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Notes sur l’état de l’œuvre
cat15_p01683 : format plus large de 17 cm environ (199 × 162 cm)1 ; 1709 : dimensions actuelles2 ; 1788 : nettoyé par Godefroid3 ; 1812 : rentoilé par Fouque, puis restauré par Hooghstoel4 ; 1977 : allègement du vernis, refixages sur les bords (André Ryzow), rentoilage – cette restauration fait apparaître un changement d’idée (repentir) dans l’emplacement de l’œil gauche et permet d’identifier le pigment dans le ciel (smalt)5 ; 1993 : décrassage. Un tableau (deux lés de toile asymétriques, couture horizontale) en état satisfaisant6.
Historique
cat15_p1Collection Everhard Jabach7 ; 1671 : acquis pour la collection de Louis XIV ; 1681 : au Louvre ; avant décembre 1685 : envoyé à Versailles à la demande de Louis XIV8 ; 1695 : à Versailles, antichambre de l’appartement de la reine ; 1709-1710 : toujours à Versailles, cabinet des tableaux ; 1737 : quitte le Louvre [sic], pour être placé à la surintendance (Versailles) ; 1760 : Étienne Jeaurat (peintre et garde des tableaux du roi à Versailles) signale le tableau dans la quatrième pièce de la surintendance9 ; 1908 : présenté salle Van Dyck au musée (actuelle salle Rosa) ; juillet 1945 : retour du château de Montal.
Bibliographie
cat15_p2Piles, 1762 Roger de Piles, Abrégé de la vie des plus fameux peintres, avec leurs portraits gravés en taille-douce…, tome troisième, Paris, 1762. , p. 354 ; Smith, 1829-1842 John Smith, A Catalogue Raisonné of the Works of the Most Eminent Dutch, Flemish and French Painters…, Londres, 1829-1842, 9 vol. dont un supplément. , vol. III, nº 148 ; Villot, 1855 Frédéric Villot, Notice des tableaux exposés dans les galeries du Musée national du Louvre. 2e partie. Écoles allemande, flamande et hollandaise, Paris, 1855 (6e édition). , nº 139 ; Viardot, 1860 Louis Viardot, Les Musées de France. Paris. Guide et mémento de l’artiste et du voyageur, Paris, 1860 (1re édition 1855). , p. 142 ; Guiffrey, 1882 Jules Guiffrey, Antoine Van Dyck. Sa vie et son œuvre, Paris, 1882. , nº 217, p. 252 ; Eastlake, 1883 Charles L. Eastlake, Notes on the Principal Pictures in the Louvre Gallery at Paris, and in the Brera Gallery at Milan, Boston, 1883. , nº 139, p. 63 ; Cosnac, 1885 Gabriel Jules de Cosnac, Les Richesses du palais Mazarin. Correspondance inédite de M. de Bordeaux, ambassadeur en Angleterre, état inédit des tableaux et des tapisseries de Charles Premier mis en vente au palais de Somerset en 1650. Inventaire inédit dressé après la mort du cardinal Mazarin en 1661, Paris, 1885 (1re édition 1884). , note 1, p. 228 ; Engerand, 1899 Fernand Engerand, Inventaire des tableaux du roy rédigé en 1709 et 1710 par Nicolas Bailly, publié pour la première fois avec des additions et des notes par Fernand Engerand, Paris, 1899. , p. 251 ; Cust, 1900 Lionel Cust, Anthony Van Dyck. An Historical Study of His Life and Works, Londres, 1900. , nº 47, p. 240 ; Schaeffer, 1909 Emil Schaeffer, Van Dyck. Des Meisters Gemälde in 537 Abbildungen, Leipzig et Stuttgart, coll. « Klassiker der Kunst », 1909. , p. 99 et 499 ; Communaux, 1914 Eugène Communaux, « Emplacements actuels des tableaux du musée du Louvre catalogués par Frédéric Villot (écoles du Nord) », Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français. Année 1914, Paris, 1914, p. 208-287. , nº 139, p. 224 ; Demonts, 1922 Louis Demonts, Musée national du Louvre. Catalogue des peintures exposées dans les galeries. III. Écoles flamande, hollandaise, allemande et anglaise, Paris, 1922. , nº 1 964, p. 13 ; Glück, 1924 Gustav Glück, The Early Work of Van Dyck, Vienne, 1924. , p. 13 (remet en cause l’attribution à Van Dyck, évoquant Jan Thomas10) ; Glück, 1925-1926 Gustav Glück, « Van Dycks Anfänge. Der Heilige Sebastian im Louvre zu Paris », Zeitschrift für bildende Kunst, vol. 59, Leipzig, 1925-1926, p. 257-264. , p. 260 ; Michel, 1929 Édouard Michel, La Peinture au musée du Louvre. École flamande, Paris, 1929. , p. 83 ; Glück, 1931 Gustav Glück, Van Dyck. Des Meisters Gemälde in 571 Abbildungen, Berlin et Stuttgart, coll. « Klassiker der Kunst », 1931. , p. 543 ; Knipping, 1974 John B. Knipping, Iconography of the Counter Reformation in the Netherlands. Heaven on Earth, Leyde, 1974, 2 vol. , vol. II, p. 415 ; Roy, 1977 Alain Roy (dir.), Le xviie siècle flamand au Louvre. Histoire des collections, Paris, coll. « Les dossiers du département des Peintures, 14 », 1977. , nº 17, p. 6 ; Brejon de Lavergnée, Foucart et Reynaud, 1979 Arnauld Brejon de Lavergnée, Jacques Foucart et Nicole Reynaud, Catalogue sommaire illustré des peintures du musée du Louvre. I. Écoles flamande et hollandaise, Paris, 1979. , p. 51 ; Paris, 1980 « Restauration de peintures », Les Dossiers du département des peintures, musée du Louvre, nº 21, Paris, 1980. , nº 27, p. 76-77 ; Brejon de Lavergnée, 1987 Arnauld Brejon de Lavergnée, L’Inventaire Le Brun de 1683. La collection des tableaux de Louis XIV, Paris, coll. « Notes et documents de France, 17 », 1987. , p. 61, et nº 201, p. 250-251 ; Larsen, 1988 Erik Larsen, The Paintings of Anthony Van Dyck, Lingen, 1988, 2 vol. , vol. I, p. 267, et vol. II, nº 672, p. 272-273 ; Le Cornec, 2001 Gaëlle Le Cornec, Les Changements de format des tableaux de l’inventaire Le Brun (mémoire de maîtrise), Paris, 2001. , p. 176-177 ; Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , III. 52 ; Gustin-Gomez, 2006 Clémentine Gustin-Gomez, Charles de La Fosse, 1636-1716. Le maître des modernes, Dijon, 2006, 2 vol. , vol. II, p. 157 et 160 ; Foucart, 2009 Jacques Foucart, Catalogue des peintures flamandes et hollandaises du musée du Louvre, Paris, 2009. , p. 128 ; Castelluccio, 2018 Stéphane Castelluccio, « Esthétique et politique. La présentation des tableaux des collections royales dans le grand appartement à Versailles, de Louis XIV à la Révolution », Versalia, nº 21, Versailles, 2018, p. 37-58. , p. 23, et note 112, p. 58.
1cat15_p3Un tableau expérimental, peint à Anvers, dans lequel la poésie le dispute à l’esthétique du modèle vivant. La rupture avec les saints Sébastien peints avant le séjour italien est franche. Composition d’une forte singularité, anti-rubénienne.
2cat15_p4Dans l’une des feuilles du carnet qu’il remplit durant son séjour italien (20 novembre 1621 – 1627), Van Dyck représenta Saint Sébastien secouru par trois anges11 (fig. 15-1). Le corps (affaissé) du soldat romain martyrisé s’offre à l’intervention divine : l’un des angelots tend délicatement la main droite pour tenter d’ôter l’une des flèches qui percent ce corps frémissant. Le visage de Sébastien, vu en profil parfait, reflète tension et volonté. Il semble que le jeune martyr soit lié à un arbre. Autre précédent, la Diane endormie dans Diane et une nymphe endormies surprises par un satyre12, au Prado (fig. 15-2). Que l’on puisse hésiter, au sujet de la datation de cette dernière toile, entre Italie et seconde période anversoise, la place peu avant le tableau du Louvre.
3cat15_p5C’est une suite à ces compositions que propose notre Saint Sébastien secouru par les anges. Une variation. Ce ne sont plus trois, mais deux anges qui entourent ainsi le saint ; ils ne volent plus, mais marchent vers lui. Le martyr est vu, non plus de côté, mais de face, suivant une pose qui n’est pas sans évoquer indirectement le Supplice d’Aman de Michel-Ange à la chapelle Sixtine – rappelons que Van Dyck passa huit mois dans la Ville éternelle au cours de l’année 1622 (fig. 15-3)13. Le corps du saint, moins musculeux que dans l’exemple du Vatican, et surtout affaissé, relève cependant d’une autre esthétique : Emil Schaeffer, en 1909, le jugeait « rubénien colossal » (« der rubenshaft kolossale Körper14 ») – un jugement par trop commode. En l’espèce, la référence à Rubens est trompeuse : les recherches de Van Dyck sur le corps masculin s’inscrivent plutôt dans un mouvement naturaliste initié par les Carrache, et développé par leurs brillants élèves, comme le rappelle une sanguine du Dominiquin au musée Atger, à Montpellier (fig. 15-4). L’idée que le Saint Sébastien du Louvre est une belle académie insinuée dans un épisode hagiographique ou, si l’on préfère, le produit d’une séance de pose dans l’atelier, se fait jour.
4cat15_p6Enfin, le visage du saint subit une évolution entre le dessin et la peinture : d’abord ferme et schématique ou, si l’on préfère, pur grâce à quelques traits sur la feuille, le voici sur la toile rendu difforme par la torture (notez les yeux comme injectés de sang, les lèvres noirâtres, fig. 15-5). Trouvaille qui ne laisse pas de marquer, Van Dyck a plongé ce visage dans la pénombre : le saint, évanoui à force de souffrances, revient à lui sous l’effet du geste prudent et doux de l’ange – la pénombre dans laquelle se perd la tête déjetée traduit cette remontée des ténèbres, du martyre vers la lumière de l’espoir. Sans forcer le trait, on perçoit que le peintre explore ici la représentation d’une forme de résurrection. Le côté brossé du paysage juste derrière la tête de saint Sébastien sert à accentuer l’âpreté de la scène. Par contrecoup, le rendu précis de la plante au premier plan, avec ses feuilles hérissées et piquantes comme des pointes de flèches (un chardon) prend tout son sens : la nature elle-même illustre les étapes du martyre15.
5cat15_p7L’originalité du Flamand, on le voit, ne s’est pas cantonnée à des changements de points de vue (de profil, puis de face) : le tableau, savant, mêle le souvenir de la terribilità michelangélesque, un sentiment inédit de la nature comme instrument (l’arbre auquel on lie le saint) et reflet (le chardon) du récit chrétien, et l’exploration de seuils d’états de conscience (Sébastien revient à lui). La nouveauté du sentiment introduit par Van Dyck, dans sa grande peinture d’histoire durant cette seconde période anversoise, est un objet classique des études sur le peintre16. De surcroît, la matière narrative est plus riche qu’on ne le croit d’emblée : la cuisse gauche du saint montre, en effet, la plaie laissée par une flèche – et non le membre percé par celle-ci. Autrement dit, la flèche a ici déjà été ôtée par l’ange. Van Dyck situe ainsi son moment dans une action en cours : le tableau ne représente pas les anges découvrant Sébastien blessé, mais s’affairant à le soulager depuis quelque temps déjà. L’anecdote médiévale de La Légende dorée s’efface devant une véritable narration hagiographique. Qui dira que Van Dyck n’est pas un peintre profondément tridentin ?
6cat15_p8Les anges du Saint Sébastien sont comme les frères de ceux qui jouent, dans les frondaisons des palmiers, au-dessus des saints Domitille, Nérée et Achille, à la Chiesa Nuova, peints en 1602 par le jeune Rubens (fig. 15-7). Van Dyck, s’il emprunte le type physique des angelots à son maître, s’autorise à passer de l’espièglerie rubénienne à la douceur thaumaturgique, adaptant son modèle à son thème – prenant ses distances avec la plénitude joufflue et vitale des anges de Rubens. À la même époque, au tout début des années 1630, il n’hésitera pas à se départir franchement du type angélique rubénien (de jeunes garçonnets à la santé lumineuse) pour explorer la voie d’une grâce diaphane : l’esquisse montrant Saint Sébastien secouru par un ange conservée en Californie l’atteste, avec son ange si légèrement esquissé que la matière picturale même paraît s’accorder avec le geste de la créature céleste retirant sa flèche au blessé17 (fig. 15-6).
7cat15_p9Cette brunaille, datable vers 1630-1632, peut bien avoir été conçue en parallèle avec le tableau du Louvre : elle n’en est pas la simple préparation. Elle élabore, organise l’idée d’un visage dans l’ombre, imprécis, souffrant et mystérieux, ouvrant la voie à une forme de révélation – la douleur transmuée en grâce. Surtout, elle témoigne d’une approche différente de celle de Rubens dans le traitement même du panneau esquissé en tant que tel : ici, point de tournoiement, de figure monumentale emplissant l’espace et électrisant, par cercles concentriques, des scènes toujours vécues suivant le mode vivace. De grandes lignes pessimistes arrêtent le temps, l’agent moteur de l’action (l’angelot ôtant la flèche) hésite à exister, tenté qu’il est par la dissolution dans la pure couleur. La monochromie sert ici un deuil sourd. Jamais une esquisse de Rubens n’aborde la mort par ce registre mutique et voilé, refusant la stridence opératique.
8cat15_p10Pour ce qui est du saint martyr lui-même, Van Dyck s’est écarté sciemment de la référence rubénienne (fig. 15-8). Là où Rubens, peignant vers 1618 (c’est-à-dire à l’époque de l’apprentissage de Van Dyck18), fait lever les yeux vers le ciel à un athlète dont la pose respecte le contrapposto des belles antiques, son élève montre un corps à la pose dysharmonique, loin de toute extase baroque. C’est cet éloignement de toute transe, comme de toute harmonie, qui fait l’originalité du tableau du Louvre. Charles Eastlake ne le comprit pas et jugea le tableau « vide de toute expression [religieuse]19 ». Le problème artistique auquel Van Dyck était confronté, par le traitement qu’avait livré Rubens du martyre de Sébastien, a ici été résolu de façon inattendue : comprenant qu’il n’irait pas au-delà de son maître, notre peintre a cherché une voie neuve. Son choix se porte sur la représentation d’un saint purement souffrant, au corps certes parfait mais à la pose sans beauté, sans charisme (alors que Rubens se souvient de Mantegna, par exemple dans le tableau de Vienne20). Le choix de l’éclairage est, lui aussi, parlant : Rubens situe la scène au crépuscule, illuminant son saint d’un irréel et divin faisceau de lumière crue ; Van Dyck place son héros au bord de la mort en plein jour. Et immerge le haut de son corps dans l’ombre. Ce dernier détail, commenté plus haut, atteste à lui seul que le peintre connaît l’opus de Rubens et y répond – coup pour coup. Bref, Van Dyck livre un saint Sébastien d’une beauté inadéquate – un Sébastien anti-rubénien21.
9cat15_p11Anti-rubénien, le tableau du Louvre l’est aussi de manière plus souple et moins frontale. Le Saint Sébastien secouru par des anges de Rubens, à la galerie Corsini de Rome (fig. 15-9), était sophistiqué. Celui de Van Dyck au Louvre propose une version allégée de l’épisode dans lequel les anges interviennent sur le corps meurtri du saint : un nombre réduit de figures, mais également – ce qui apparaît en confrontant les deux toiles – un recours assumé au modèle vivant. On peut à bon droit parler ici de stratégie picturale, tant le contraste avec les corps lisses de Rubens saille.
10cat15_p12Gustav Glück, dans les années 1920 et au-delà, pensait le Saint Sébastien une réplique d’après un tableau conservé dans la collection Von Wendland, au château de Bernried. Cette opinion a, depuis, fait long feu. Le rapport entre les deux toiles s’est inversé22. On notera par ailleurs l’existence, à Manchester, d’une autre copie, offerte avec un lot de tableaux à la Ville au moment de la création de la galerie municipale en 188223. Le musée d’Art moderne André-Malraux, au Havre, conserve une troisième copie de grand format : il semble que les copistes aient ajouté, selon le besoin, au paysage initialement conçu par Van Dyck24. Il existe à l’Alte Pinakothek de Munich une toile (201 × 135 cm, soit environ les dimensions de la toile parisienne) qui est visiblement une copie d’après notre tableau25. Certains détails y sont simplifiés (le tissu au niveau de la main gauche du saint), voire incompris (l’échange de regard entre l’angelot et le saint, qui n’a pas été perçu par le copiste, a disparu). Ces imposants tableaux indiquent le succès de l’invention vandyckienne. À ce sujet, il n’est pas interdit de suggérer qu’un peintre comme Thomas Willeboirts Bosschaert est peut-être à l’origine de l’une de ces dérivations, certes hétérogènes, mais ambitieuses. Schaeffer, de son côté, signalait l’existence de compositions voisines du Saint Sébastien à l’église paroissiale de Schelle, près d’Anvers, comme à l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg26. Ce dernier tableau (de format plus réduit que celui du Louvre) a été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale27.
11cat15_p13Copie, vente Florence, palais Michelozzi, 30 novembre 1989, lot 41 (toile, 216 × 141,5 cm). Copie, vente Paris, Drouot, 23 juin 2006, lot 242 (toile, 195 × 139 cm). Copie dessinée à Darmstadt28, avec variantes (plume et encre brune, 19,7 × 17,7 cm, AE 505). Variante à signaler, vente Bruxelles, veuve Van Parys, 6 octobre 1853 (Lugt nº 21543), lot 54, toile, 168 × 117 cm. Une version du Saint Sébastien secouru par les anges est apparue récemment sur le marché londonien (vente Christie’s, Londres, 6 juillet 2017, toile, 197,2 × 139,7 cm, lot 8) : cette peinture, signée, semble présenter un saint à la carnation moins plombée et, de façon générale, paraît moins âpre que le tableau du Louvre. En particulier, l’idée du visage dans la pénombre est perdue, ce qui ne laisse pas de surprendre29. L’existence de ces diverses versions, répliques et copies explique que Roger de Piles ait pu posséder un Saint Sébastien donné à Van Dyck, comme le montre son inventaire après décès du 15 avril 170930.
12cat15_p14La gravure de Pierre Louis Van Schuppen (fig. 15-10), connue, reproduit en brodant une autre composition de Van Dyck, sans doute celle naguère à Saint-Pétersbourg31.
Brejon de Lavergnée, 1987 Arnauld Brejon de Lavergnée, L’Inventaire Le Brun de 1683. La collection des tableaux de Louis XIV, Paris, coll. « Notes et documents de France, 17 », 1987. , nº 201, p. 250-251.
Engerand, 1899 Fernand Engerand, Inventaire des tableaux du roy rédigé en 1709 et 1710 par Nicolas Bailly, publié pour la première fois avec des additions et des notes par Fernand Engerand, Paris, 1899. , p. 251.
Le Cornec, 2001 Gaëlle Le Cornec, Les Changements de format des tableaux de l’inventaire Le Brun (mémoire de maîtrise), Paris, 2001. , p. 176.
L’apparition d’un « troisième » œil, c’est-à-dire d’une première pensée quant à l’orientation de la tête du saint, a permis de rejeter toute hésitation sur l’attribution à Van Dyck de l’INV. 1233. Erik Larsen, encore en 1968, se montrait réservé sur l’autographie, relevant que le tableau « devrait être nettoyé pour pouvoir juger du degré d’authenticité avec un meilleur recul » (documentation du département des Peintures du musée).
Cosnac, 1885 Gabriel Jules de Cosnac, Les Richesses du palais Mazarin. Correspondance inédite de M. de Bordeaux, ambassadeur en Angleterre, état inédit des tableaux et des tapisseries de Charles Premier mis en vente au palais de Somerset en 1650. Inventaire inédit dressé après la mort du cardinal Mazarin en 1661, Paris, 1885 (1re édition 1884). , note 1, p. 228, pense qu’un tableau montrant saint Sébastien vient des collections de Charles d’Angleterre vendues en 1650, via Mazarin. Mais l’auteur demeure imprécis, ne caractérise pas la toile dont il parle… La provenance Mazarin semble contredire celle de l’INV. 1233, passé entre les mains de Jabach.
Castelluccio, 2018 Stéphane Castelluccio, « Esthétique et politique. La présentation des tableaux des collections royales dans le grand appartement à Versailles, de Louis XIV à la Révolution », Versalia, nº 21, Versailles, 2018, p. 37-58. , p. 49, et note 112, p. 58.
Engerand, 1899 Fernand Engerand, Inventaire des tableaux du roy rédigé en 1709 et 1710 par Nicolas Bailly, publié pour la première fois avec des additions et des notes par Fernand Engerand, Paris, 1899. , p. 251.
Hermann Arthur Lier, « Thomas, Jan », Allgemeine Deutsche Biographie, 38 (1894), p. 90 : https://www.deutsche-biographie.de/pnd124692133.html#adbcontent, consulté le 25 janvier 2022.
Selon Michael Jaffé, ce dessin serait personnel (et non la trace d’une composition par un maître, admirée par Van Dyck). Voir Jaffé, 2002 Michael Jaffé, The Devonshire Collection of Northern Europeans Drawings, Londres, 2002, 5 vol. , vol. I, p. 83. Voir aussi, pour un dessin montrant le saint percé de flèches, Jaffé, 1966 Michael Jaffé, Van Dyck’s Antwerp Sketchbook, Londres, 1966, 2 vol. , vol. II, folio 20 verso ; et Moir, 1994 Alfred Moir, Van Dyck, New York, 1994. , p. 11.
Voir Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , II. 23, qui évoque la participation de Jan Roos pour situer l’œuvre à la fin du séjour italien de Van Dyck.
Le motif d’Aman au supplice se retrouve d’ailleurs dans le fonds des dessins rubéniens du musée. Mais le corps d’Aman était celui d’un Hercule, alors que Van Dyck prête à son nu une forme indéniable de morbidezza, disons de suavité. Le souvenir de la chapelle Sixtine n’exclut pas une explication qui a trait aux pratiques de l’atelier. En effet, la main droite, liée, du saint vient directement de séances de pose en atelier : il était habituel, pour soulager les modèles, de leur passer ou de leur faire tenir une cordelette ou une corde pendant du plafond pour « tenir la pose » plus longtemps (cet usage, en particulier, se rencontre dans l’atelier de Rembrandt). On peut aussi citer Palma le Jeune, connu pour son intérêt envers la figure de saint Sébastien : voyez sa Sainte conversation (Dijon, musée des Beaux-Arts, CA T 3, fig. 3-7), dans laquelle le saint a son bras gauche suspendu artificiellement.
Schaeffer, 1909 Emil Schaeffer, Van Dyck. Des Meisters Gemälde in 537 Abbildungen, Leipzig et Stuttgart, coll. « Klassiker der Kunst », 1909. , p. 499.
Le peintre qui a livré, dans une toile conservée à Copenhague, une bonne copie de l’INV. 1233 ne semble pas avoir compris tous les échos dont vibre le tableau original : il a remplacé la plante aux feuilles acérées par d’autres, sans lien avec la narration (toile, 190 × 132 cm, Statens Museum for Kunst, National Gallery of Denmark, Copenhague, 177, KMSsp238). Voir Koester, 2000 Olaf Koester, Statens Museum for Kunst. Flemish Paintings. 1600-1800, Copenhague, 2000. , p. 95-96, et pl. 40, p. 314.
Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , p. 241, souligne les possibilités neuves qu’offrait le style de Van Dyck, revenu d’Italie, à ses commanditaires. L’absence de Rubens, de la fin août 1628 à mars 1630, a dû aussi jouer.
Passé en vente chez Sotheby’s, Londres, 27 juin 1984, collection de feu lord Clark, lot 188.
Eaker, 2015 Adam Eaker, « Van Dyck between Master and Model », The Art Bulletin, vol. 97, nº 2, New York, juin 2015, p. 173-191. date le Saint Sébastien de Rubens vers 1614. Voir aussi Vlieghe, 1973 Hans Vlieghe, « Saints II », Corpus Rubenianum Ludwig Burchard, vol. VIII, Londres et New York, 1973. , nº 145. Le Saint Sébastien de Berlin est certainement celui, estimé trois cents florins, proposé par Rubens à Dudley Carleton dans le cadre d’une négociation destinée à l’acquisition de sculptures.
« […] as a pictorial embodiment of religious sentiment it is destitute of expression… » (Eastlake, 1883 Charles L. Eastlake, Notes on the Principal Pictures in the Louvre Gallery at Paris, and in the Brera Gallery at Milan, Boston, 1883. , nº 139, p. 63). Louis Viardot, plus de vingt ans avant, dit la même chose : « Le saint Sébastien secouru par les anges est fort peu religieux, comme fort peu fini, et semble simplement un soldat romain relevé du champ de bataille » (Viardot, 1860 Louis Viardot, Les Musées de France. Paris. Guide et mémento de l’artiste et du voyageur, Paris, 1860 (1re édition 1855). , p. 142-143).
Van Dyck, il est vrai, use à l’instar de Rubens du grand format : son tableau mesure 198 × 145 cm ; celui de Rubens, 203,5 × 131,1 cm.
Glück, 1925-1926 Gustav Glück, « Van Dycks Anfänge. Der Heilige Sebastian im Louvre zu Paris », Zeitschrift für bildende Kunst, vol. 59, Leipzig, 1925-1926, p. 257-264. , p. 260, et Glück, 1931 Gustav Glück, Van Dyck. Des Meisters Gemälde in 571 Abbildungen, Berlin et Stuttgart, coll. « Klassiker der Kunst », 1931. , p. 227 et 543. Il s’agit d’une toile qui place une flèche dans la cuisse gauche du saint : certainement un ajout de copiste voulant accentuer les effets, sans les maîtriser. Citons aussi une toile, 207 × 158 cm, passée en vente le 30 avril 1947, lot 76, à Bruxelles (collection Fievez), aujourd’hui collection belge à Tilff (Liège). Contrairement au tableau du Louvre, cette composition montre, au premier plan, carquois, flèches et bouclier – un ajout décoratif un rien appuyé, peu dans l’esprit de Van Dyck. Tableau présenté, suivant la fiche de la Witt Library, à Londres, dans Descamps et Rousseau, 1912-1913 Edouard Descamps et Henry Rousseau et al. (dir.), Trésor de l’art belge au xviie siècle. Mémorial de l’Exposition d’art ancien à Bruxelles en 1910, Bruxelles, 1912-1913, 2 vol. , vol. I.
Toile, 191 × 131 cm, 1882.43 (signalé par le musée anglais sous la mention « atelier de Van Dyck »).
Toile, 201 × 135 cm, 1927. Il s’agit de la toile signalée anciennement à Burghausen, Staatsgalerie in der Hauptburg (Larsen, 1988 Erik Larsen, The Paintings of Anthony Van Dyck, Lingen, 1988, 2 vol. , vol. II, p. 460). En vérité, chaque saint Sébastien de Van Dyck fut l’objet de répliques ou copies. Citons, à la Galleria Sabauda de Turin, une réplique d’atelier d’après le Saint Sébastien de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg (œuvre perdue pendant la Seconde Guerre mondiale) : toile, 160 × 155 cm, 351.
Schaeffer, 1909 Emil Schaeffer, Van Dyck. Des Meisters Gemälde in 537 Abbildungen, Leipzig et Stuttgart, coll. « Klassiker der Kunst », 1909. , p. 100 et 101.
Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , III. 53.
Schoch, 1977 Rainer Schoch (dir.), Peter Paul Rubens und sein Kreis (catalogue d’exposition, Darmstadt, Hessisches Landesmuseum, 1977), Darmstadt, 1977. , nº 11, p. 14. Signalons à la National Gallery of Ireland une Mort d’Adonis, proche du point de vue de la composition, mais sans doute éloignée de notre peintre (plume et encre sur papier, 19,9 × 16,7 cm, 2607).
La signature ne se laisse que très peu voir sur photographie. Il est notable que la maison de ventes n’a pas accompagné l’œuvre d’une notice détaillée.
Teyssèdre, 1957 Bernard Teyssèdre, Roger de Piles et les débats sur le coloris au siècle de Louis XIV, Paris, 1957. , p. 516-517.
Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , III. 52 et II. 53. Voir Hollstein, 1949- Friedrich Wilhelm Hollstein et al., Dutch and Flemish Etchings and Engravings and Woodcuts, ca. 1450-1700, 72 vol., Amsterdam, 1949-1987 ; Roosendaal, 1988-1993 ; Rotterdam, 1995-2004 ; Ouderkerk aan den IJssel, 2005-2010. , XXVI, nos 72-14, II, II/IV. Van Schuppen a laissé meilleur souvenir par ses portraits de cardinaux ou princes.