• Sommaire
  • Notes
  • Sommaire
  • 5

    Antoon Van Dyck

    Portrait d’un homme et de son fils

    Notes sur l’état de l’œuvre

    cat5_p0État de présentation assez satisfaisant1 ; panneau parqueté, agrandi sur les quatre côtés (avant 1802 ?)2 ; panneau présentant une ancienne fente, en bas à senestre (près de la main gauche du père)3 ; 1957 : vernis allégé4 ; a fait l’objet de menues interventions à intervalles réguliers depuis l’après-guerre ; 2017 : parquetage débloqué ; la couche picturale présente des enfoncements.

    Historique

    cat5_p1Louis Marie Victor, duc d’Aumont de Rochebaron, 600 livres5 ; Marc René de Voyer d’Argenson, Paris, entre 1740 et 17506 ; Louis Jean Gaignat, Paris7 ; vente L. J. Gaignat, 14-22 février 1769, lot 16 (illustrations de Gabriel de Saint-Aubin), 9 200 livres8 ; Pierre Rémy, marchand d’art ; Pierre Paul Louis Randon de Boisset, Paris9 ; acquis à la vente Randon de Boisset, 27 février-25 mars 1777 (expert Pierre Rémy), lot 45, par J. B. P. Lebrun pour 10 400 livres (qui, ne pouvant les payer, doit les laisser aux frères Millon, Millon d’Ailly et Millon d’Ainval, neveux et héritiers de Randon de Boisset) pour le duc de Cossé, 10 000 livres10 ; vendus par les deux neveux de Randon de Boisset au comte de Vaudreuil11 ; Joseph Hyacinthe François de Paule de Rigaud, comte de Vaudreuil, Paris12 ; vente Vaudreuil, Paris, 24 novembre 1784, lot 2613 ; acquis à la vente Vaudreuil par Alexandre Joseph Paillet, marchand d’art, Paris, pour Louis XVI, 14 840 livres14 ; présent au « cabinet du Pavillon neuf au Louvre », 178515 ; exposé à l’ouverture du Muséum, 1793, cat. 14016 ; envoyé au château de Montal (Lot) pendant la Seconde Guerre mondiale (revenu au Louvre en avril 1946).

    Bibliographie

    cat5_p2Dezallier d’Argenville, 1752 Antoine Nicolas Dezallier d’Argenville, Voyage pittoresque de Paris, ou indication de tout ce qu’il y a de plus beau dans cette grande ville en peinture, sculpture et architecture, Paris, 1752 (1re édition 1749). , p. 107 ; Descamps, 1753-1764 Jean-Baptiste Descamps, La Vie des peintres flamands, allemands et hollandois, avec des portraits gravés en taille-douce, une indication de leurs principaux ouvrages, et des réflexions sur leurs différentes manières, Paris, 1753-1764, 4 tomes. , tome II, p. 23 ; Joullain, 1783 François Charles Joullain, Répertoire de tableaux, dessins et estampes, ouvrage utile aux amateurs. Première partie, Paris, 1783. , p. 63 ; Lebrun, 1792 Jean-Baptiste Pierre Lebrun, Galerie des peintres flamands, hollandais et allemands. Ouvrage enrichi de deux cent une planches gravées d’après les meilleurs tableaux de ces maîtres, par les plus habiles artistes de France, de Hollande et d’Allemagne avec un texte explicatif, tome 1, Paris, 1792. , p. 17 ; Notice Paris, 1796 Notice des tableaux des trois écoles, choisis dans la collection du Muséum des arts, rassemblés au salon d’exposition, pendant les travaux de la galerie, au mois de Prairial an 4, Paris, 1796. , nº 10617 ; Toulongeon, 1802-1808 François Emmanuel Toulongeon [d’Emskerque de Toulongeon], Manuel du Muséum français, avec une description analytique et raisonnée de chaque tableau, indiqué au trait par une gravure à l’eau forte, tous classés par écoles, et par œuvre des grands artistes, Paris, 1802-1808, 9 vol. , vol. 6 ; Visconti et Émeric-David, 1807 Ennio Quirino Visconti et Toussaint Bernard Émeric-David, Le Musée français, recueil complet des tableaux, statues et bas-reliefs, qui composent la collection nationale, vol. III, Paris, 1807.  ; Lebrun, 1809 Jean-Baptiste Pierre Lebrun, Recueil de gravures au trait, à l’eau-forte et ombrées, d’après un choix de tableaux de toutes les écoles, recueillis dans un voyage fait en Espagne, au Midi de la France et en Italie, dans les années 1807 et 1808, Paris, 1809. , p. 42 ; Smith, 1829-1842 John Smith, A Catalogue Raisonné of the Works of the Most Eminent Dutch, Flemish and French Painters…, Londres, 1829-1842, 9 vol. dont un supplément. , vol. III, nº 152 ; Cottini, 1851 Jean Cottini, Examen du musée du Louvre, suivi d’observations sur les expertises en matière de tableaux, Paris, 1851. , p. 22 et suiv. ; Villot, 1852 Frédéric Villot, Notice des tableaux exposés dans les galeries du Musée national du Louvre. 2e partie. Écoles allemande, flamande et hollandaise, Paris, 1852. , nº 150 ; Viardot, 1860 Louis Viardot, Les Musées de France. Paris. Guide et mémento de l’artiste et du voyageur, Paris, 1860 (1re édition 1855). , p. 145 ; Veyran, 1877 Louis de Veyran, Le Musée du Louvre. Collection de 500 gravures au burin reproduisant les principaux chefs-d’œuvre de la peinture et de la sculpture du musée du Louvre, Paris, 1877. , 3e série ; Guiffrey, 1882 Jules Guiffrey, Antoine Van Dyck. Sa vie et son œuvre, Paris, 1882. , nº 786, p. 275 ; Michiels, 1882 Alfred Michiels, Van Dyck et ses élèves, Paris, 1882 (1re édition 1881). , note 1, p. 264 ; Castan, 1883 Auguste Castan, « Le portrait du président Richardot, au musée du Louvre, restitué à Rubens », Mémoires de la société d’émulation du Doubs, vol. VIII, Besançon, 1883, p. 5-28, et Réunion des sociétés des Beaux-Arts des départements à la Sorbonne, Paris, 1883, p. 126-142.  ; Eastlake, 1883 Charles L. Eastlake, Notes on the Principal Pictures in the Louvre Gallery at Paris, and in the Brera Gallery at Milan, Boston, 1883. , nº 150, p. 68 ; Rooses, 1886-1892 Max Rooses, L’Œuvre de P. P. Rubens. Histoire et description de ses tableaux et dessins, Anvers, 1886-1892, 5 vol. , vol. IV, p. 240 ; Engerand, 1899 Fernand Engerand, Inventaire des tableaux du roy rédigé en 1709 et 1710 par Nicolas Bailly, publié pour la première fois avec des additions et des notes par Fernand Engerand, Paris, 1899. , p. 549 ; Cust, 1900 Lionel Cust, Anthony Van Dyck. An Historical Study of His Life and Works, Londres, 1900. , nº 26, p. 23 ; Stokes, 1904 Hugh Stokes, Sir Anthony Van Dyck, Londres, 1904. , p. xxviii ; Guiffrey et Tuetey, 1909 Jean Guiffrey et Alexandre Tuetey, « La commission du Muséum et la création du musée du Louvre (1792-1793) », Archives de l’art français, tome III, Paris, 1909. , nº 140 ; Schaeffer, 1909 Emil Schaeffer, Van Dyck. Des Meisters Gemälde in 537 Abbildungen, Leipzig et Stuttgart, coll. « Klassiker der Kunst », 1909. , p. 145 ; Demonts, 1922 Louis Demonts, Musée national du Louvre. Catalogue des peintures exposées dans les galeries. III. Écoles flamande, hollandaise, allemande et anglaise, Paris, 1922. , nº 1 985 ; Glück, 1931 Gustav Glück, Van Dyck. Des Meisters Gemälde in 571 Abbildungen, Berlin et Stuttgart, coll. « Klassiker der Kunst », 1931. , nº 529, p. 94, ; Dansaert, 1938 Georges Dansaert, « À propos du portrait dit de Richardot, attribué à Van Dyck, au musée du Louvre », Bulletin des musées de France, Paris, janvier-février 1938, p. 10-12.  ; Van Puyvelde, 1963 Leo Van Puyvelde, « Portraits de Guillaume Richardot par Rubens et Van Dyck », in Jean Alazard, Souvenirs et mélanges, Paris, 1963, p. 195-199.  ; Béguin et al., 1964 Sylvie Béguin, André Chastel, Pierre du Colombier, Michel Laclotte, André Linzeler, Paul-Henri Michel, Peter Murray et Jacques Thuillier, Dictionnaire de la peinture italienne, Paris, 1964. , p. 36 ; Abdul-Hak et al., 1974 Sélim Abdul-Hak, Virgil Cândea, Irina Danilova, Jacques Lavalleye, Franco Renzo Pesenti, Pierre Quarré, Francisco Xavier de Salas Bosch, Albert Schug et Jacques Thuillier, Inventaire illustré d’œuvres démembrées célèbres dans la peinture européenne, Paris, 1974. , p. 84 ; Brejon de Lavergnée, Foucart et Reynaud, 1979 Arnauld Brejon de Lavergnée, Jacques Foucart et Nicole Reynaud, Catalogue sommaire illustré des peintures du musée du Louvre. I. Écoles flamande et hollandaise, Paris, 1979. , p. 53 ; Larsen, 1980 Erik Larsen, L’Opera completa di Van Dyck, Milan, 1980, 2 vol. , vol. II, nº 185 et pl. IX, p. 97 ; Bazin, 1987 Germain Bazin, Théodore Géricault. Étude critique, documents et catalogue raisonné, Paris, 1987, 7 vol. et annexes. , vol. II, p. 452 ; Vlieghe, 1987 Hans Vlieghe, « Portraits of Identified Sitters Painted in Antwerp », Corpus Rubenianum Ludwig Burchard, vol. XIX (2), Londres et New York, 1987. , nº 159 (pour la question de l’identification des modèles) ; Greffet-Kendig, 1988 Suzanne Greffet-Kendig, La Vraie Adèle Ferrand. Nancy 1817-Bourbon 1848 (catalogue d’exposition, Saint-Denis, La Réunion, musée Léon-Dierx, 1988), Saint-Denis, 1988. , nº 324 ; Larsen, 1988 Erik Larsen, The Paintings of Anthony Van Dyck, Lingen, 1988, 2 vol. , vol. II, nº 54, p. 33 ; Edwards, 1996 JoLynn Edwards, Alexandre Joseph Paillet. Expert et marchand de tableaux à la fin du xviiie siècle, Paris, 1996. , p. 114, 126, 173 et 336 ; Van der Stighelen et Westen, 1999 Katlijne Van der Stighelen et Mirjam Westen, À chacun sa grâce. Femmes artistes en Belgique et aux Pays-Bas. 1500-1950 (catalogue d’exposition, Anvers, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen, 1999-2000 ; Arnhem, Museum voor Moderne Kunst, 2000), Bruxelles, 1999. , p. 154-155 ; Dubreuil, 2002 Marie-Martine Dubreuil, « Le catalogue du Muséum français (Louvre) en 1793. Étude critique », Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français. Année 2001, Paris, 2002, p. 125-165. , nº 140 ; Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , I. 111 (et I. 102 verso pour comparaison du paysage) ; Schnapper, 2005 Antoine Schnapper, Curieux du Grand Siècle. Collections et collectionneurs dans la France du xviie siècle. II. Œuvres d’art, Paris, 2005 (1re édition 1994). , p. 386-387 ; Leclair, 2008 Anne Leclair, « Le duc de Choiseul (Nancy, 1719-Paris, 1785) collectionneur. Son entourage et ses réseaux. Archives et documents inédits », Les Cahiers d’histoire de l’art, nº 6, Paris, 2008, p. 62-77. , note 113, p. 77 ; Bergeon Langle et Curie, 2009 Ségolène Bergeon Langle et Pierre Curie, Peinture et dessin. Vocabulaire typologique et technique, Paris, 2009, 2 vol. , vol. II, p. 1 050 ; Foucart, 2009 Jacques Foucart, Catalogue des peintures flamandes et hollandaises du musée du Louvre, Paris, 2009. , p. 131 ; Galard, 2010 Jean Galard (dir.), Promenades au Louvre en compagnie d’écrivains, d’artistes et de critiques d’art, Paris, 2010. , p. 371 ; Michel, 2010 Patrick Michel, Peinture et plaisir. Les goûts picturaux des collectionneurs parisiens au xviiie siècle, Rennes, coll. « Art & Société », 2010. , p. 196 ; Spieth, 2018 Darius A. Spieth, Revolutionary Paris and the Market for Netherlandish Art, Boston et Leyde, coll. « Studies in the History of Collecting & the Art Market, 3 », 2018. , note 102, p. 61.

    1cat5_p3Un portrait dans lequel perce l’émotion, et selon la formulation énergique – très Tintoret – que suit Van Dyck peu avant son départ pour l’Italie.

    2cat5_p4Un homme – visage fin, barbiche et moustache, roux, vêtu de noir et ayant ceint un manteau de fourrure couleur fauve (Toulongeon le pense de martre18) – appuie sa main droite sur l’épaule d’un jeune enfant, d’environ cinq ans. Par une des notations caractéristiques de la délicatesse du peintre, l’enfant porte une fraise à la confusion (légère), par opposition à la fraise godronnée de son père (rigide). L’homme tient un livre à la main, semblant avoir interrompu sa lecture : quoique cette idée se retrouve dans nombre de portraits du temps (Rubens, Pourbus le Jeune…), Van Dyck a donné à ce geste un caractère instantané très sensible. L’impression spontanée (favorisée par le cadrage serré) est contrebalancée par des éléments du langage formel du portrait d’apparat : le garçon tient son coude droit avec un faux négligé, selon une formule usuelle des effigies princières ; le luxe de leur mise dit assez l’étude dont dut bénéficier le portrait des deux modèles.

    Peinture de Paul Véronèse représentant un jeune homme richement vêtu d'un manteau de fourrure.
    Fig. 5-1 Paul Véronèse, Portrait d’homme, vers 1555, huile sur toile, 120 × 102 cm, Budapest, musée des Beaux-Arts, nº 4228. Photo © Szépművészeti Múzeum / Museum of Fine Arts, 2023
    Un homme brun, vêtu de noir et d’une somptueux manteau en fourrure d’hermine, se tient tourné de trois quarts vers la gauche du tableau, mais tourne sa tête qui se présente de face. Sa main droite gantée est posée sur sa hanche, tandis qu’il s’appuie de sa main gauche, dégantée, sur la rebord d’une loggia. À droite du tableau, un grand rideau rouge sert d’arrière-plan, tandis qu’à gauche, une vue de paysage s’ouvre sur une construction en ruines qui se dresse sur une colline.

    3cat5_p5L’homme et l’enfant, manifestement un père et son tout jeune fils, se tiennent sur une loggia, ponctuée par un rideau ; au-delà des colonnes, un paysage (venteux ?) d’inspiration vénitienne (fig. 5-1) se distingue19. Chacun des deux personnages fixe le spectateur : Toulongeon relève que cet effet est savant, le peintre « sacrifie à l’effet des yeux tous les autres traits du visage ; ensuite il sacrifie au visage tout le reste, et cela en baissant le ton, mais avec tant de ménagement, que l’on sent d’abord l’effet, et qu’il faut étudier et chercher la cause pour la trouver20 ». Dans ce double portrait exécuté vers ses vingt ans, Van Dyck a mis une grande science, qui frappe d’autant plus que nous sommes avant la période italienne.

    Peinture de Van Dyck montrant un homme assis, Thomas Howard, en habit noir.
    Fig. 5-2 Antoon Van Dyck, Portrait de Thomas Howard, deuxième comte d’Arundel, vers 1620-1621, huile sur toile, 102,6 × 79,7 cm, Los Angeles, The J. Paul Getty Museum, 86.PA.532. Digital image Courtesy of Getty's Open Content Program
    Devant une draperie rouge sombre qui s’ouvre à moitié sur un paysage de campagne à l’arrière-plan, un homme brun qui porte une moustache et un collier de barbe est assis dans un fauteuil rouge. Il porte un habit noir, orné de manches et d’une fraise en dentelles blanches. Il tient de la main droite une lettre ou un document et de la main gauche un ordre de chevalerie.
    Peinture de Van Dyck montrant une femme assise, richement vêtue, sur fond de décor architectural.
    Fig. 5-3 Antoon Van Dyck, Portrait d’Isabella Brant, 1621, huile sur toile, 153 × 120 cm, Washington, National Gallery of Art, 1937.1.47. Photo Courtesy National Gallery of Art, Washington
    Dans l’angle supérieur gauche du tableau, une draperie rouge semble s’entrouvrir pour laisser apparaître Isabella Brant. Cette dame brune richement vêtue est assise dans un fauteuil rouge, tournée de trois quarts vers la droite, mais présente son visage de face. Ses cheveux sont rassemblés en un chignon. Elle porte, sur une chemise d’une blancheur lumineuse, un corsage doré, recouvert à demi par une cape noire, rehaussée de trois chaines d’or. Une fraise et des manchettes en dentelles blanches complètent sa parure. Elle porte aussi une jupe rayée rouge et or. Elle a également un collier de deux rangs de perles et une bague à sa main droite, ramenée sur ses genoux, qui tient une rose. Sa main gauche qui repose sur l’accoudoir du fauteuil tient un éventail de plumes d’autruche noires. Un portique d’architecture baroque crée un somptueux décor palatial pour magnifier ce portrait.

    4cat5_p6Il est, en effet, traditionnel de donner ce tableau à la première période anversoise de Van Dyck21. On sait que le peintre se rendit, depuis Anvers, entre juillet et novembre 1620 en Angleterre ; on ignore assez largement ce qu’il y fit, il est probable qu’il travailla pour le roi Jacques Ier. On sait néanmoins qu’il y peignit un portrait du comte d’Arundel (fig. 5-2), dont on n’a pas assez souligné jusqu’ici la proximité avec notre tableau. Certes, les différences existent, à commencer par le support, le tableau américain étant sur toile ; les points communs sont cependant frappants (dimensions, si l’on prend celles du tableau du Louvre avant agrandissement, mais également composition et cadrage). Par ailleurs, on sait que Van Dyck, au retour d’Angleterre (à compter de février 1621, il resta huit mois à Anvers), livra trois peintures à Rubens, dont un portrait d’Isabella son épouse (fig. 5-3). Comme le note Isaac Bullart : « Il fit une grande quantité de portraits étant encore chez Rubens : entre autres celui de sa femme, que l’on estime l’un des meilleurs qu’il y ait au [sic] Pays-Bas22. » Ce dernier est dans un style qui commence de s’éloigner de celui visible dans notre Portrait d’un homme et de son fils, livrant un possible terminus ante quem pour celui-ci. Le panneau du Louvre pourrait ainsi se situer dans les premiers mois de l’an 1620, juste avant le départ de Van Dyck pour l’Angleterre.

    5cat5_p7Max Rooses, en 1890, faisait état de discussions pour savoir si le Portrait d’un homme et de son fils était de Rubens ou de Van Dyck23. Rooses penchait en faveur de Van Dyck – en cela, le spécialiste rejoignait l’opinion des amateurs du siècle des Lumières. L’attribution à Van Dyck est aujourd’hui universellement acceptée.

    6cat5_p8C’est toutefois l’identité des modèles de ce double portrait qui a suscité d’ambitieuses hypothèses, sans que l’on ait pu encore trancher. Sur la foi d’une inscription (recouverte au xixe siècle selon les catalogues anciens, mais que révèlent les documents du laboratoire24), on a pensé sous l’Ancien Régime qu’il s’agissait du président Jean Richardot et de son fils. Richardot occupait une place considérable dans l’administration habsbourgeoise, il est l’un des éminents diplomates de l’époque : outre son rôle de dirigeant du Conseil privé près les archiducs, il faut citer sa participation à la conférence de Somerset House (1604), qui permit la paix entre l’Angleterre et l’Espagne. La date de mort de Richardot (1609) rend cependant cette flatteuse identification impossible. Nouveauté du xxe siècle, le tableau du Louvre fut rapproché par Gustav Glück d’un autre double portrait, cette fois-ci d’une Femme avec sa fille (Dresde, Gemäldegalerie Alte Meister25) : cet historien, s’appuyant sur un possible nom (donné par les armoiries peintes à senestre) pour le tableau saxon, en déduisait qu’il s’agissait, au Louvre, de Jan Woverius avec son fils. Woverius était un membre du cercle de Juste Lipse et un ami des frères Rubens. L’identification avancée par Glück ne résiste cependant guère à l’examen d’un portrait éprouvé de Woverius, au musée Pouchkine26. Nora De Poorter a cependant maintenu l’idée qu’il s’agit de Woverius, insistant sur la similitude des traits de l’homme du tableau du Louvre avec le Woverius des Quatre philosophes de Rubens (Florence, galerie palatine) – ou bien arguant du fait que les modèles de Paris et Moscou arborent des manteaux de fourrure très proches27. Le dossier reste donc, on le voit, mince. Georges Dansaert, devant la difficulté, proposa naguère astucieusement le cinquième fils du président Richardot, Guillaume (avec l’un de ses propres fils, donc) : Erik Larsen a retenu cette opinion comme probable, mais elle semble rejetée comme hasardeuse par d’autres28. Le nom de la dynastie Richardot reste malgré tout attaché à l’image, comme certains érudits locaux de Franche-Comté ont tenté de le montrer29. En vérité, il semble que le désir de donner un nom à un modèle anonyme l’ait parfois emporté sur la retenue de méthode30. Tant le style que certains éléments fondamentaux de la composition (distance des modèles au plan de la surface peinte, position de l’enfant dans le tableau saxon) rendent impossible que la peinture du Louvre et celle de Dresde soient des pendants31 – ce qui ruine l’hypothèse Woverius. Les modèles du tableau demeurent à ce jour anonymes.

    7cat5_p9Marc René de Voyer d’Argenson, qui posséda le Portrait d’un homme et de son fils au début des années 1750, ne tarit pas d’éloges à son sujet : « […] le tableau est ouvert dans un coin et laisse voir un bout de paysage si savamment fait que, quoiqu’il n’ait peut-être pas coûté à Van Dyck un quart d’heure, on ne craint pas d’avancer qu’il peut servir d’étude et de modèle à tous ceux qui s’appliquent à cette partie de la peinture. » Ce morceau de peinture a pu être rapproché – dans un essai d’établir des repères sur la question du paysage dans la première période anversoise de Van Dyck – du paysage au revers de Cheval andalou32 (collection privée). Le paysage au fond de notre double portrait, de dimensions assez modestes en vérité, ajoute cependant une magnifique respiration à l’image.

    8cat5_p10Plus loin, Voyer d’Argenson note encore : « […] la beauté du coloris, l’élégance et la correction du dessin, la finesse des contours sans en altérer la justesse, la science rare des effets, la connaissance plus rare encore de la distribution de la lumière, et ce que presque aucun peintre n’a connu depuis les Michel-Ange et les Jules Romain qui n’en connaissaient eux-mêmes que le sec, le dur, l’anatomie dans la partie de l’Ostéologie et de la Névrologie. Cet éloge qui sans doute paraîtra outré est à peine suffisant pour ce chef-d’œuvre de la peinture33. » Le xviiie siècle n’est, en effet, pas avare de compliments à l’encontre de notre tableau : le peintre Pierre, en le voyant passer à la vente Gaignat (février 1769), se serait écrié « qu’il faloit briser la pallette [sic] et les pinceaux34 ». Un siècle plus tard, Charles Eastlake se contentera d’un laconique : « A work of high artistic quality, and well worth examination35 », en réalité chaleureux.

    9cat5_p11Notre bibliographie atteste que le panneau suscita, dès l’Ancien Régime (donc avant la Galerie des peintres flamands, hollandais et allemands de Jean-Baptiste Pierre Lebrun), de très nombreux commentaires laudateurs. De manière générale, le Portrait d’un homme et de son fils, arrivé en France (sans que l’on sache comment) dans les dernières années du règne de Louis XIV (c’est l’opposé, du point de vue de la provenance, d’un tableau entré avec le don La Caze de 1869, soit le saint Sébastien de jeunesse, cat. 3), passa dans les cabinets les plus renommés du xviiie siècle. Dès 1754, Jean-Baptiste Descamps signale « chez M. de Gaignat, le Portrait du Président Richardot, Ministre de Philippe II avec son fils36 ». Puis viennent les noms de Randon de Boisset, du comte de Cossé-Brissac (l’ami de madame du Barry), du comte de Vaudreuil, enfin de Louis XVI. Lorsque l’on fait retour sur l’austérité de cette double effigie, on mesure, autant que le prestige de Van Dyck auprès des amateurs français du temps, la grande délicatesse de goût de ces derniers. Le tableau, en effet, rend sensible le lien entre un enfant et son père de manière inoubliable.

    10cat5_p12Comme l’on pouvait s’y attendre, la porcelaine de Sèvres servit de support de diffusion à l’image peinte par Van Dyck : Antoine Béranger, peintre sur porcelaine, copia ainsi l’œuvre pendant la Restauration (Sèvres, Musée national de céramique, MNC 7652) ; elle fut présentée au Salon de 1827 (nº 68, la plaque s. d. 1826). Que l’on ait alors cru que le modèle était un serviteur de la monarchie habsbourgeoise fut peut-être un adjuvant à ce travail37. La jeune Adèle Ferrand fit un dessin d’après le tableau38. On s’étonne davantage de voir sous le pinceau de Géricault le tableau de Van Dyck repris, tronqué, dans une toile où se pressent différentes études d’après les maîtres (Téniers, Gros, Rembrandt…)39. Louis-Philippe commanda, en 1840, à Benjamin Théophile Charon-Lemerillion, une copie pour le musée de Versailles (MV 4160, payé 300 francs). On relève la vente, à Drouot, sous le second Empire, de copies du tableau du Louvre40. Une copie partielle de l’œuvre était chez Bronislav Rylski, à Paris, en 190041. À relever, une copie du seul enfant est signalée dans la collection Cantinelli, à Lyon, en 193242. En 1953, se trouvait, à Bruxelles, une copie (collection Dasnay-Sumeil ?). Une copie, sur toile (41,3 × 35 cm), fut présentée à Salisbury (Rhodésie du Sud), à la Rhodes National Gallery, en juillet 1957. Une copie est signalée, en 1968, en Argentine, collection Ocampo (proviendrait de Prenzlau, Allemagne, achat en 1927). Une copie (en ovale) de la tête de l’enfant est au Musée municipal de Vire. Une copie est passée à Enghien-les-Bains, le 22 avril 1979, lot 53 (toile, 61 × 48 cm) ; une copie à Drouot, étude Ader-Picard-Tajan, le 8 mars 1982, lot 83 (« métal ovale ») ; une copie au château de Liesle (Doubs), en 1984 ; une copie (modeste) au Musée municipal de Saint-Nicolas (Belgique), en 1987 ; une copie au château de Choisey (Jura), en 1991 ; une autre (du xixe siècle ?) chez André-Louis Du Bois, en Belgique, en 200543. À Omaha (Nebraska), au Joslyn Art Museum, enfin, une copie (naïve) signalée, mais vendue par ce musée en mai 197344. On voit que l’enfant, pris seul, séduit les copistes : version signalée à Bordeaux, Me Baratoux-Dubourg, vente du 30 mai 2018, lot 367 (huile sur cuivre, ovale, 14 × 12 cm).

    11cat5_p13Notre tableau a été gravé par Massard père, d’après Naigeon dans Le Musée français45 (1807). L’œuvre figure parmi les estampes dues à Lambert Anton Claessens. Louis de Veyran le reproduit dans son anthologie des chefs-d’œuvre du musée46. En 1899, le peintre et illustrateur australien George Coates, ayant bénéficié d’une bourse pour se rendre en Europe, copia le Van Dyck du Louvre alors qu’il était en formation dans l’atelier de Jean-Paul Laurens entre 1897 et 1900 : sa copie est aujourd’hui à Melbourne, à la National Gallery of Victoria47.

    1. Dossier C2RMF : F5680 ; dossier de restauration : P1051.

    2. Rapport de restauration de Jean-Gabriel Goulinat, novembre 1957 ; Toulongeon, 1802-1808 François Emmanuel Toulongeon [d’Emskerque de Toulongeon], Manuel du Muséum français, avec une description analytique et raisonnée de chaque tableau, indiqué au trait par une gravure à l’eau forte, tous classés par écoles, et par œuvre des grands artistes, Paris, 1802-1808, 9 vol. montre déjà l’œuvre dans ses dimensions actuelles.

    3. Constat d’état du 17 juillet 2007 de N. Le Dantec (doc. C2RMF nº 12 507).

    4. Procès-verbal de la commission de restauration du 28 mars 1957. Le tableau est pris en exemple par Bergeon Langle et Curie, 2009 Ségolène Bergeon Langle et Pierre Curie, Peinture et dessin. Vocabulaire typologique et technique, Paris, 2009, 2 vol. , vol. II, p. 1 050.

    5. Inventaire après décès du duc, 9 avril 1704 (« Inventaire après décès de Louis Marie d’Aumont-Rochebaron, duc d’Aumont, pair de France, premier gentilhomme du roi, gouverneur de la ville et citadelle de Boulogne, dressé dans son hôtel, rue de Jouy, à la requête de Françoise Angélique de La Mothe-Houdancourt, sa veuve, de Louis d’Aumont-Rochebaron, duc d’Aumont, son fils, héritier et créancier de la succession… » : « Item, un homme et un enfant peint sur bois qui est le portrait du président Richardeau [sic], qui est de Vindeche [sic], avec la bordure de bois doré, prisé 600 l », Archives nationales, MC/ET/II/351, cité d’après Rambaud, 1971 Mireille Rambaud, Documents du minutier central concernant l’histoire de l’art, 1700-1750, tome II, Paris, 1971. , p. 786). Le Van Dyck passa à la vacation du 19 avril. Voir Schnapper, 2005 Antoine Schnapper, Curieux du Grand Siècle. Collections et collectionneurs dans la France du xviie siècle. II. Œuvres d’art, Paris, 2005 (1re édition 1994). , p. 387. Sur la vie du duc, voir par exemple Jean-Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, Dictionnaire historique et biographique des généraux français, 1820-1823, 9 vol.

    6. Anne Leclair prépare une publication sur Voyer d’Argenson, laquelle contiendra la transcription du catalogue de sa collection (notre tableau porte le nº 72). Voir Leclair, 2008 Anne Leclair, « Le duc de Choiseul (Nancy, 1719-Paris, 1785) collectionneur. Son entourage et ses réseaux. Archives et documents inédits », Les Cahiers d’histoire de l’art, nº 6, Paris, 2008, p. 62-77. , note 113, p. 77.

    7. L’INV. 127 du Louvre, Portrait d’un homme et d’un enfant avec un globe, par un peintre anonyme du xvie siècle actif en Vénétie (mais attribué alors à Titien), aurait appartenu à Gaignat et figuré, dans la collection de ce dernier, en pendant à notre tableau, selon Dezallier d’Argenville, 1752 Antoine Nicolas Dezallier d’Argenville, Voyage pittoresque de Paris, ou indication de tout ce qu’il y a de plus beau dans cette grande ville en peinture, sculpture et architecture, Paris, 1752 (1re édition 1749). , p. 107 (« M. de Gaignat demeure aussi dans la rue de Richelieu… » annonce la description de la collection, p. 106). Voir Béguin et al., 1964 Sylvie Béguin, André Chastel, Pierre du Colombier, Michel Laclotte, André Linzeler, Paul-Henri Michel, Peter Murray et Jacques Thuillier, Dictionnaire de la peinture italienne, Paris, 1964. , p. 36 ; Habert et al., 2007 Jean Habert, Stéphane Loire, Cécile Scailliérez et Dominique Thiébaut, Catalogue des peintures italiennes du musée du Louvre, Paris, 2007. , p. 117 ; Michel, 2010 Patrick Michel, Peinture et plaisir. Les goûts picturaux des collectionneurs parisiens au xviiie siècle, Rennes, coll. « Art & Société », 2010. , note 161, p. 427. Notez que Gaignat, tout receveur général des consignations (2e chambre des requêtes) qu’il était, avait un goût prononcé pour le portrait : il fut témoin au mariage de Jean-Baptiste Perronneau.

    8. Clément de Ris, 1877 Louis Clément de Ris, Les Amateurs d’autrefois, Paris, 1877. , p. 374 : « Le Portrait du président Richardot, par Van Dyck (nº 45), vendu 9,020 [sic] livres chez Gaignat. Payé 10,000 livres par M. de Cossé-Brissac et 16,000 à la vente Vaudreuil, d’où il passa dans le cabinet du Roi (nº 150, école flamande). » Voir Dacier, 1921 Émile Dacier, Catalogue de la vente de L.-J. Gaignat, Paris, 1921. , nº 16, p. 13 ; voir aussi Michel, 2010 Patrick Michel, Peinture et plaisir. Les goûts picturaux des collectionneurs parisiens au xviiie siècle, Rennes, coll. « Art & Société », 2010. , p. 196.

    9. Voir l’inventaire après décès de M. Randon de Boisset, 18 octobre 1776, Archives nationales, M.C., LXXIV/546, « Dans la Gallerie » : « nº 37 Item un tableau représentant le président Richardot et son fils peint sur bois par Antoine Vandyck [sic] dans sa bordure de bois sculpté et doré prisé la somme de six mille cinq cent [sic] livres. » Une estimation basse est typique d’un inventaire après décès. Voir aussi Michel, 2010 Patrick Michel, Peinture et plaisir. Les goûts picturaux des collectionneurs parisiens au xviiie siècle, Rennes, coll. « Art & Société », 2010. , p. 196 et p. 320.

    10. Lugt, Répertoire Frits Lugt, Répertoire des catalogues de ventes publiques intéressant l’art ou la curiosité, La Haye, 1938-1964 (vol. I-III) ; Paris, 1987 (vol. IV). Voir aussi l’édition du répertoire en ligne. , nº 2652. Voir également l’« Inventaire des papiers de l’émigré Millon d’Ainval », datés « 25 7bre 1777 », Archives nationales, T 1105 (7).

    11. Communication écrite d’Anne Leclair, avril 2008.

    12. Michel, 2010 Patrick Michel, Peinture et plaisir. Les goûts picturaux des collectionneurs parisiens au xviiie siècle, Rennes, coll. « Art & Société », 2010. , p. 62.

    13. La vente Vaudreuil n’est pas une vente après décès ; des difficultés financières forcèrent le comte à se séparer, par l’intermédiaire de Lebrun, de nombre de ses œuvres.

    14. Lugt, Répertoire Frits Lugt, Répertoire des catalogues de ventes publiques intéressant l’art ou la curiosité, La Haye, 1938-1964 (vol. I-III) ; Paris, 1987 (vol. IV). Voir aussi l’édition du répertoire en ligne. , nº 3797 : exemplaire annoté du catalogue de la vente, à La Haye (RKD). Voir Edwards, 1996 JoLynn Edwards, Alexandre Joseph Paillet. Expert et marchand de tableaux à la fin du xviiie siècle, Paris, 1996. , p. 336.

    15. Catalogue Paris, 1785 « Catalogue des tableaux du roi, contenant ceux qui étaient au Luxembourg et qui sont présentement déposés au Louvre et dans deux salles au rez-de-chaussée, et dans un magasin au pavillon neuf, au second étage », Catalogue des tableaux du roi déposés au Louvre, Paris, 1785. , nº 37.

    16. Catalogue Paris, 1793 Catalogue des objets contenus dans la galerie du Muséum français, décrété par la convention nationale, le 27 juillet 1793, l’an second de la République française, Paris, 1793. , nº 140, et Dubreuil, 2002 Marie-Martine Dubreuil, « Le catalogue du Muséum français (Louvre) en 1793. Étude critique », Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français. Année 2001, Paris, 2002, p. 125-165. . Le tableau est apprécié : il est à nouveau présenté en 1796 (Notice Paris, 1796 Notice des tableaux des trois écoles, choisis dans la collection du Muséum des arts, rassemblés au salon d’exposition, pendant les travaux de la galerie, au mois de Prairial an 4, Paris, 1796. , nº 106) comme « Portrait du président Richardot ».

    17. Koenig, 2011 Stéphanie Koenig, « Le Muséum des arts (Louvre) en 1796 : catalogue des peintures exposées », Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français. Année 2010, Paris, 2011, p. 169-189. , p. 180.

    18. Toulongeon, 1802-1808 François Emmanuel Toulongeon [d’Emskerque de Toulongeon], Manuel du Muséum français, avec une description analytique et raisonnée de chaque tableau, indiqué au trait par une gravure à l’eau forte, tous classés par écoles, et par œuvre des grands artistes, Paris, 1802-1808, 9 vol. , vol. 6.

    19. Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , I. 111, note un autre exemple d’un tel paysage chez Van Dyck (Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , I. 102, verso).

    20. Toulongeon, 1802-1808 François Emmanuel Toulongeon [d’Emskerque de Toulongeon], Manuel du Muséum français, avec une description analytique et raisonnée de chaque tableau, indiqué au trait par une gravure à l’eau forte, tous classés par écoles, et par œuvre des grands artistes, Paris, 1802-1808, 9 vol. , vol. 6.

    21. Foucart, 2009 Jacques Foucart, Catalogue des peintures flamandes et hollandaises du musée du Louvre, Paris, 2009. , p. 131, voit large : « vers 1617-1621. »

    22. Bullart, 1682 Isaac Bullart, Académie des sciences et des arts, contenant les vies et les éloges historiques des hommes illustres, qui ont excellé en ces professions depuis environ quatre siècles parmi diverses nations de l’Europe, Amsterdam, 1682. , p. 476. La publication est posthume, Isaac Bullart étant mort en 1672. Né en 1599, c’est un strict contemporain de Van Dyck. Il épousa Anna Francisca de Bruyns, peintre spécialisée dans le portrait, active au service de l’infante Isabelle Claire Eugénie (Van der Stighelen et Westen, 1999 Katlijne Van der Stighelen et Mirjam Westen, À chacun sa grâce. Femmes artistes en Belgique et aux Pays-Bas. 1500-1950 (catalogue d’exposition, Anvers, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen, 1999-2000 ; Arnhem, Museum voor Moderne Kunst, 2000), Bruxelles, 1999. , p. 154-155). De manière générale, c’est un collectionneur bibliophile avide de biographies, et on peut le considérer comme un témoin digne de foi.

    23. Rooses, 1886-1892 Max Rooses, L’Œuvre de P. P. Rubens. Histoire et description de ses tableaux et dessins, Anvers, 1886-1892, 5 vol. , vol. IV, p. 240. Auguste Castan, par exemple, avait publié l’œuvre comme un Rubens (Castan, 1883 Auguste Castan, « Le portrait du président Richardot, au musée du Louvre, restitué à Rubens », Mémoires de la société d’émulation du Doubs, vol. VIII, Besançon, 1883, p. 5-28, et Réunion des sociétés des Beaux-Arts des départements à la Sorbonne, Paris, 1883, p. 126-142. ) – revenant, d’ailleurs, sur ce qu’en disait Lacroix et Marsuzi de Aguirre, 1865 Paul Lacroix et Camille Marsuzi de Aguirre, « Quelques notes sur diverses attributions du catalogue du musée du Louvre », Revue universelle des arts, tome 21, Bruxelles et Paris, 1865, p. 237-250. (se référant à un avis de G. F. Waagen) : « Rubens est indiqué, nº 716, comme l’auteur du portrait du président Richardot ; il faut, d’après M. W., restituer ce tableau à Van Dyck, auquel il était attribué avec raison dans les catalogues des collections Gaignat et Vaudreuil, où il avait figuré avant de venir prendre place au Louvre. M. Villot, nº 150, s’est conformé à l’opinion du savant berlinois ; Descamps et d’Argenville avaient d’ailleurs déjà signalé ce portrait comme étant de Van Dyck. » (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5408658q/texteBrut, consulté le 7 janvier 2022). Jean Cottini avait pu souligner, avec ironie, les revirements du musée quant à l’attribution de notre peinture (Cottini, 1851 Jean Cottini, Examen du musée du Louvre, suivi d’observations sur les expertises en matière de tableaux, Paris, 1851. , p. 22 et suiv.).

    24. Contrairement à ce que note Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , I. 111, aucune inscription n’est « à peine lisible » (« barely legible ») : il n’y a simplement rien d’écrit qui puisse se voir à l’œil nu sur cette peinture ; il faut l’imagerie infrarouge pour distinguer les lettres de l’inscription. Divers auteurs évoquent une ancienne inscription (masquée au xixe siècle) : M. Le Président Richardote [sic] : Demonts, 1922 Louis Demonts, Musée national du Louvre. Catalogue des peintures exposées dans les galeries. III. Écoles flamande, hollandaise, allemande et anglaise, Paris, 1922. , nº 1 985, donne cette lecture ; Villot, 1852 Frédéric Villot, Notice des tableaux exposés dans les galeries du Musée national du Louvre. 2e partie. Écoles allemande, flamande et hollandaise, Paris, 1852. , nº 150, notait déjà : « Cette inscription, recouverte maintenant par un repeint, est peu visible. » Alfred Michiels la croit l’œuvre d’un « faussaire » (comprendre, du marché ?), voir Michiels, 1882 Alfred Michiels, Van Dyck et ses élèves, Paris, 1882 (1re édition 1881). , note 1, p. 264. Cette inscription, en vérité, n’apparaît que de façon ténue sur la photographie infrarouge de l’œuvre, mais est lisible.

    25. Glück, 1931 Gustav Glück, Van Dyck. Des Meisters Gemälde in 571 Abbildungen, Berlin et Stuttgart, coll. « Klassiker der Kunst », 1931. , p. 529 (105 × 76 cm, nº 1023B) ; idée reprise dans Abdul-Hak et al., 1974 Sélim Abdul-Hak, Virgil Cândea, Irina Danilova, Jacques Lavalleye, Franco Renzo Pesenti, Pierre Quarré, Francisco Xavier de Salas Bosch, Albert Schug et Jacques Thuillier, Inventaire illustré d’œuvres démembrées célèbres dans la peinture européenne, Paris, 1974. , p. 84-85. Voir Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , I. 112. Le nom de Cornelis de Vos a pu être prononcé pour cette œuvre par J. S. Gudlaugsson, ce qui éloignerait d’autant l’idée qu’elle forme pendant au tableau du musée (voir le commentaire d’Annaliese Mayer-Meintschel dans Walther, 1992 Angelo Walther (dir.), Gemäldegalerie Dresden. Alte Meister. Katalog der ausgestellten Werke, Leipzig, 1992. , nº 1023B).

    26. No 657. Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , III. 144. Les armoiries sur le tableau de Dresde, d’ailleurs, semblent d’un dessin plutôt sommaire et seraient ultérieures à l’exécution de l’œuvre par Van Dyck.

    27. Toutefois, sur le tableau de la galerie palatine au palais Pitti, c’est Juste Lipse qui porte la fourrure à laquelle semble se référer Nora De Poorter (« Cloaks lined with spotted fur », voir note 25 supra, et plus précisément Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , I. 112).

    28. Larsen, 1988 Erik Larsen, The Paintings of Anthony Van Dyck, Lingen, 1988, 2 vol. , vol. II, nº 54 et 78 ; Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , I. 111. Van Puyvelde penchait en faveur de l’idée de Dansaert (Van Puyvelde, 1963 Leo Van Puyvelde, « Portraits de Guillaume Richardot par Rubens et Van Dyck », in Jean Alazard, Souvenirs et mélanges, Paris, 1963, p. 195-199. ), tout en parlant d’un « deuxième fils » au sujet de Guillaume, alors que Georges Dansaert dit bien « cinquième fils du président et d’Anne de Baillencourt » (Dansaert, 1938 Georges Dansaert, « À propos du portrait dit de Richardot, attribué à Van Dyck, au musée du Louvre », Bulletin des musées de France, Paris, janvier-février 1938, p. 10-12. , p. 12). En 1930, Dansaert donnait le nom de l’enfant : Claude Ier. Ce ne saurait être, à tout le moins, Frans Van de Wouwer, né en 1609, donc trop âgé vers 1620 pour être l’enfant de notre peinture (Vlieghe, 1987 Hans Vlieghe, « Portraits of Identified Sitters Painted in Antwerp », Corpus Rubenianum Ludwig Burchard, vol. XIX (2), Londres et New York, 1987. , nº 159).

    29. Menthon, 1983 Pierre de Menthon, Une famille franc-comtoise. Richardot, Choisey, Menthon, Lons-le-Saunier, 1983. .

    30. Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , I. 112 (le tableau de Dresde), évoque tous les obstacles à l’identification de l’épouse de Woverius… pour finalement écrire « Marie Clarisse and her daughter ? » ; le problème reste entier.

    31. Par ailleurs, notons que le tableau du Louvre, dans aucun des cabinets par où il passa au xviiie siècle, n’eut de pendant donné à la même main.

    32. Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , I. 102, qui évoque le tableau du Louvre, I. 111.

    33. Cité d’après Galard, 2010 Jean Galard (dir.), Promenades au Louvre en compagnie d’écrivains, d’artistes et de critiques d’art, Paris, 2010. , p. 371 (citant lui-même Anne Leclair qui a transcrit ce texte conservé à la bibliothèque universitaire de Poitiers, D 475, section VI).

    34. Lesur et Aaron, 2009 Nicolas Lesur et Olivier Aaron, Jean-Baptiste Marie Pierre, 1714-1789, premier peintre du roi, Paris, 2009. , p. 199.

    35. Eastlake, 1883 Charles L. Eastlake, Notes on the Principal Pictures in the Louvre Gallery at Paris, and in the Brera Gallery at Milan, Boston, 1883. , nº 150, p. 68.

    36. Descamps, 1753-1764 Jean-Baptiste Descamps, La Vie des peintres flamands, allemands et hollandois, avec des portraits gravés en taille-douce, une indication de leurs principaux ouvrages, et des réflexions sur leurs différentes manières, Paris, 1753-1764, 4 tomes. , tome II, p. 23.

    37. Van der Tuin, 1950 Henri Van der Tuin, « Reproduction et imitation de vieux tableaux flamands ou hollandais sur porcelaine de Sèvres (1756-1847) », Oud Holland, vol. 65, Amsterdam, 1950, p. 41-64. , p. 49 et 55.

    38. Greffet-Kendig, 1988 Suzanne Greffet-Kendig, La Vraie Adèle Ferrand. Nancy 1817-Bourbon 1848 (catalogue d’exposition, Saint-Denis, La Réunion, musée Léon-Dierx, 1988), Saint-Denis, 1988. , nº 324.

    39. Bazin, 1987 Germain Bazin, Théodore Géricault. Étude critique, documents et catalogue raisonné, Paris, 1987, 7 vol. et annexes. , vol. II, p. 452.

    40. Vente du peintre Blondel, Paris, 12 décembre 1853 (« Études par M. Blondel d’après divers maîtres », nº 65) ; hôtel Drouot, 9-10 mars 1860 (« Esquisses et copies par M. A. Colin d’après les maîtres des diverses écoles », la copie de notre tableau apparaît au nº 109).

    41. Cust, 1900 Lionel Cust, Anthony Van Dyck. An Historical Study of His Life and Works, Londres, 1900. , nº 26, p. 234, notation reprise par Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , I. 111. Il doit s’agir de la figure de l’enfant (toile, en ovale), passée en vente à Drouot (« Vente Davillier et autres »), 13-15 avril 1905, nº 308, 45 × 36 cm.

    42. Giraud, 1932 Stanislas Giraud, Gustave Ricard. Sa vie et son œuvre (1823-1873), Paris, 1932. , p. 36.

    43. Correspondance à la documentation du département des Peintures, musée du Louvre.

    44. Nº 1947.1, voir Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , I. 111 (qui n’avait pas connaissance de la vente). Communication écrite de Ruby Hagerbaumer, 12 février 2018 (tableau vendu à Robert P. Mills, Omaha).

    45. Visconti et Émeric-David, 1807 Ennio Quirino Visconti et Toussaint Bernard Émeric-David, Le Musée français, recueil complet des tableaux, statues et bas-reliefs, qui composent la collection nationale, vol. III, Paris, 1807.  ; Schneevoogt, 1873 Carl Gottfried Voorhelm Schneevoogt, Catalogue des estampes gravées d’après P. P. Rubens. Avec l’indication des collections où se trouvent les tableaux et les gravures, Haarlem, 1873. , nº 271.

    46. Veyran, 1877 Louis de Veyran, Le Musée du Louvre. Collection de 500 gravures au burin reproduisant les principaux chefs-d’œuvre de la peinture et de la sculpture du musée du Louvre, Paris, 1877. .

    47. Toile, 109,7 × 75,8 cm, 67-2.