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Notes sur l’état de l’œuvre
cat24_p0État actuel moyen ; vernis oxydé.
Historique
cat24_p1Donation Charles Sauvageot, Paris, 1856 ; conservé au château de Montal pendant la Seconde Guerre mondiale ; revenu le 31 janvier 1946.
Bibliographie
cat24_p2Sauzay, 1861 Alexandre Sauzay, Musée impérial du Louvre. Catalogue du musée Sauvageot, Paris, 1861. , nº 1001 ; Guiffrey, 1882 Jules Guiffrey, Antoine Van Dyck. Sa vie et son œuvre, Paris, 1882. , p. 267 ; Glück, 1931 Gustav Glück, Van Dyck. Des Meisters Gemälde in 571 Abbildungen, Berlin et Stuttgart, coll. « Klassiker der Kunst », 1931. , p. 560 ; Brejon de Lavergnée, Foucart et Reynaud, 1979 Arnauld Brejon de Lavergnée, Jacques Foucart et Nicole Reynaud, Catalogue sommaire illustré des peintures du musée du Louvre. I. Écoles flamande et hollandaise, Paris, 1979. , p. 54 ; Millar, 1982 Oliver Millar (dir.), Van Dyck in England (catalogue d’exposition, Londres, National Portrait Gallery, 1982-1983), Londres, 1982. ; Larsen, 1988 Erik Larsen, The Paintings of Anthony Van Dyck, Lingen, 1988, 2 vol. , vol. II, nº 806 ; Brown et Vlieghe, 1999 Christopher Brown et Hans Vlieghe (dir.), Van Dyck 1599-1641 (catalogue d’exposition, Anvers, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, 1999 ; Londres, Royal Academy of Arts, 1999), Londres, 1999. , nº 65 ; Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , IV. 114 ; Foucart, 2009 Jacques Foucart, Catalogue des peintures flamandes et hollandaises du musée du Louvre, Paris, 2009. , p. 134.
1cat24_p3Une copie entrée au musée en 1856 avec la collection Sauvageot, donnée en bloc.
2cat24_p4S’il faut en croire la tradition, Charles Ier d’Angleterre entraperçut pour la première fois sa future reine, la sœur de Louis XIII, Henriette Marie, lors de la répétition d’un masque en février 1624, alors qu’il était en route vers Madrid, accompagné par George Villiers1. Lorsqu’il devint clair, quelques mois plus tard, que l’alliance du prince de Galles et de l’infante Marie-Anne d’Autriche était chimérique, qu’il n’y aurait pas de « spanish match » et que la paix entre l’Espagne et l’Angleterre était plus fragile que jamais, les vœux de Charles se portèrent vers la fille de France.
3cat24_p5Henriette Marie (1609-1669), fille d’Henri IV et Marie de Médicis, épousa Charles d’Angleterre en 1625, à l’âge de quinze ans. Avec Aliénor d’Aquitaine (morte en 1204), elle est l’une des rares princesses nées en France à être devenues « queen consort ».
4cat24_p6Ce portrait de la reine ne donne qu’une idée de la beauté de l’original de 1632 dont il dérive2 (fig. 24-1). Son manque de consistance pourrait laisser croire qu’il est le produit de l’observation (malhabile) d’une gravure (par exemple, celle de Robert Van Voerst, ou celle de Claes Jansz. Visscher le Jeune, toutes deux d’après le double portrait de Van Dyck montrant le roi et la reine), si les couleurs que l’on voit ici ne correspondaient à celles du tableau source3. Des détails indiquent la copie simplifiée (et partielle, puisque nous ne voyons que le buste) : les perles dans les cheveux ont disparu, le laçage du corset est rendu de façon inélégante – sans mentionner les fautes de dessin dans la peinture des épaules4.
5cat24_p7Au moment de son intégration dans les collections du musée sous Napoléon III, cette copie tout de même assez naïve s’était vue attribuée avantageusement à Peter Lely5. Tableau ignoré de Lionel Cust, de Gustav Glück comme d’Oliver Millar, le Portrait de la reine Henriette Marie n’apparaissait déjà pas dans les listes, pourtant fournies, livrées par Jules Guiffrey au xixe siècle6. À dire vrai, ce panneau pourrait tout aussi bien être une copie d’après le tableau de Daniel Mytens l’Ancien montrant Charles et sa reine, et qui se trouvait à Somerset House (fig. 24-2). L’histoire est célèbre : Mytens avait peint en 1630-1632 ce double portrait mais, voyant ce dont Van Dyck à peine arrivé à la cour – au printemps 1632 – était capable (sous la forme du Portrait d’Henriette Marie de France des collections royales), le roi ordonna au Hollandais de reprendre l’effigie de la reine. Le résultat ne plut pas. Van Dyck fut alors chargé d’une nouvelle double effigie (Tchéquie, Kroměříž, château et jardins de l’archevêque7) – et Mytens quitta l’Angleterre en 1634. Il faudrait donc imaginer que notre tableau soit peint d’après une œuvre tombée assez vite en disgrâce, ce qui ne va guère de soi ; la ressemblance (notamment l’exophtalmie de la reine, héritée de ses parents) avec le Mytens est pourtant notable. Rappelons cependant que le Mytens, tel qu’il nous apparaît, est le fruit de changements dus aux pressantes demandes royales, et il est en définitive improbable que l’on ait copié ce tableau que tentait de sauver un artiste humilié8.
6cat24_p8Le panneau du Louvre témoigne, à sa manière, de la faveur rencontrée par l’effigie d’Henriette Marie peinte par Van Dyck en 1632. Le Flamand renouvela complètement la formule du portrait de la reine qui, en Angleterre, était encore sous l’emprise des effigies d’Élisabeth Ire, malgré les efforts accomplis par un Robert Peake l’Ancien pour donner à Anne de Danemark, l’épouse de Jacques Ier, une iconographie à part entière. Le contraste est d’autant plus fort avec l’art des derniers Tudors que les portraits d’Élisabeth présentaient, volontairement, un penchant retardataire, mêlant héraldique et rejet du naturalisme.
Chaney et Wilks, 2014 Edward Chaney et Timothy Wilks, The Jacobean Grand Tour. Early Stuart Travellers in Europe, Londres et New York, 2014. , p. 5, et note 7, p. 248.
Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , IV. 114.
Pour l’estampe de Van Voerst, voir New Hollstein, Van Dyck, 2002 The New Hollstein Dutch & Flemish Etchings, Engravings and Woodcuts, 1450-1700. Anthony Van Dyck, vol. I à VIII, avec un guide du catalogue, compilation par Simon Turner et édition par Carl Depauw, Rotterdam, 2002. , VI, nº 400, qui signale que Visscher a publié, en modifiant la lettre, l’œuvre de l’oncle de Gerard Ter Borch (« copies, b »). Voir aussi Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , IV. 46, pour le double portrait de Charles et Henriette Marie.
Diverses copies de l’effigie de la reine dans cette robe et ces atours existent, par exemple à Londres, à la Dulwich Picture Gallery, DPG426.
« Le chevalier Lely », Sauzay, 1861 Alexandre Sauzay, Musée impérial du Louvre. Catalogue du musée Sauvageot, Paris, 1861. , nº 1 001. Au château de Chantilly se trouve un autre portrait d’Henriette Marie, lui aussi donné à Peter Lely (toile, 49 × 39 cm, PE 135). Lely n’a pas plus de part dans ce dernier tableau qu’il n’en a dans le nôtre. De passage au musée en janvier 1967, Michael Kitson (Londres, Institut Courtauld) évoque prudemment une copie d’après Van Dyck par un peintre anonyme anglais. Parler d’un collaborateur de Van Dyck, par exemple Remee Van Leemput, n’a pas de sens. Signalons, au Puy-en-Velay, au musée Crozatier, une autre copie (meilleure) d’après le tableau des collections royales anglaises, donnée sans raison à Adriaen Van der Werff (panneau, 66 × 50 cm, nº 834.1.3, signalée par Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , IV. 114, et Foucart, 2009 Jacques Foucart, Catalogue des peintures flamandes et hollandaises du musée du Louvre, Paris, 2009. ).
Ni Cust, 1900 Lionel Cust, Anthony Van Dyck. An Historical Study of His Life and Works, Londres, 1900. , p. 265, ni Glück, 1931 Gustav Glück, Van Dyck. Des Meisters Gemälde in 571 Abbildungen, Berlin et Stuttgart, coll. « Klassiker der Kunst », 1931. , p. 560, ne mentionnent le tableau du Louvre ; Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , IV. 46, donne de nombreuses copies d’après Van Dyck, mais pas la nôtre. Voir Guiffrey, 1882 Jules Guiffrey, Antoine Van Dyck. Sa vie et son œuvre, Paris, 1882. , p. 267, où l’auteur catalogue les portraits de la reine.
Toile, 113,5 × 163 cm, KE 2372, O 406 ; voir Brown et Vlieghe, 1999 Christopher Brown et Hans Vlieghe (dir.), Van Dyck 1599-1641 (catalogue d’exposition, Anvers, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, 1999 ; Londres, Royal Academy of Arts, 1999), Londres, 1999. , nº 65 ; Barnes et al., 2004 Susan J. Barnes, Nora De Poorter, Oliver Millar et Horst Vey, Van Dyck. A Complete Catalogue of the Paintings, Londres et New Haven, 2004. , IV. 46. Ce chef-d’œuvre a été vendu lors de la commonwealth sale de 1649 et n’a pas regagné les collections royales anglaises lors de la restauration des Stuarts en 1660, comme d’autres œuvres de la collection de Charles Ier.
Que les changements au tableau de Mytens soient le fait de Van Dyck lui-même ne plaide pas plus en faveur d’une copie d’après le résultat ainsi obtenu (voir le commentaire de Millar, 1982 Oliver Millar (dir.), Van Dyck in England (catalogue d’exposition, Londres, National Portrait Gallery, 1982-1983), Londres, 1982. , nº 8).