nos jours. Architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes. Ouvrage commencé par Émile Bellier de La Chavignerie, continué par Louis Auvray, Paris, 1882-1887, 2 vol. , Supplément). Smith, 1829-1842 John Smith, A Catalogue Raisonné of the Works of the Most Eminent Dutch, Flemish and French Painters…, Londres, 1829-1842, 9 vol. dont un supplément. , vol. III, nº 582 : « Portrait of James Graham Marquis of Montrose, when about forty-five years of age, seen in nearly a front view, with long curling hair, and a small black cap on the crown of the head [détail absent du tableau du Louvre]. The body is clad in armour, with a plain white frill round the neck. His helmet and the figure of a female, are on a projection of architecture behind. » Smith évoque ensuite des gravures d’après ce tableau, dont la description dit assez qu’il diffère de celui du musée ; puis il se fait l’écho de l’existence, dans la collection du « prince de Monaco », en 1754, d’un portrait du marquis de Montrose. Cette dernière remarque peut être nourrie de la description du lot 9 de la vente des 22-24 janvier 1812 (Paris, vente du « cabinet de M. S[éréville] », expert Alexandre Paillet, Lugt, Répertoire Frits Lugt, Répertoire des catalogues de ventes publiques intéressant l’art ou la curiosité, La Haye, 1938-1964 (vol. I-III) ; Paris, 1987 (vol. IV). Voir aussi l’édition du répertoire en ligne. , nº 8106) : cette notice d’un tableau donné à Van Dyck est celle d’un portrait du « général Montrose », anciennement dans « la galerie de Monaco ». La description interdit de reconnaître notre toile.

    5. Smith, 1829-1842 John Smith, A Catalogue Raisonné of the Works of the Most Eminent Dutch, Flemish and French Painters…, Londres, 1829-1842, 9 vol. dont un supplément. , vol. III, nº 343 et 582 ; voir Foucart, 2009 Jacques Foucart, Catalogue des peintures flamandes et hollandaises du musée du Louvre, Paris, 2009. , p. 135.

    6. L’Oxford Dictionary of National Biography précise que Montrose fut pendu, puis son corps démembré (songeons à Ravaillac). Son cœur, lui, fut déterré de nuit par sa famille et embaumé. L’histoire de ce cœur et de ce corps séparés, puis à nouveau réunis au retour des Stuarts (1660) est un chapitre de l’histoire écossaise (voir https://doi.org/10.1093/ref:odnb/11194, consulté le 8 août 2019).

    7. L’homme fut l’objet d’une grande admiration, avant comme après sa mort tragique, et devint l’une des figures de la mythologie jacobite. Différentes gravures furent éditées le portraiturant (par Michael Van der Gucht, Richard Cooper, James Charles Armytage…). Dans ces conditions, l’identification du modèle de l’effigie du Louvre n’est pas dénuée de sens. Le nom du « marquis de Montrose » apparaît dans la provenance du tableau, mais de manière invérifiable. Oliver Millar, au musée le 18 mai 1986, rejette tout rapport avec Van Dyck et suggère qu’il s’agit d’un modello pour un portrait disparu ; selon lui, aucun lien avec Montrose. Notons que des « portraits de Montrose » apparaissent, au xixe siècle, dans diverses ventes : George Jones (commissaire-priseur), Londres, 3-4 février 1820, lot 88 (Lugt, Répertoire Frits Lugt, Répertoire des catalogues de ventes publiques intéressant l’art ou la curiosité, La Haye, 1938-1964 (vol. I-III) ; Paris, 1987 (vol. IV). Voir aussi l’édition du répertoire en ligne. , nº 9721) ; Christie’s, Londres, vente Thomas Gwennap Sr, 6-7 avril 1821, lot 24 (Lugt, Répertoire Frits Lugt, Répertoire des catalogues de ventes publiques intéressant l’art ou la curiosité, La Haye, 1938-1964 (vol. I-III) ; Paris, 1987 (vol. IV). Voir aussi l’édition du répertoire en ligne. , nº 9995) ; Michael Gernon (commissaire-priseur), Dublin, vente comte de Farnham, 15-16 juin 1827, lot 35 (Lugt, Répertoire Frits Lugt, Répertoire des catalogues de ventes publiques intéressant l’art ou la curiosité, La Haye, 1938-1964 (vol. I-III) ; Paris, 1987 (vol. IV). Voir aussi l’édition du répertoire en ligne. , nº 11485). Pas de lien établi avec le tableau du musée. Le tableau du Louvre n’apparaît pas dans l’album de portraits Original portraits of the Marquis of Montrose and some of his friends (Édimbourg, 1856) qui concerne bien le contemporain de Van Dyck. Le catalogue de la vente de Caroline, duchesse de Montrose, en 1895 (Lugt, Répertoire Frits Lugt, Répertoire des catalogues de ventes publiques intéressant l’art ou la curiosité, La Haye, 1938-1964 (vol. I-III) ; Paris, 1987 (vol. IV). Voir aussi l’édition du répertoire en ligne. , nº 53492) ne mentionne aucun portrait de Montrose.

    8. Le musée écossais date l’œuvre vers 1636 et la donne à l’atelier de Van Dyck. On sait que Montrose fit une apparition à la cour en 1636 (Oxford Dictionary of National Biography, voir note 6 supra), ce qui explique sans doute cette datation. Dans ce même musée, voir le PG 998 donné à Willem Van Honthorst (le frère de « Gérard des nuits ») : là encore, les traits de Montrose n’évoquent pas le tableau du Louvre.

    9. Par exemple, Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , IV. 214, qui signale l’armure portée par le futur comte de Strafford, sans la décrire.

    10. Un plumet paraît visible sur la bourguignotte, mais l’image est évanescente.

    11. Quoique de semelles plus élaborées, les bottes portées par James Hamilton, premier duc d’Hamilton, dans son portrait par Daniel Mytens, sont fort proches (Édimbourg, National Galleries of Scotland, PG 2722). Cette dernière toile est de 1629.

    12. Visite d’Erik Larsen au musée le 17 juin 1968. De son côté, en octobre 1964, Justus Müller Hofstede pensait l’œuvre attribuable à Van Dyck.

    13. Par exemple, le Portrait de Robert Rich, 2nd comte de Warwick (Hartford, Wadsworth Atheneum Museum of Art, 1944.8) ; voir Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , IV. 235.

    14. Foucart, 2009 Jacques Foucart, Catalogue des peintures flamandes et hollandaises du musée du Louvre, Paris, 2009. , p. 135.