• Sommaire
  • Notes
  • Sommaire
  • II Histoire de la collection

    Hélène Le Meaux

    Photographie en noir et blanc montrant une ancienne salle du Louvre exposant des stèles puniques.
    fig. 2-1 La salle des inscriptions puniques du musée du Louvre, photographie datant d’environ 1910. Paris, musée du Louvre, archives du département des Antiquités orientales. Photo © Ministère de la Culture – Médiathèque du patrimoine et de la photographie, dist. GrandPalaisRmn
    Cette photographie ancienne, en noir et blanc, montre une salle du musée du Louvre où sont exposées des stèles puniques. La salle est très voûtée et s’ouvre sur une fenêtre à droite. On distingue un total environ une quarantaine de petites stèles, alignées en rangs serrés sur deux et trois rangées d’étagères fixées au mur. Au premier plan, sur un socle bas, une très grosse pierre portant des traces de motifs gravés est exposée. Aux murs sont fixés les cartels sur lesquels on lit « stèles votives de Carthage ». Les stèles sont sur des socles, sur lesquels on peut distinguer des numéros.

    1essai2_p_0L’histoire de la collection des stèles puniques de Carthage conservées au musée du Louvre est à la fois singulière et plurielle. À travers un panorama général des missions archéologiques et des collections privées dont sont issus ces ex-voto se dessinent, certes, leur histoire moderne – qui pour bon nombre d’entre eux se révèle tourmentée –, mais également les premiers pas de l’archéologie punique que l’on doit aux collectionneurs tunisiens et étrangers, diplomates, philologues, épigraphistes et archéologues. En filigrane, on perçoit également l’intérêt d’un pays pour son patrimoine archéologique et artistique, qui se traduit par la constitution de collections nationales et leur présentation au public dans les musées tunisiens, ainsi que par l’envoi d’œuvres, dont font partie les stèles, dans les expositions universelles, telle celle de Paris, dès 1867. Dans le même temps, en France, des musées parisiens exposent les antiquités de Tunisie : ces présentations au Louvre, à la Bibliothèque nationale, témoignent aujourd’hui pour nous de l’histoire du goût ainsi que de l’état de la connaissance et de la compréhension des œuvres.

    Missions archéologiques et collections

    2essai2_p_1Le noyau principal de la collection des stèles puniques de Carthage du Louvre (fig. 2-1) provient de missions archéologiques et épigraphiques menées par Antoine Héron de Villefosse, Évariste Pricot de Sainte-Marie, Ernest Babelon et Salomon Reinach (fig. 2-2). Les autres stèles ont appartenu à des collections privées, dont celles du comte Maurice d’Irisson d’Hérisson ou encore du commandant Marchant. Contrairement à ce qui a été mentionné dans le livre d’entrée du département des Antiquités orientales dans les années 1970-1980 sous la formule générale « Ancien Fonds inventorié en 1970. Fouilles Delattre au Tophet », aucune stèle de la collection du Louvre ne provient des fouilles du père blanc1 si actif à Carthage à la fin du xixe siècle et au début du xxe.

    Image représentant une double page d’un ancien livre d’inventaire pour les antiquités du Louvre.
    fig. 2-2 Double page du « Livre d’entrée MNB du Département des Antiques du musée du Louvre ». Dans ces pages figurent les stèles de la mission de Sainte-Marie à Carthage envoyées au Louvre en 1874. Pierrefitte, Archives nationales, 20150162/211. Photo © Archives nationales de France
    Cette image représente la double page jaunie d’un grand livre dit « livre d’entrée » du département des Antiques du Louvre : on y voit un grand tableau listant les stèles inventoriées au musée du Louvre. Pour chaque objet sont notés en écriture manuscrite, et disposés en colonnes : la date de l’entrée, le numéro de la prise en charge, la désignation des objets, avec leur matériau, dimensions (hauteur et largeur), provenance (lieu de la découverte, don, acquisition), prix, observations. Une dizaine de stèles sont listées et très brièvement décrites (motifs iconographiques, caractère fragmentaire...) et, pour l’une, l’inscription punique est recopiée.

    3essai2_p_2Reconsidérer chacune de ces missions et chacune de ces collections nous permet aujourd’hui de mieux saisir les provenances des stèles, leur cheminement et les conditions dans lesquelles elles sont arrivées dans la collection du Louvre.

    Les stèles de la mission d’Évariste Pricot de Sainte-Marie : découvertes et envois (1873-1876)

    essai2_h4_0Des estampages et des découvertes

    4essai2_p_3L’exploration archéologique de la Tunisie est confiée de 1874 à 1876 à Évariste Pricot de Sainte-Marie (1843-1899 ; fig. 2-3), diplomate français et premier drogman du consulat général de France, en poste à Tunis depuis le 11 juin 1873. Ses envois à l’Académie des inscriptions et belles-lettres d’estampages d’inscriptions2 découvertes à Carthage, et appartenant à des collections particulières, sont en effet considérés par les épigraphistes français comme un apport majeur à la connaissance de l’épigraphie punique. Parmi ces inscriptions, outre les cent vingt-quatre3 estampages relevés sur les stèles du jardin du palais de La Manouba, Sainte-Marie remarque dix-huit stèles puniques à la chapelle Saint-Louis de Carthage4 et neuf inscriptions puniques appartenant au révérend Fenner, pasteur protestant installé à Tunis, dont il envoie les estampages respectifs en avril et mai 1874.

    Photographie ancienne, en noir et blanc, montrant le portrait en buste d’un homme.
    fig. 2-3 Portrait d’Évariste Pricot de Sainte-Marie, photographie de 1883. Paris, Bibliothèque nationale de France, département Société de géographie, SG PORTRAIT-1127. Photo © Bibliothèque nationale de France
    Cette photographie ancienne, de forme ovale, représente un homme d’une quarantaine d’années, moustachu, de face avec la tête tournée de trois quarts. Ses cheveux bruns sont plaqués en arrière sur sa tête. Il porte un manteau dont le col est croisé sur la poitrine.

    5essai2_p_4Les estampages d’ex-voto appartenant à ces nombreuses collections privées5 sont complétés par ceux des inscriptions puniques découvertes lors des fouilles dirigées par Sainte-Marie en 1874 et 1875, qu’il adresse systématiquement en deux exemplaires à l’Académie6. Cette mission de nature épigraphique et archéologique est accomplie sous le patronage de l’Académie des inscriptions et belles-lettres7, au profit du Corpus Inscriptionum Semiticarum (CIS), par ordre du ministère français de l’Instruction publique et grâce à des fonds publics. Les étapes de la fouille (voir fig. 3-3) – avec des données précises relatives aux dates, aux localisations et aux contextes de découverte –, publiées en 18848 par l’archéologue, permettent de suivre l’évolution de la mission au gré des travaux des champs. Au total, deux mille cent quatre-vingt-dix stèles sont mises au jour en 1874 et 1875 par Sainte-Marie dans le quartier de Dermech, sur une parcelle appelée Feddan el-Behim, comme l’indique le contrat de location du terrain9 (fig. 2-4).

    Image représentant une page d’un livre ancien, avec un texte écrit en arabe et sa traduction en français dans la marge.
    fig. 2-4 Contrat notarié d’autorisation de fouilles accordée à Sainte-Marie rédigé en arabe et traduction en français publié dans Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 40. Photo © 2023 Musée du Louvre, dist. GrandPalaisRmn / archives du département des Antiquités orientales
    Cette page jaunie d’un livre imprimé ancien reproduit un texte rédigé en arabe, surmonté d’un cachet administratif en arabe également. Dans la marge de gauche, tournée d’un quart de tour, figure la traduction en français de ce texte. Il s’agit d’un contrat notarié de location par lequel El Hattab ben el hadj Ahmed el Abidi loue à monsieur de Sainte-Marie, pour la durée d’un an, une parcelle de terrain situé entre la mer et Saint-Louis de Carthage, et pour un montant de soixante-dix piastres. Le document porte la date du 20 septembre 1875.

    essai2_h4_1L’envoi des stèles de Sainte-Marie en France

    6essai2_p_5La collecte des inscriptions est une étape très importante de la mission confiée à Sainte-Marie et, comme il est spécifié par les membres de l’Académie, « si, comme nous l’espérons, les lois de la Régence de Tunis ne s’opposent pas à la sortie des antiquités, M. de Sainte-Marie devra expédier à Paris toutes les pierres portant des inscriptions qu’il trouvera […] ». L’archéologue a d’ailleurs une idée très précise de la destination des antiquités qu’il met au jour10 et qu’il acquiert sur le terrain. Malgré l’intérêt que porte le musée du Louvre aux stèles et autres antiquités de la mission de Sainte-Marie, les négociations avec les institutions françaises se révèlent complexes du fait de difficultés budgétaires11. Pour ces raisons, Sainte-Marie traite également avec le recteur de l’Académie d’Alger12.

    7essai2_p_6Dans un courrier du 18 mai 1874 adressé au ministre de l’Instruction publique, Sainte-Marie annonce que la compagnie de navigation à vapeur Valéry frères et fils se chargera de transporter gratuitement jusqu’à Marseille les diverses pièces d’antiquités et à l’automne suivant, le 21 septembre 1874, le ministère annonce que la division des Sciences et Lettres prend à sa charge, de manière exceptionnelle, le montant des frais de diverses pièces d’antiquités phéniciennes expédiées depuis Tunis et destinées au Louvre. L’arrivée du premier envoi est annoncée par un courrier du 21 octobre 1874 et la caisse entre au Louvre le 23 octobre 1874. Elle renferme vingt stèles puniques mises au jour à Carthage et une des deux inscriptions d’Altiburos acquises par Sainte-Marie. Si cette première caisse d’inscriptions13 est destinée au musée du Louvre, les deux mille cent soixante-dix stèles qu’il découvrira par la suite seront dévolues à la Bibliothèque nationale.

    Image représentant la double page d’un livre ancien ouvert, dont les illustrations centrales montrent des objets archéologiques en noir et blanc.
    fig. 2-5 Double page tirée de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 16-17. Les deux illustrations sont réalisées d’après des photographies de J. André Garrigues et représentent des compositions d’objets archéologiques puniques, grecs et romains parmi lesquels figurent des stèles puniques. Photo © 2023 Musée du Louvre, dist. GrandPalaisRmn / archives du département des Antiquités orientales
    Cette double page jaunie d’un livre imprimé ancien reproduit un texte écrit à la première personne décrivant des opérations de fouilles. En voici un extrait : « Du 22 au 28 novembre, je m’attachai à suivre le mur de gauche et je descendis à neuf mètres de profondeur. Après avoir creusé une nouvelle galerie de deux mètres environ je rencontrai un autre mur s’appuyant également en équerre sur celui que j’avais suivi jusqu’ici (...) Le 28 novembre, au soir, mes ouvriers s’arrêtèrent après avoir trouvé cent trente stèles ou fragments de stèles parmi lesquels je comptai, de suite, cinquante textes complets ». Au milieu de chacune des deux pages figure une gravure de format rectangulaire représentant pêle-mêle des pièces archéologiques puniques, grecques et romaines, essentiellement des portraits, des bustes et des fragments de statues, mais également des stèles puniques.

    8essai2_p_7Sainte-Marie finit par obtenir l’autorisation d’envoyer toutes les stèles mais aucun budget ne lui est attribué. Néanmoins, le 2 septembre 1875, un courrier adressé par le ministère de l’Instruction publique au conservateur du musée du Louvre annonce l’arrivée de deux mille stèles puniques destinées à la Bibliothèque nationale et, pour le Louvre, la statue de l’impératrice Sabine et trois hermès trouvés à Carthage14. Le 5 octobre 187515, Sainte-Marie annonce avoir remis le produit de ses fouilles le 29 septembre à l’amiral Roze, commandant en chef de l’escadre, à bord de son navire amiral le Magenta. La cargaison compte au total quarante-cinq caisses à répartir entre la Bibliothèque nationale (trente-neuf caisses comptant deux mille quatre-vingt-trois inscriptions puniques) et le département des Antiques dans le palais du Louvre (six caisses d’antiquités romaines et grecques). Les planches publiées par Sainte-Marie16 d’après des photographies de J. André Garrigues évoquent la diversité des découvertes et la richesse des envois (fig. 2-5).

    Image représentant la « une » d’un journal ancien.
    fig. 2-6 Le Monde illustré, 13 novembre 1875. Remontée du mât de misaine du Magenta et préparation d’un scaphandrier pour la plongée en vue de repérer et récupérer dans les fonds marins le matériel archéologique embarqué sur le navire. Photo © Groupe de recherche en archéologie navale / Mus
    Cette image montre la page d’un journal, intitulé « Journal hebdomadaire », avec, dans les mentions, la date du 13 novembre 1875. Une grande gravure en noir et blanc porte, en bas, la légende : « Le Magenta. Exploration et sauvetage des épaves. Dessin de monsieur Vierge, d’après le croquis de monsieur Dick, envoyé spécialement ». Sur la gravure, au premier plan, on voit le pont de bois d’un bateau sur lequel s’affairent des hommes, des marins. Un homme est en scaphandre, et un autre scaphandrier est en train de descendre dans la mer. Au deuxième plan, au milieu de l’eau, on voit un navire repêchant l’élément d’une épave, le mât de misaine.

    9essai2_p_8Dans la nuit du 30 au 31 octobre 1875, à la suite d’un incendie, le navire militaire coule dans la rade de Toulon17. Dans les semaines qui suivent, des scaphandriers récupèrent dans l’épave les canons et une partie des objets archéologiques (fig. 2-6). En effet, dans une lettre datée du 20 novembre 1875, l’amiral Roze embarqué à bord du Thétis assure à Sainte-Marie que tout sera tenté pour sauver les œuvres18. Le lieutenant de vaisseau Koenig, attaché en 1875 à la direction du mouvement du port à Toulon, prête son concours à la recherche des antiquités puniques et romaines de Carthage dans la rade de Toulon19. Des lettres du vice-amiral Penhoat20, préfet maritime de Toulon, et du lieutenant de vaisseau Koenig attestent que durant l’hiver 1875-1876 une très grande partie du chargement est récupérée : la majeure partie des stèles, l’inscription du Kef et la statue de Sabine, dont la partie inférieure du visage reste manquante malgré les recherches.

    10essai2_p_9Le nombre des stèles puniques récupérées dans l’épave varie suivant les publications et les courriers. Il semble que sur les plus de deux mille exemplaires, mille quatre cents stèles aient été repêchées entre la fin de 1875 et le début de l’année 1876. Ces ex-voto extraits du Magenta, dans un état plus ou moins fragmentaire, sont alors adressés à la Bibliothèque nationale dont l’administrateur général annonce la réception en février 187621.

    11essai2_p_10Un constat d’état de la collection est alors publié par Philippe Berger (1846-1912), épigraphiste, disciple et collaborateur d’Ernest Renan (1823-1892) pour le CIS :

    12essai2_p_11Sur les 2 088 pierres qui la composaient, 300 environ ont été transformées en chaux ou réduites en morceaux trop petits pour qu’on puisse espérer d’en rien tirer. Nous avons rempli trois caisses de débris qui ne sont bons qu’à être jetés. Un nombre à peu près égal de pierres très mutilées, mais portant des lettres ou des symboles, a dû être, à ce titre, provisoirement conservé. Le restant peut se répartir encore en plusieurs catégories. En effet, le feu n’a pas agi de même sur toutes les pierres. Les unes ont été entièrement calcinées ; elles ont pris une couleur de suie qui permet difficilement de reconnaître les caractères dont elles sont couvertes ; en même temps la pierre est devenue friable et se casse au moindre choc. D’autres ont également été brûlées ; elles sont noires par places ; seulement cette couleur inégale et sale n’a endommagé que la surface de la pierre ; elles sont solides. Sur d’autres en dernier lieu, la flamme n’a laissé qu’une teinte d’un gris uniforme, sur laquelle les creux formés par les lettres ou les images se détachent en noir. Cette teinte donne à la pierre un certain air antique qui n’est pas désagréable. On peut en évaluer le nombre à quatre ou cinq cents. Enfin cent deux pierres, formant un envoi distinct, ont échappé au feu et sont arrivées intactes22.

    13essai2_p_12Après cet accident, dans un courrier daté du 1er mars 1876, Sainte-Marie annonce un dernier envoi de cent deux petites stèles votives23 qui seront d’ailleurs dans un premier temps adressées par erreur au musée du Louvre24 avant d’être déposées au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale.

    14essai2_p_13L’ensemble des informations relatives à l’arrivée à Paris des stèles puniques découvertes par Sainte-Marie à Carthage nous permet d’une part de préciser quelles stèles étaient, dès la fin du xixe siècle, conservées dans les collections du Louvre, avant d’être rejointes dans les années 1950 par les stèles puniques de la Bibliothèque nationale. D’autre part, ces données nous permettent de mieux appréhender le corpus dans son ensemble et de comprendre les différences qui, a priori, pourraient paraître étonnantes entre les estampages reproduits dans le CIS et l’état actuel des stèles.

    essai2_h4_2L’inventaire des stèles de la mission de Sainte-Marie

    15essai2_p_14Les vingt premières stèles puniques de la mission de Sainte-Marie entrées dans les collections du musée du Louvre ont été inventoriées en 1874 dans le livre d’entrée MNB25 du département des Antiques puis dans le registre AO du département des Antiquités orientales, à la fondation de ce dernier en 1881. Les stèles de Sainte-Marie envoyées à la Bibliothèque nationale ne figurent pas dans les registres des dons de cette institution26 ; néanmoins, l’entrée des stèles arrivées de Toulon est signalée dans le registre K des acquisitions 1868-1882 en juillet 1876 et le document intitulé « Inventaire et numérotage des stèles puniques27 » établit, lorsqu’il s’agit de stèles inscrites, la correspondance entre les numéros des stèles puniques de la Bibliothèque nationale (toutes missions confondues) et les numéros du CIS (fig. 2-7).

    Image représentant une page d’un inventaire ancien de la Bibliothèque nationale de France.
    fig. 2-7 « Inventaire et Numérotage des stèles puniques (Ex-voto à Tanit et à Baal-Hammon) conservées au Département des Médailles et Antiques de la Bibliothèque Nationale ». Ce document composé de vingt pages établit la correspondance des stèles puniques des missions de Sainte-Marie et de Babelon et Reinach avec les numéros de la Bibliothèque nationale et, pour les stèles épigraphiées, le numéro du CIS. Paris, Bibliothèque nationale de France, Ms 61. Photo © Bibliothèque nationale de France
    Cette image montre la page jaunie d’un ouvrage manuscrit, portant en haut de page le titre « Inventaire et numérotage des stèles puniques (ex-voto à Tanit et à Baal-Hammon) conservées au département des Médailles et Antiques de la Bibliothèque nationale ». Il est suivi d’une mention intitulée « Observation » indiquant que chaque stèle listée est associée à un numéro du Corpus Inscriptionum Semiticarum dans laquelle elle est reproduite. Suit un tableau à deux colonnes, intitulées « bibl » et « corpus » qui associe chaque numéro B N (Bibliothèque nationale) à un numéro du C I S. (Corpus Inscriptionum Semiticarum) en écriture manuscrite.

    16essai2_p_15Les ex-voto puniques de la Bibliothèque nationale sont par la suite déposés au musée Guimet suivant l’arrêté ministériel du 6 décembre 191328, avant d’être proposés par cette institution au musée du Louvre29. Ils y sont en effet déplacés bien des années plus tard, à la suite du décret de 1945 instituant le musée Guimet comme « département des Arts asiatiques ». Le transfert de l’ensemble des œuvres « hors Asie » a lieu le 27 avril 1950 au profit des différents départements du Louvre. Ce n’est qu’à partir des années 1970 qu’un numéro d’inventaire du Louvre est attribué aux stèles puniques arrivées du musée Guimet. Parmi ces stèles initialement conservées à la Bibliothèque nationale figurent les exemplaires de la mission de Sainte-Marie et d’autres missions. Dans notre catalogue, nous avons autant que possible réattribué chacune des stèles votives à la mission archéologique correspondante. En effet, pour les stèles anépigraphes30, l’attribution est souvent difficile malgré les quelques documents d’archives (fig. 2-8).

    Image représentant le frontispice manuscrit d’un cahier.
    fig. 2-8 « C.I.S. Stèles anépigraphes de diverses collections ». Cahier conservé au cabinet du Corpus Inscriptionum Semiticarum, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres. Photo © Cabinet du CIS, Académie des inscriptions et belles-lettres, Paris
    Cette image montre la page jaunie d’un grand cahier portant ces inscriptions manuscrites, centrées sur la page comme une page de titre : « C I S. Stèles anépigraphes de diverses collections dont les estampages se trouvent, ou doivent se trouver, au Cabinet du Corpus. » Plus bas, une note disant : « Il y a une collection d’estampages de Sainte-Marie à la Bibliothèque de l’Institut ». En bas à gauche, un cachet de forme circulaire de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

    17essai2_p_16Émanant de la mission de Sainte-Marie, s’ajoute à ces œuvres un ensemble de stèles arrivées au Louvre à la fin des années 1990. Plus d’un siècle après l’incendie du Magenta, Serge Lancel (1928-2005) et Jean-Pierre Laporte s’associent pour reprendre les recherches dans la rade de Toulon31. Le département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm) confie alors au Groupe de recherche en archéologie navale (GRAN), dirigé par le commandant Max Guérout32, le soin de localiser l’épave et la tâche de retrouver les antiquités embarquées par Sainte-Marie qui n’avaient pas été sauvées en 1876. Entre 1994 et 1998, les fouilles du Magenta dans le port de Toulon permettent de remonter soixante-quinze fragments de stèles33, sur les quelque sept cents stèles encore immergées. Une fois dessalées, ces stèles fragmentaires arrivent au musée du Louvre où elles sont inventoriées34. Les livres d’entrée du musée du Louvre dessinent donc en filigrane pour les stèles de la mission de Sainte-Marie une histoire complexe en plusieurs étapes qui s’échelonnent sur un peu plus d’un siècle35.

    18essai2_p_17Si le noyau principal des stèles puniques de Carthage aujourd’hui conservées au Louvre provient de la mission de Sainte-Marie, certains ex-voto n’ont fort heureusement pas connu les mêmes vicissitudes. Dans ce fonds coexistent les stèles de la mission de Salomon Reinach et Ernest Babelon en 1883-1884 à Carthage (initialement conservées à la Bibliothèque nationale) et celles de la collection du comte d’Hérisson associées de manière plus ou moins pertinente à sa mission archéologique à Utique en 1885. Mais précédemment et avant même l’envoi des vingt stèles par Sainte-Marie en 1874, une autre série de stèles puniques étaient entrées dans la collection du Louvre par l’intermédiaire d’Antoine Héron de Villefosse.

    Les stèles de la mission d’Antoine Héron de Villefosse (1873)

    19essai2_p_18En 1873, le ministère de l’Instruction publique confie à Antoine Héron de Villefosse (1845-1919) (fig. 2-9), responsable de la sculpture grecque et romaine au département des Antiques du Louvre et spécialiste reconnu d’épigraphie latine, la charge de relever des inscriptions récemment découvertes dans la province de Constantine36. Le conservateur découvre la collection du palais de La Manouba à Tunis en même temps que Sainte-Marie qui lui laisse le soin de s’occuper des inscriptions romaines. Héron de Villefosse envoie la copie de quelques inscriptions puniques en France et au moins sept estampages de stèles anépigraphes37.

    Gravure d’un homme en buste d’âge mur.
    fig. 2-9 Portrait d’Antoine Héron de Villefosse en 1876, gravure d’après un cliché d’Eugène Pirou. Saint-Germain-en-Laye, musée d’Archéologie nationale, centre des archives. Photo © MAN / Valorie Gô
    Cette gravure, sur fond papier légèrement jauni, représente un homme en buste, d’âge mur, moustachus et aux cheveux très courts et blanchis. Le col de son manteau est croisé sur sa poitrine.

    20essai2_p_19Cette collecte épigraphique s’accompagne de l’acquisition d’un certain nombre d’antiquités, pour la plupart d’époque romaine, mais au milieu des œuvres rapportées par Héron de Villefosse figurent quelques stèles puniques38 dont il fait don au Louvre en 1874 ; elles sont enregistrées dans un premier temps dans le livre d’entrée MNB du département des Antiques et recevront ensuite un numéro dans l’inventaire AO. Parmi ces stèles figurent deux exemplaires ayant appartenu à la collection de l’ingénieur français A. Gouvet (Cat.1242 et Cat.1243)39.

    21essai2_p_20Sainte-Marie connaît certaines de ces stèles et souligne40 que « la stèle la plus riche en ornements a été découverte à Carthage par M. Beulé ; elle été rapportée au musée du Louvre par M. de Villefosse. Elle a été évidemment inspirée par l’art grec ». Il s’agit de la stèle fragmentaire inventoriée MNB 772 = Ma 1845 aujourd’hui conservée au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, de nature différente des ex-voto puniques dédiés à Tanit et Baal Hammon et qui présentent effectivement une combinaison d’ornements puniques et grecs.

    Les stèles de la mission de Salomon Reinach et Ernest Babelon (1883-1884)

    22essai2_p_21De formation classique, Salomon Reinach41 (1858-1932 ; fig. 2-10) s’oriente vers l’Afrique du Nord entre 1883 et 1885 puisqu’il est nommé secrétaire de la Commission archéologique de Tunisie, avec le soutien de l’ambassadeur Charles-Joseph Tissot, lequel met à contribution son protégé pour achever une publication sur l’Afrique romaine. Accompagné d’Ernest Babelon42 (1854-1924 ; fig. 2-11), il effectue des fouilles sur le site de Carthage, sur les terrains de la plaine située entre Byrsa et les ports acquis par le cardinal Lavigerie43. Au cours des années 1883-1884, les deux archéologues exhument neuf cent quinze objets. Sur le lieu-dit Feddan el-Behim, cinq cent quatre-vingt-trois stèles44 sont mises au jour, dont trois cent trente présentent une inscription publiée dans le CIS. Les stèles anépigraphes restent pour la plupart d’entre elles inédites malgré l’intérêt de certains décors relevés par les deux inventeurs45. Dans le cadre de cette mission, Babelon copie également vingt-trois stèles puniques faisant partie de la collection du musée Saint-Louis à Carthage, ainsi que treize stèles épigraphiées et neuf stèles anépigraphes conservées dans le vestibule du palais de Mustapha ben Ismaïl46. Malgré leur grand nombre et l’intérêt de certaines d’entre elles, peu de stèles puniques figurent dans Carthage. Guide en Algérie et en Tunisie à l’usage des touristes et des archéologues, publié par Babelon en 1896.

    Photographie ancienne, en noir et blanc, montrant le portrait à mi-corps d’un homme de profil.
    fig. 2-10 Portrait de Salomon Reinach, jeune, accoudé sur le large balcon en terrasse du château de Saint-Germain-en-Laye. Saint-Germain-en-Laye, musée d’Archéologie nationale, Doc.phot.2005.107. Photo © GrandPalaisRmn (musée d'Archéologie nationale) / Loïc Hamon
    Cette photographie ancienne représente un homme à mi-corps, de profil, brun, aux cheveux courts, moustache et barbe courte. Il porte un manteau noir. Il s’accoude sur le rebord d’une architecture en pierre de taille, dont le mur constitue le fond de la photographie.
    Photographie ancienne, en noir et blanc, montrant le portrait à mi-corps d’un homme d’âge mur en uniforme d’académicien.
    fig. 2-11 Portrait d’Ernest Babelon, photographie datant d’environ 1900 (atelier Nadar). Paris, Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, NA-238 (48)-FT 4. Photo © Bibliothèque nationale de France
    Cette photographie ancienne représente un homme en buste, d’âge mur, cheveux blancs et courts, moustache et barbiche. Il est en costume d’académicien (veste brodée de feuillages), chemise blanche, et arbore la croix de la Légion d’honneur en collier.

    23essai2_p_22Reinach était particulièrement attentif aux nouvelles technologies et notamment à la photographie47. L’archéologue fait l’expérience, au cours de ses campagnes de fouilles en Tunisie, d’un procédé nouveau mis au point par George Balgany (1837-1919) : l’utilisation d’un « papier porte-pellicule » destiné à remplacer les plaques de verre. Une partie de ces photographies sont conservées à l’INHA48 et sur l’un des clichés figurent des stèles puniques anépigraphes qui proviennent non pas de Carthage mais de Sousse (fig. 2-12).

    Photographie ancienne, en noir et blanc, montrant deux rangées stèles alignées le long d’un muret et posées sur lui.
    fig. 2-12 Photographie de stèles puniques mises au jour lors de fouilles du tophet d’Hadrumète (Sousse) en 1883-1884 par Ernest Babelon et Salomon Reinach. Paris, Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, collections Jacques Doucet, 8 Phot 1. Photo © Institut national d'histoire de l’art
    Cette photographie ancienne prise en extérieur, très jaunie, montre deux rangées superposées de stèles puniques, chaque rangée étant posée sur un muret. Il y a cinq stèles sur la rangée du haut, avec quelques objets divers sur la gauche, et huit stèles sur la rangée du bas. La photographie est entourée d’un large cadre noir où figure, en lettres jaunes, en bas, la mention « Mission archéologique en Tunisie de messieurs Babelon et S Reinach, 1883-1884 ». Sur la photographie, en bas, au centre, figure un cachet sous la forme d’un D de couleur rouge entouré d’un ovale de même couleur.

    24essai2_p_23Les objets recueillis dans le cadre de cette mission archéologique à Carthage sont alors répartis entre le Louvre et la Bibliothèque nationale et, selon les souhaits du cardinal Lavigerie, une partie des stèles puniques exhumées dans la tranchée de Feddan el-Behim sont données au musée Saint-Louis. Elles y sont encastrées dans les murs autour de la chapelle49. Aucune stèle punique50 de cette mission n’est envoyée au musée du Louvre à la fin du xixe siècle ; elles rejoignent le palais en 1950 après leur dépôt au musée Guimet en 1913 (voir, en annexes, Tables de concordance, Babelon et Reinach).

    25essai2_p_24En dépit de la publication de 1886 et des archives manuscrites et photographiques relatives à cette mission, l’identification des deux cent cinquante-trois stèles anépigraphes n’est pas aisée. Les fiches de Babelon et Reinach51 ne sont pas toutes illustrées, ce qui rend difficiles, voire impossibles pour nombre d’entre elles, à la fois leur identification et l’établissement de la correspondance avec le corpus des stèles qui se trouve aujourd’hui au Louvre et au musée national de Carthage, tout comme, par conséquent, la distinction d’avec les stèles anépigraphes des fouilles de Sainte-Marie (voir, en annexes, Tables de concordance, Sainte-Marie ou Babelon et Reinach). On se consolera en se souvenant que toutes ces stèles proviennent de la même tranchée.

    Les stèles de la collection du comte d’Irisson d’Hérisson (1881)

    26essai2_p_25Maurice d’Irisson d’Hérisson (1839-1893 ; fig. 2-13), ancien officier ayant beaucoup voyagé, avant tout homme d’entregent, participe à une expédition « archéologique » sur le site d’Utique, l’une des premières cités fondées par les Phéniciens en Méditerranée occidentale, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Carthage. Les résultats de cette mission sont publiés dès 188152. La Société des fouilles d’Utique53 avance les fonds nécessaires à ses recherches, dont le produit est destiné à être vendu. Pour assurer une publicité suffisante à ses trouvailles avant leur mise en vente, Hérisson organise en octobre 1881 une exposition dans plusieurs salles du palais du Louvre prêtées par le ministère des Travaux publics. Parmi ses nombreuses découvertes, Hérisson dit avoir recueilli plus de quatre-vingts stèles phéniciennes54 (fig. 2-14).

    Photographie ancienne, en noir et blanc, montrant le portrait à mi-corps d’un homme en uniforme d’officier.
    fig. 2-13 Portrait du comte d’Hérisson, photographie datant d’environ 1870-1890 (atelier Nadar). Paris, Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, FT 4-NA-238 (5). Photo © Bibliothèque nationale de France
    Cette photographie ancienne représente un homme de face en buste, portant les cheveux plaqués en arrière sur le crâne, et la moustache. Il est en uniforme d’officier, avec épaulettes et nombreuses décorations sur la poitrine.

    27essai2_p_26Or la provenance d’Utique est rapidement revue par Philippe Berger55 qui, grâce à sa connaissance des estampages que Sainte-Marie avait envoyés à l’Académie, constate que les stèles puniques prétendument trouvées à Utique dans le cadre de cette mission avaient déjà été vues par d’autres voyageurs, en particulier par l’épigraphiste et archéologue allemand le baron Henri de Maltzan en 1869, au palais de La Manouba56. Face au tollé général, Hérisson et les membres de la société des fouilles d’Utique décident d’offrir les objets recueillis au musée du Louvre.

    Image représentant une page d’un ouvrage ancien, avec le dessin d’une stèle inscrite au centre.
    fig. 2-14 Relation d’une mission archéologique en Tunisie, par le comte d’Hérisson, Paris, 1881, p. 209. Cette stèle numérotée « VIII » correspond à une stèle de la collection de La Manouba (Cat.1292). Photo © Bibliothèque nationale de France
    Cette page jaunie d’un ouvrage ancien comporte le texte suivant : « Légèrement mutilée, mais très facile à restituer. Au bas, Aden-Lob et le sceptre de Palek ; en haut, la paume d’un dextrochère (kapa), signe d’expiation. Elle commence par le nom d’Aden-Lob et doit provenir du temple de cette divinité. A Aden, la Lybienne allaitant Hamon, à Rabat Tanit face de Bal ». Au centre de cette page figure le dessin au trait d’une stèle punique avec le relevé de son iconographie. Au centre du fronton se dresse une main paume ouverte ; au centre de la stèle se développe une inscription en caractères puniques composée de 4 lignes, et en bas, sous la dédicace, sont dessinés deux signes : un signe de Tanit qui se compose d’un corps en forme de triangle, sommet vers le haut, surmonté d’une barre horizontale sur laquelle est posée un petit cercle au centre ; à droite un caducée composé d’une hampe verticale avec une bandelette rectiligne de chaque côté, surmontée d’un entrelacs schématisé sous la forme de deux cercles superposés.

    28essai2_p_27Une liste de ce que souhaitait obtenir le département des Antiquités grecques et romaines est alors établie et une partie des objets sont attribués au département des Antiquités orientales, tout nouvellement créé. Les objets acquis par le Louvre entrent dans les collections en 188257 sous l’appellation « Mission du comte d’Hérisson, don de la société dite des fouilles d’Utique » (voir, en annexes, Tables de concordance, Hérisson).

    29essai2_p_28Aux stèles puniques votives, il convient d’ajouter les huit stèles anépigraphes de nature funéraire58. Outre les stèles, cette collection comptait des lampes, des poteries, un masque grimaçant, des inscriptions funéraires latines, chrétiennes et païennes, des dédicaces romaines, une dédicace bilingue en grec et latin, d’époque byzantine.

    30essai2_p_29Les stèles puniques qui sont conservées au Louvre et qui forment le « lot d’Hérisson » proviennent donc d’anciennes collections tunisiennes et Berger résume la situation avec beaucoup de délicatesse :

    31essai2_p_30Je suis loin d’accuser M. d’Hérisson d’une imposture dont personne certainement ne sera plus désolé que lui. Ces ex-voto, qui pullulent à Carthage, se déplacent si facilement, et la collection du bey de Tunis, en particulier, a été livrée à un gaspillage si effréné, qu’il est difficile de ne jamais se laisser tromper par les indigènes. Les indigènes croient toujours qu’ils ont intérêt à dissimuler la provenance réelle des objets qu’ils veulent vendre. Aussi M. d’Hérisson sera-t-il certainement heureux d’apprendre que les deux inscriptions qui précèdent viennent, non pas d’Utique, mais de Carthage59.

    32essai2_p_31La collection du bey à laquelle Berger fait référence est celle de Mohamed Sadok, qui fut bey de Tunis et possédait des antiquités dans son verger de La Manouba.

    Les stèles du palais de La Manouba

    33essai2_p_32La Manouba est une ville localisée à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Tunis ; elle abrite au milieu de vergers un ensemble de palais et de demeures, dont les résidences d’été des beys de Tunis.

    34essai2_p_33D’après les différentes publications et les archives, un certain nombre de stèles puniques ont été vues et estampées à La Manouba. Or il n’est pas toujours facile de savoir à quelles collections elles appartenaient initialement. Il existe en effet dans cette ville plusieurs propriétés abritant des collections d’antiquités. Les collections de Mohamed Sadok Bey (1813-1882), de Mohamed Khaznadar (1810-1889) et de Kheireddine Pacha (1822 ou 1823 – 1890) sont étroitement liées les unes aux autres, comme le sont leurs propriétaires.

    35essai2_p_34Mohamed Sadok Bey, bey de Tunis de 1859 jusqu’à sa mort en 1882, est particulièrement favorable aux explorations archéologiques et se montre très accueillant envers les chercheurs étrangers ; il accorde les autorisations de fouilles et permet aux fouilleurs de s’approprier la quasi-totalité des découvertes. Ses exigences se limitent à réclamer la remise immédiate de toute découverte de métal précieux et à l’obligation pour les fouilleurs de s’entendre avec les propriétaires des terrains à propos des dommages causés aux cultures60. Dans son verger de La Manouba, le bey possédait des pièces d’antiquités pour lesquelles, quelques mois après sa nomination, son nouveau Premier ministre Kheireddine, qui prend la place de Mustapha Khaznadar, demande un inventaire.

    36essai2_p_35Grâce à son père, le puissant ministre Mustapha Khaznadar (1817-1878), en poste de 1837 à 1873, Mohamed Khaznadar avait obtenu du bey le monopole de l’exploitation des antiquités en Tunisie. À partir de la fin des années 1850 ou du début des années 1860, il entreprend des dégagements et des collectes de vestiges archéologiques dans différentes régions du pays, obligeant les étrangers qui réalisent des fouilles à lui laisser une quote-part de ce qu’ils trouvent. Le produit de ce monopole est amassé dans les jardins, dits « vergers », de son palais situé à La Manouba. Les antiquités de cette collection proviennent de toute la Tunisie et surtout de Carthage. Parmi ces biens figurent des stèles puniques dont certaines avaient été publiées61. Quand Sainte-Marie relève les estampages, la collection de La Manouba se compose de cent vingt-quatre inscriptions puniques ; les stèles ont été découvertes à différentes époques à Carthage, dans les environs des grandes citernes du bord de mer62, à proximité du port militaire, dans des fouilles isolées ou encore dans des déblais de travaux. Les cent vingt-quatre stèles estampées par Sainte-Marie représentent à peine la moitié de celles qui avaient été trouvées initialement. En effet, un bon nombre de ces ex-voto avaient été expédiés à l’Exposition universelle de Vienne en 187363 et n’en étaient pas revenus. Les stèles de cette collection ont également rejoint le pavillon du bey lors de l’Exposition universelle de 1867 à Paris64. Les jardins du palais de La Manouba deviennent à la fois un véritable musée privé et un point de vente d’objets archéologiques pour les étrangers de passage qui font alors des acquisitions pour leurs propres collections ou pour des musées65. La nomination de Kheireddine au poste de Premier ministre est suivie de la confiscation des biens de Mustapha Khaznadar, dont le fils perd par la même occasion la collection d’antiquités, laquelle revient à l’État tunisien. Cette collection est mise sous séquestre à la fin de l’année 1873 et au début de 187466.

    37essai2_p_36Enfin, la troisième collection privée présente à La Manouba est celle du général Kheireddine Pacha, Premier ministre de Mohamed Sadok de 1873 à 1877. Plusieurs années avant que le général ait ordonné la collecte des antiquités par les caïds (gouverneurs de régions) de la Régence de Tunis, sa collection personnelle constituée dans les années 1860 regroupait des objets de même nature que celle des biens de la collection de Mohamed Khaznadar67. Son engouement personnel pour les antiquités évolue vers des préoccupations étatiques puisque, en février 1876, le Premier ministre décide de créer un musée archéologique à Tunis. Par cet établissement, le grand réformateur tunisien veut montrer aux visiteurs étrangers les richesses archéologiques du pays et faire connaître aux jeunes Tunisiens des objets appartenant à différentes régions et civilisations du pays. La grande mobilisation des autorités officielles régionales et l’empressement dont elles font preuve pour répondre à la sollicitation du Premier ministre en disent long sur l’importance du projet. Des réserves archéologiques sont constituées dans les environs immédiats du palais du gouvernement, à proximité de la kasbah de Tunis. Elles regroupent d’abord ce qui avait été confisqué à Mohamed Khaznadar, à quoi s’ajoute le produit des ramassages et des fouilles entreprises par certains caïds. C’est dans ce dépôt de Tunis que les antiquités réunies par Kheireddine sont vues en 1879-1881 par le père Alfred-Louis Delattre (1850-1932) et au début de l’année 1881 par le comte d’Hérisson qui en acquiert quelques-unes. Après presque quatre années de travail, le projet de Kheireddine Pacha, important et résolument moderniste, est abandonné.

    38essai2_p_37À ces trois collections privées présentes dans les palais de La Manouba, il convient d’ajouter la collection de Mustapha ben Ismaïl, qui exerce les fonctions de Premier ministre de 1878 à 1881. Dans le vestibule de son palais situé à Carthage, près des chantiers de fouilles de Sainte-Marie et de Babelon et Reinach, vingt-deux stèles ont été copiées par Babelon ; elles ont été découvertes au cours de la construction du palais68. Parmi les dessins du Journal de fouilles du conservateur du Cabinet des médailles, on trouve une stèle dont le fronton est orné d’une œnochoé (no 4, Cat.1360) et une stèle décorée d’une « idole-bouteille » (no 12, Cat.1369). Ces deux ex-voto anépigraphes69 sont ensuite acquis par le commandant Marchant.

    Les stèles de la collection Marchant

    39essai2_p_38Le commandant Marchant ( ?-1901), ancien chef d’escadron au 2e régiment de spahis fixé en Tunisie, offre au Louvre en 1888 sa collection d’antiquités, parmi lesquelles figurent des stèles puniques70. Le comité tunisien exprime le désir de voir ces objets archéologiques figurer dans son pavillon de l’Exposition universelle de 1889. Au moment de son entrée définitive au Louvre en décembre 1891, la collection se compose de deux cent vingt objets divers et de trente-quatre stèles puniques (voir, en annexes, Tables de concordance, Marchant). Or en mars 1887, date à laquelle elles sont estampées par Joseph Letaille, chargé de missions archéologiques et épigraphiques, la collection Marchant comprend cinquante-deux stèles. Ces estampages adressés à Renan sont présentés à la séance de l’Académie du 17 juin 188771. Après la mort du commandant en 1901, son fils Djilani Marchant fait don au musée du Bardo de seize stèles qui n’avaient pas été expédiées à Paris72 ; deux des stèles de la collection ne sont pas localisées73.

    40essai2_p_39Si le plus grand nombre des stèles de la collection Marchant vient de fouilles réalisées à Carthage dans le dernier quart du xixe siècle, quelques-unes cependant appartiennent à des collections plus anciennes. C’est le cas de six des stèles entrées au musée du Louvre : quatre stèles épigraphiées qui, à l’origine, appartenaient à la collection de Charles Tulin74 (1835-1899), consul de Suède à Tunis, et qui avaient été estampées par Julius Euting (1839-1913) et par Sainte-Marie en 1874 ; ainsi que deux stèles anépigraphes qui, selon Jean-Baptiste Chabot (1860-1948), « proviennent sûrement de la collection jadis réunie au palais de La Manouba75 », et qui avaient été estampées en 1872 par Héron de Villefosse et copiées par Babelon dans le palais de Mustapha ben Ismaïl à Carthage.

    41essai2_p_40Parmi les stèles de la collection Marchant figurent deux autres exemplaires anépigraphes76 très importants du point de vue de l’iconographie puisqu’ils représentent des scènes religieuses. La provenance de la première de ces pièces77 (Cat.1343) pose question. Dans un courrier du 2 janvier 1885, le père Delattre signale cette stèle à Berger et lui adresse un croquis sommaire qui a été reproduit dans le CIS78. Cette stèle aurait été proposée à Delattre vers 1880 par un Arabe qui en demandait un prix exorbitant. Depuis lors, cette stèle avait disparu de la circulation. La seconde, qui correspond à la stèle no 26 de la collection Marchant (Cat.1368), est également très intéressante et unique sur le plan iconographique puisqu’elle représente probablement une scène de banquet ou d’offrandes de nature cultuelle ou funéraire.

    42essai2_p_41L’ensemble de cette collection privée présente un intérêt particulier, notamment en ce qui concerne l’iconographie. Scènes historiées uniques, animaux rarement attestés sur ces ex-voto tels que le lapin, qualité d’exécution caractérisent ce corpus qui était présenté dans les salles du Louvre à côté des stèles puniques des autres missions, dans la salle des inscriptions puniques, à partir de 1892.

    43essai2_p_42Il n’est pas toujours aussi aisé que pour la collection Marchant de retrouver les noms de certains détenteurs précédents. C’est le cas de la stèle décorée d’un signe de Tanit en léger relief (Cat.1379) dont l’origine reste inconnue même si elle a été inventoriée en arrivant au Louvre dans la série des stèles de la mission Hérisson. C’est également le cas de la stèle anépigraphe (Cat.1380) décorée de manière tout à fait singulière d’un motif phytomorphe et inventoriée au musée dans la série des stèles de la collection Marchant sans que l’on puisse formellement l’y rattacher.

    44essai2_p_43Il est indéniable que les archéologues actifs sur le terrain étaient en contact avec les collectionneurs79 et les vendeurs, comme en témoignent la stèle achetée par Sainte-Marie en 1874 ayant appartenu au gardien de la chapelle Saint-Louis à Carthage, un certain M. de Touzon80 (Cat.1382), ou encore la stèle acquise par Salomon Reinach (Cat.1381) quelques années plus tard dans le souk de Tunis. De l’ancienne collection de M. de Touzon figure aussi au Louvre une stèle décorée de signes astraux dédiée par Bodmilqart (Cat.1242) qui a également appartenu à l’ingénieur français A. Gouvet, lui-même précédent propriétaire de la stèle dédiée par Bodʿashtart (Cat.1243) donnée au Louvre par Héron de Villefosse. Grâce au CIS, nous avons pu retrouver que la stèle décorée d’un gouvernail dédiée par Mouttoun (Cat.1383) avait appartenu à Edmond Le Blant, directeur de l’École française de Rome de 1882 à 1888, dont le correspondant en Tunisie était le père Delattre.

    45essai2_p_44Ces diverses collections reflètent la circulation des stèles sur le marché de l’art en cette fin du xixe siècle et l’attrait que ces ex-voto puniques exerçaient sur les collectionneurs.

    Muséographie et exposition

    46essai2_p_45La prise de conscience de l’intérêt de ce patrimoine archéologique et artistique se reflète dans les actions menées sur le terrain et à travers la diffusion des connaissances. À ce titre, les expositions universelles81 constituent une extraordinaire vitrine technologique, industrielle et artistique, ouverte sur le monde entier. Les pays d’Afrique du Nord y sont représentés, dans des pavillons en lien direct avec un pays ou bien associés à des thématiques transversales et techniques, les témoignages de l’Antiquité coexistant avec ceux de l’époque contemporaine. Parallèlement à ces expositions ponctuelles proposées par le pays d’origine que l’on pourrait qualifier de démonstratives, les collections d’Afrique du Nord et en particulier puniques trouvent leur place dans les musées européens. En dehors de la Tunisie, la première collection de stèles puniques de Carthage est celle du British Museum, à Londres, qui accueille en 1850 et 1858 le produit des fouilles et les achats du révérend Nathan Davis82.

    Les expositions universelles

    47essai2_p_46Dans le cadre des expositions universelles, la sélection et la présentation des œuvres se fait en général sous la direction de personnalités du monde des musées et d’épigraphistes, en lien avec l’actualité archéologique et avec les collectionneurs.

    48essai2_p_47Entre le 1er avril et le 31 octobre 1867, conformément à la volonté de l’empereur Napoléon III, la France organise sa deuxième Exposition universelle. Dans le pavillon du bey construit par l’architecte Alfred Chapon, la façade étant la reproduction très exacte du palais du Bardo à Tunis, l’une des galeries est « consacrée à un musée d’une valeur extrêmement rare, musée installé en ce moment dans la galerie tunisienne du palais intérieur de l’Exposition et dont le classement est dirigé par notre savant compatriote, M. de Longpérier. Les antiquités de la Carthage romaine et phénicienne envoyées par le prince Mohammed [sic], fils aîné du Premier ministre Sidi Khaznadar, y seront installées avec le plus grand soin. Jamais une pareille exhibition n’aura été faite, et ce sera une occasion unique d’étudier les procédés anciens qui ne nous sont encore que très imparfaitement connus83 ». Certaines œuvres exposées dans le pavillon de la Régence appartiennent également à la collection du général Kheireddine84.

    49essai2_p_48Il s’agit de la première présentation de stèles puniques carthaginoises au public parisien avant même l’arrivée des œuvres dans les collections des musées français. À la demande de Mohamed Khaznadar et de Jules de Lesseps, commissaire général du gouvernement tunisien, Adrien de Longpérier, qui dirige alors le département des Antiques du Louvre depuis 1847, se charge de cette présentation. À cette occasion, le 29 mars 1867, Longpérier réalise les estampages de vingt-deux inscriptions qu’il présente le jour même à l’Académie des inscriptions et belles-lettres85 et dont il reprend le commentaire dans le Journal asiatique86, à la suite de la publication de Léon Rodet87 dans la même revue un an plus tôt. Certaines de ces stèles se sont retrouvées dans la collection du comte d’Hérisson, présentées dans la cour Caulaincourt, actuelle cour Lefuel, au Louvre, en 188188, avant de rejoindre le fonds du musée parisien89.

    50essai2_p_49Quelques années après l’Exposition universelle de Vienne en 1873, d’où une partie des stèles de La Manouba ne sont pas revenues90, les stèles puniques qui figurent dans le musée temporaire des missions ethnographiques au palais de l’Industrie, sur les Champs-Élysées, puis à l’Exposition universelle de 1878, à l’intérieur du palais du Champ-de-Mars, dans la section du ministère de l’Instruction publique intitulée Enseignement en France91, correspondent aux découvertes de Sainte-Marie arrivées à la Bibliothèque nationale en 1876.

    51essai2_p_50Dans Les Merveilles de l’Exposition de 1878, on peut lire :

    52essai2_p_51Il faut encore signaler les objets découverts par M. de Sainte-Marie à Carthage, sa reproduction d’une porte phénicienne copiée sur les dessins d’une des pierres du mur qu’il eut la bonne fortune de retrouver, et qui, long de près d’un kilomètre, offrait un dessin différent sur chacune de ses pierres. L’exposition de M. de Sainte-Marie, actuellement en mission à Raguse, a été organisée par M. Ph. Berger, bibliothécaire de l’Institut. On sait que tous ces objets se trouvaient à bord du Magenta et qu’ils ont dû être repêchés après la catastrophe qui détruisit ce navire. Telle est, dans son ensemble, l’exposition ethnographique du ministère, dont l’initiative revient à M. de Watteville, directeur des sciences et lettres, et à M. X. Charmes, chef du cabinet du ministre et du service de l’Exposition. Elle est complétée par l’inestimable collection des archives des missions scientifiques92.

    53essai2_p_52Après Longpérier, c’est donc Berger qui est chargé de l’exposition des stèles puniques dont l’iconographie est soulignée, le contexte de découverte interprété au vu des connaissances de l’époque et le transport malheureux rappelé.

    54essai2_p_53À l’Exposition universelle de 1889, à Paris, le pavillon tunisien, œuvre de l’architecte Henri Saladin, abrite des objets archéologiques. Le Guide Bleu du « Figaro » et du « Petit Journal » 1889 propose la description suivante :

    55essai2_p_54Le palais lui-même se compose essentiellement de trois grandes divisions qui s’étendent autour d’une cour découverte à laquelle on accède par un grand vestibule au plafond richement décoré d’entrelacs et d’arabesques. La première de ces divisions, galerie de droite, comprend l’exposition des produits de l’agriculture et de la viticulture. La seconde, galerie de gauche, comprend les publics, l’industrie privée, le mobilier et le service des ports. La troisième enfin dans la salle du fond, les Beaux-Arts, et l’Archéologie et les services de la direction de l’Instruction publique93.

    56essai2_p_55Le musée Saint-Louis à Carthage et le musée Alaoui récemment inauguré à Tunis, le 7 mai 1888, prêtent une partie de leurs collections. Le musée Alaoui94 envoie de nombreuses poteries puniques, qui proviennent essentiellement de Carthage ; elles sont présentées dans une vitrine de la salle du tombeau avec les antiquités retrouvées dans les nécropoles de Bordj-Djedid et des Rabs lors des fouilles dirigées par le service des Travaux publics de 1884 à 1885. Il s’agit majoritairement des résultats des missions du père Delattre, de Henri Saladin et de René Cagnat. Dans la salle du tombeau sont exposées « plusieurs stèles puniques dédiées à Tanit et à Baal Hammon95 ».

    57essai2_p_56À l’Exposition universelle de 1900, à Paris, le pavillon tunisien est composé de plusieurs corps de bâtiment dont certains étaient réservés aux travaux publics, aux transports, à l’archéologie sans que l’on puisse préciser de quels espaces il s’agit. Le palais du Trocadéro accueille également une partie de l’archéologie tunisienne96. Une série de cent lampes résumait l’histoire complète de la lampe d’argile et, concernant la civilisation punique, on pouvait découvrir « les masques, les bijoux d’or et les précieuses amulettes des contemporains de Didon97 ».

    58essai2_p_57Il faut attendre l’Exposition universelle de 1992 à Séville pour voir réapparaître au sein d’une exposition universelle, dans le pavillon tunisien, une stèle punique du musée de Carthage98, décorée d’un signe de Tanit, d’une proue de navire et d’un caducée.

    Les présentations permanentes et les expositions temporaires

    59essai2_p_58Comme en témoignent les guides et les articles de presse ainsi que des archives photographiques, les stèles puniques de Carthage sont rapidement présentées au public, à la Bibliothèque nationale et au musée du Louvre. Archéologues et épigraphistes n’hésitent pas à donner leur avis en matière d’exposition. Sainte-Marie déclare, lors de la séance de l’Académie du 10 septembre 1875, avant même leur arrivée en France : « Ces inscriptions, destinées à la Bibliothèque nationale, pour être convenablement présentées au public, devraient être encadrées sur un mur, comme elles l’étaient primitivement dans les temples de Carthage ; on aurait ainsi un développement de 3 mètres de haut sur 27 mètres de longueur, tout recouvert d’inscriptions carthaginoises99. » Cette suggestion muséographique s’adapte au contexte de découverte des stèles et à l’interprétation qu’en fait l’archéologue. À la suite du naufrage du Magenta, les stèles des fouilles de Sainte-Marie qui ont été sauvées font l’objet d’une étude de Berger100 qui, outre la mise en évidence de l’intérêt de l’ensemble, exprime son sentiment à propos de la présentation de ces ex-voto dans un contexte muséal :

    60essai2_p_59Chacun de ces petits monuments, pris isolément, présentait peu d’intérêt ; c’étaient des ex-voto qui répétaient tous la même formule avec la monotonie d’une longue prière ; et pourtant, comme M. Renan l’avait dit à plusieurs reprises à l’Académie des Inscriptions en annonçant les découvertes successives de M. de Sainte-Marie, leur ensemble était très instructif. La comparaison de cette masse unique d’inscriptions, provenant de la même ville et sans doute du même temple, fournit les renseignements les plus précieux, tant au point de vue de l’archéologie qu’à celui de la mythologie, et même, jusqu’à un certain point, de l’histoire de Carthage. Les pierres avaient, en outre, une régularité de forme et d’ornementation qui les rendait très propres à décorer les murs d’un musée101.

    61essai2_p_60Renan ajoute que « quand elles seront exposées aux yeux du public, ces stèles votives offriront un grand intérêt, par les nombreuses images qui y sont gravées et qui sont on ne peut plus instructives pour l’archéologie et la connaissance de la religion carthaginoise102 ».

    62essai2_p_61Ces propositions et sentiments relatifs à la muséographie reflètent l’intérêt porté à un tel corpus par la communauté savante et la manière dont ces stèles votives sont perçues à la fin du xixe siècle, de même qu’une volonté de transmission didactique auprès du public.

    essai2_h4_3L’exposition des stèles à la Bibliothèque nationale

    63essai2_p_62Le caractère lacunaire des sources rend difficile une restitution précise de l’exposition des stèles puniques à la Bibliothèque nationale entre 1876, année de l’arrivée des stèles de Sainte-Marie, et 1913, année du départ de la presque totalité de la collection des stèles des missions de Sainte-Marie et de Babelon et Reinach au musée Guimet. Nous avons néanmoins réuni ici les différentes mentions éparses relatives au choix des œuvres, à leur nombre et à la muséographie.

    64essai2_p_63À leur arrivée à la Bibliothèque nationale, les stèles de Sainte-Marie, malgré la catastrophe qui venait de se produire, sont présentées au public et, à la demande de l’administrateur général de la Bibliothèque nationale, Berger participe à cette installation en sélectionnant des œuvres :

    65essai2_p_64C’est principalement dans ces deux dernières catégories (les stèles en partie noires et solides et les stèles gris uniforme) que nous avons pris des éléments de l’exposition provisoire que nous avons faite sur vos indications. Nous y avons réuni des spécimens des différentes sortes d’inscriptions que nous possédons, comme aussi des différents motifs d’ornementation, de telle sorte qu’en les voyant on pût se faire dès à présent une idée de l’ensemble. Telle qu’elle est, cette petite exposition surpasse en intérêt, nous ne craignons pas de le dire, la collection d’inscriptions de même espèce que possède le Musée Britannique ; et pourtant il s’en faut de beaucoup que nous ayons réuni là toutes les inscriptions bien conservées, ni tous les monuments curieux103.

    66essai2_p_65Berger ajoute :

    67essai2_p_66Tout s’explique si l’on admet que ces monuments, accumulés dans un temple aux derniers temps de la république, y ont été surpris par la ruine de Carthage. Carthage a été démolie, et ces matériaux, plus ou moins taillés, sont entrés dans les murs d’une maison romaine, en attendant qu’ils vinssent revêtir ceux de la Bibliothèque nationale104.

    68essai2_p_67Il s’avère impossible de déterminer quels ex-voto étaient présentés au public en 1876 dans la salle des cartes de la Bibliothèque nationale ; nous pouvons néanmoins dire que ces stèles ou une partie d’entre elles ont été présentées en 1878 sur les murs de l’escalier d’honneur du palais de l’Industrie.

    69essai2_p_68En 1884, Sainte-Marie105 indique que « les inscriptions de Carthage sont actuellement déposées à la Bibliothèque nationale : 85 choisies parmi les mieux conservées et les plus remarquables forment une exposition dans le vestibule des cartes et manuscrits ; les autres sont, pour le moment, confiées à la garde du Cabinet des médailles ». Sans que l’on puisse l’affirmer, il semble que cette exposition n’ait pas changé par rapport à celle de 1876. Quelques années plus tard, Babelon mentionne dans son guide que, au rez-de-chaussée :

    70essai2_p_69(…) sur des gradins sont encastrées dans le mur 112 épitaphes funéraires romaines en marbre, découvertes en 1880, à Carthage, dans un cimetière d’esclaves de la maison impériale, au cours des fouilles dirigées, sous l’inspiration du cardinal Lavigerie, par le R. P. Delattre, chapelain de Saint-Louis de Carthage. – Sous la fenêtre, suite d’ex-voto puniques, à Tanit et à Baal-Hammon, choisis parmi plusieurs milliers du même genre que possède le Cabinet des médailles et qui proviennent des fouilles exécutées à Carthage par M. E. de Sainte-Marie en 1874 et par MM. S. Reinach et E. Babelon en 1884106.

    Image représentant une page d’un ouvrage ancien, avec du texte et la reproduction en noir et blanc d’une stèle.
    fig. 2-15 Guide illustré au Cabinet des médailles et antiques de la Bibliothèque nationale. Les antiques et les objets d’art, par Ernest Babelon, Paris, 1900, p. 4, fig. 3, avec en illustration la stèle Cat.504. Photo © Bibliothèque municipale de Lyon
    Cette image représente la page jaunie d’un ouvrage imprimé ancien. Le titre courant en haut de page indique « Guide au cabinet des médailles ». Le texte décrit une présentation, dans une salle, des stèles. On lit par exemple « Sous la fenêtre, suite d’ex-voto puniques, à Tanit et à Baal Hammon, choisis parmi plusieurs milliers du même genre que possède le Cabinet des Médailles et qui proviennent des fouilles exécutées à Carthage » ; on lit encore « Au milieu de cette série d’inscriptions, d’épitaphes et d’ex-votos, on distingue une pierre de grandes dimensions... » Au milieu de cette page, une stèle est reproduite en noir et blanc.

    71essai2_p_70L’illustration choisie correspond à une stèle de la mission de Sainte-Marie (Cat.504 ; fig. 2-15).

    72essai2_p_71Les très nombreuses stèles non exposées au public sont, quant à elles, conservées dans les réserves du Cabinet des médailles. Les photographies, retrouvées dans les archives du cabinet du Corpus Inscriptionum Semiticarum de l’Académie des inscriptions et belles-lettres107, constituent une source extrêmement précieuse (voir fig. 5-1, fig. 5-3, fig. 5-9, fig. 5-13, fig. 5-15 à fig. 5-17, fig. 6-2 à fig. 6-7). Elles montrent des stèles puniques anépigraphes posées les unes à côté des autres sur des étagères, calées pour être le plus verticales possible lors de la prise de vue. Sur ces photographies, les étiquettes mentionnant les numéros de la Bibliothèque nationale, rondes pour certaines, rectangulaires pour d’autres, sont le plus souvent bien visibles sur les stèles, ce qui nous a permis d’établir certaines correspondances entre les numéros BN et les numéros AO. Néanmoins, certains numéros visibles sur ces photographies se révèlent être incohérents avec les numéros établis dans l’Inventaire et le numérotage des stèles puniques108.

    73essai2_p_72La plus grande partie des stèles exposées à la Bibliothèque nationale et conservées dans les réserves ont été transférées au musée Guimet en 1913 sous la direction de Babelon avant d’être à nouveau transférées en 1950 au musée du Louvre109. Dix stèles de la mission Babelon – Reinach n’ont pas quitté la Bibliothèque nationale110. De même, quinze stèles de la mission de Sainte-Marie sont toujours conservées au département des Monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale111, tandis que toutes les autres ont rejoint, au Louvre, les stèles envoyées par Sainte-Marie en 1875.

    essai2_h4_4L’exposition des stèles au musée du Louvre

    74essai2_p_73Dans sa publication Mission à Carthage, Sainte-Marie rappelle :

    75essai2_p_74Le musée du Louvre, dont le budget est malheureusement trop restreint, met à son grand regret de l’hésitation à recevoir, même à titre de don, les objets dont il faudrait même payer le port. […] Les dix-neuf premières inscriptions découvertes à Carthage (25 au 27 août 1874) sont aujourd’hui [en 1884] encastrées dans les murs latéraux d’une fenêtre d’une salle du rez-de-chaussée au Louvre. La direction des Antiques a exposé, dans la salle phénicienne, la grande inscription punique de Mdeina (Altiburos) trouvée par moi aux environs du Kef en Tunisie112.

    76essai2_p_75En 1884, les salles du département des Antiquités orientales113 qui a été récemment créé (en 1881) sont effectivement organisées au rez-de-chaussée de la Cour carrée, du côté nord, et comprennent, au premier étage, la première salle de la colonnade (salle Sarzec). Au rez-de-chaussée, au musée assyrien (inauguré en 1847 et réaménagé en 1857) s’ajoutent, au fur et à mesure de l’actualité archéologique, en 1862 les antiquités phéniciennes (mission de Phénicie dirigée par Renan), et en 1862 et 1864 les antiquités chypriotes (missions du marquis de Vogüé et d’Edmond Duthoit). L’année 1864 est également marquée par l’arrivée de nouveaux éléments du Tombeau des rois à la suite de la seconde mission de Félix de Saulcy en Terre sainte. Une salle est alors consacrée à cette collection, située dans l’aile sud de la Cour carrée, entre le guichet des Arts et le pavillon du Midi114. Le 18 août 1891, une nouvelle salle judaïque est installée sous l’escalier asiatique, à l’angle nord-est de la Cour carrée.

    77essai2_p_76Au vu de l’ensemble des aménagements et réaménagements qui s’effectuent durant le dernier quart du xixe siècle et en raison du manque de sources archivistiques, il est difficile de préciser où se trouvaient en 1884 « les stèles [de Sainte-Marie] encastrées dans les murs latéraux d’une fenêtre d’une salle du rez-de-chaussée au Louvre ». L’exposition des stèles puniques est mieux connue pour les années suivantes. Dans L’Éclair, on peut lire l’information suivante :

    78essai2_p_77Sous l’escalier assyrien, à la suite de la salle judaïque, prochainement, une nouvelle salle sera ouverte au Musée du Louvre ; la salle des inscriptions puniques. M. Eugène Ledrain avec l’autorité de son vaste et sûr savoir préside à son installation. Les marbriers achèvent de monter sur des socles les stèles, seuls monuments que Carthage nous ait légués […]. Il nous faut nous contenter d’abondantes stèles votives ou funéraires, d’un travail médiocre et invariable dans leurs formules […]. Aucune n’a d’intérêt artistique, très peu ont un intérêt historique. Ce sont des monuments qui ne concernent que des petits-bourgeois115.

    Photographie en noir et blanc montrant une ancienne salle du Louvre exposant des stèles puniques.
    fig. 2-16 La salle des inscriptions puniques du musée du Louvre, photographie datant d’environ 1910. Les stèles puniques sont présentées par site, par mission ou collection comme l’indiquent les cartels qui sont fixés sur les murs de la salle ou sur les socles de certaines stèles. Paris, musée du Louvre, archives du département des Antiquités orientales. Photo © Ministère de la Culture – Médiathèque du patrimoine et de la photographie, dist. GrandPalaisRmn
    Cette photographie ancienne, en noir et blanc, montre une salle du musée du Louvre où sont exposées des stèles puniques, en vue assez rapprochée. Les stèles sont le long d’un mur : quatre sont posées au sol, d’autres sont posées, en rang serrés, sur des étagères de longueur et de hauteur variables. Sur le mur sont fixés plusieurs cartels sur lesquels on peut lire « Stèles votives de Carthage ». Au premier plan, sur la droite : un socle haut sur lequel sont posés deux stèles.
    Image représentant deux cartels de salle anciens.
    fig. 2-17 Cartels de la salle des inscriptions puniques du musée du Louvre tels qu’on les voit sur les photographies de 1910 avec, pour certains, une précision sur la provenance géographique, la collection ou la mission archéologique. Paris, musée du Louvre, archives du département des Antiquités orientales. Photo © 2023 Musée du Louvre, dist. GrandPalaisRmn / archives du département des Antiquités orientales
    Cette image montre deux cartels de forme rectangulaire, très allongés, avec un petit demi-cercle à chacune de leurs extrémités, gauche et droite. Ils sont en bois peint de couleur claire, et portent chacun une mention en lettres capitales noires : « Stèles votives de Carthage » pour le premier cartel, et « Stèle punique. Carthage. Don de monsieur A H de Villefosse » pour le deuxième cartel.

    79essai2_p_78La présentation des ex-voto puniques à laquelle cet article fait référence est documentée par des photographies datant des années 1910-1911. Cette salle est composée de plusieurs alcôves voûtées, la plupart des ex-voto sont posés les uns à côté des autres sur des étagères fixées aux murs qui encadrent de larges embrasures de fenêtres. La signalétique116 précise les lieux de provenance de ces stèles (Carthage, Sousse, La Ghorfa, Constantine), les missions et les collections auxquelles les œuvres se rattachent (fig. 2-16 et fig. 2-17).

    Image représentant la double page d’un carnet ouvert avec des annotations manuscrites griffonnées.
    fig. 2-18 Carnet des inscriptions puniques du Louvre, par René Dussaud, conservateur au département des Antiquités orientales qu’il dirige de 1928 à 1936. Cette liste est organisée suivant la présentation des stèles dans la salle, dans l’ordre croissant des numéros « P » peints en rouge sur les socles. Paris, musée du Louvre, archives du département des Antiquités orientales. Photo © 2023 Musée du Louvre, dist. GrandPalaisRmn / archives du département des Antiquités orientales
    Cette image montre la double page jaunie d’un carnet à petits carreaux comprennent quelques notes manuscrites jetées rapidement : des numéros d’inventaire précédés de A O, des numéros P, des numéros C I S, et quelques relevés, griffonnés, de motifs sur les stèles : un signe de Tanit, des inscriptions en caractères alphabétiques puniques.

    80essai2_p_79La disposition suit la numérotation établie par Eugène Ledrain. Le conservateur a en effet donné à chacune des stèles de la salle une numérotation : « P » pour « punique » suivi d’un nombre, comme il l’a fait pour les antiquités phéniciennes dans sa notice relative aux monuments phéniciens, où chaque objet était précédé de la mention « Ph ». Cette numérotation, qui s’étend de P1 à P332, est apposée à la peinture rouge sur le côté droit de la base des stèles puniques et néopuniques d’Afrique du Nord. Si la liste de Ledrain n’a pas été localisée, un carnet d’études de René Dussaud témoigne des recherches menées par le conservateur du département des Antiquités orientales en poste à partir de 1910, dans la salle des inscriptions puniques, pour établir les correspondances de chacun des ex-voto puniques d’Afrique du Nord (Tunisie et Algérie) avec les numéros d’inventaire du département (fig. 2-18).

    81essai2_p_80La muséographie évolue peu jusqu’au réaménagement du département après-guerre ; en 1912, Edmond Pottier demande la pose de pattes de fer pour fixer les stèles puniques117. Une vingtaine d’années plus tard, le guide de Marguerite Rutten présente au visiteur la salle d’antiquités puniques (salle XII) de la façon suivante :

    82essai2_p_81Le Louvre possède une vaste salle d’Afrique qui dépend du département des Antiquités Grecques et Romaines. Le département des Antiquités Orientales ne conserve que les monuments proprement puniques, d’abord les inscriptions puniques et néopuniques (salle XII, sous l’escalier asiatique), puis des terres cuites et quelques bronzes ou bijoux (salle XIV dite Sarzec)118.

    83essai2_p_82La salle d’Afrique avait, en effet, été inaugurée en 1895119, à l’ouest de la cour du Sphinx. Les mosaïques y étaient présentées, toutefois les sarcophages (MND 799 et MND 800) découverts par Delattre à Carthage en 1902 se trouvaient dans la galerie Mollien120.

    84essai2_p_83Dans son développement sur la salle XII, Rutten précise la fonction de ces ex-voto, leur dédicace, leur iconographie et leur lien avec la religion punique et les pratiques cultuelles, tenant compte notamment des travaux et recherches menés dans le tophet de Carthage depuis 1921 :

    85essai2_p_84Carthage a fourni un grand nombre de petites stèles dont la dédicace est à peu près invariable : « À la Dame Tanit Pené-Baal et au Seigneur Baal-Hammon, vœu qu’a fait tel fils d’untel ; parce qu’ils ont entendu sa voix. » Ces monuments, qui paraissaient s’étager depuis le milieu du ive siècle jusqu’au milieu du iie siècle avant J.-C., se terminent en pointe dans le haut ou encore en forme de fronton accosté d’acrotères. Quelques symboles reviennent fréquemment, ainsi le caducée, la main divine et surtout le symbole dit de Tanit, à base triangulaire, qui est constitué par une déformation de la croix ansée égyptienne. Parfois, on a gravé dans le champ l’animal du sacrifice : taureau, bélier ou mouton ou encore les instruments du sacrifice, hache ou couteau ; même des instruments, charrue ou gouvernail, définissent le métier du dédicant. Ces stèles étaient dressées au-dessus du dépôt constitué par les restes du sacrifice121.

    86essai2_p_85Après la Seconde Guerre mondiale et la mise en place du plan Verne qui vise à réaménager les collections du musée du Louvre, les œuvres puniques sont transférées en 1947 dans la crypte Sully122, sous le pavillon de l’Horloge, avec les antiquités de Palestine et d’Arabie, alors que l’ancienne salle d’antiquités puniques devient un espace d’exposition temporaire et de consultation123. Si quelques stèles puniques sont exposées dans l’escalier reliant la salle de Palmyre aux salles du Levant dans la crypte Marengo124, la majeure partie de ces pièces rejoint les magasins du département installés dans les « boyaux » de la cour Lefuel. S’y ajoutent en 1950 le millier de stèles en provenance du musée Guimet. Cet ensemble y restera, posé dans des casiers, jusqu’à la mise en service de la réserve de la Cour carrée en 1982 dans le cadre de la loi programme de 1978 précédant le projet du Grand Louvre.

    87essai2_p_86Depuis les réaménagements du Grand Louvre et notamment de l’aile Sully en 1997, les ex-voto puniques de Carthage sont présentés en très faible nombre par rapport au fonds existant, dans la salle consacrée à l’archéologie de l’Afrique du Nord.

    88essai2_p_87Étant donné sa richesse, la collection de stèles puniques de Carthage du Louvre fait l’objet de dépôts. Pour citer les derniers en date : le dépôt au musée de la Vieille Charité à Marseille en 2017 et à la bibliothèque universitaire de Strasbourg de 2020 à 2023. De plus, des prêts sont régulièrement concédés pour des expositions temporaires tant à l’échelle nationale qu’internationale.

    89essai2_p_88Il n’est pas facile de faire comprendre au visiteur le sens de cette série d’ex-voto puniques. Dans le cadre des projets de réaménagements des espaces muséographiques du département des Antiquités orientales du musée du Louvre, une nouvelle présentation de ces stèles, plus didactique, notamment grâce à des dispositifs de médiation, permettra de faire le point sur les questions de provenances et d’origines ainsi que sur les interprétations qui en découlent.

    1. Néanmoins, avec le père Gabriel-Guillaume Lapeyre (1877-1952), le père Alfred-Louis Delattre (1850-1932) était familier des stèles puniques retrouvées en grand nombre dans la tranchée fouillée par Sainte-Marie en 1874 et 1875 et déposées au musée Lavigerie à Saint-Louis de Carthage. Au sujet des découvertes de Delattre, voir Berger, 1886 Philippe Berger, « Note sur trois cents nouveaux ex-voto de Carthage », CRAIBL, 30e année, no 3, 1886. p. 381-387. Les stèles épigraphiées sont publiées dans le Corpus Inscriptionum Semiticarum (CIS). De plus, près des ports, dans les environs du cothon, au lieu-dit Salammbô, le père Delattre découvre une cinquantaine d’ex-voto, annonçant ainsi la découverte du tophet dédié à la déesse Tanit et au dieu Baal Hammon en 1921 par François Icard et Paul Gielly. Le célèbre sanctuaire à ciel ouvert sera ensuite fouillé par Louis Poinssot, directeur des Antiquités en Tunisie, assisté de Raymond Lantier, puis quelques années plus tard par une mission archéologique américaine que mènera Francis Willey Kelsey, avant que les fouilles ne reviennent à la direction des Antiquités sous la conduite de Pierre Cintas. Les fouilles ont repris depuis 2015 sous la responsabilité d’Imed ben Jerbania.

    2. Paris, Archives de la bibliothèque de l’Institut, Ms 8502, feuillets 5-34 : Correspondance échangée entre Sainte-Marie et l’Académie des inscriptions et belles-lettres, souvent par l’intermédiaire du ministère de l’Instruction publique, huit estampages. À travers les Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (C), il est aisé de suivre les différents envois de courriers et d’estampages adressés par Sainte-Marie à l’Académie avant et pendant sa mission officielle, entre 1873 et 1876, ainsi que l’ensemble des échanges relatifs à cette mission. Nous ne mentionnons pas ici les envois concernant exclusivement des antiquités romaines. Pour les envois antérieurs à la mission : « Informations diverses », CRAIBL, séance du 22 août 1873 Séance du 22 août 1873, CRAIBL, 17e année, no 2, 1873, p. 216 (envoi de l’empreinte d’inscriptions carthaginoises récemment découvertes) ; CRAIBL, séance du 10 octobre 1873 Séance du 10 octobre 1873, CRAIBL, 17e année, no 3, 1873, p. 283-284 (inscriptions puniques publiées dans un ouvrage de M. Cubisol) ; CRAIBL, séance du 17 octobre 1873 Séance du 17 octobre 1873, CRAIBL, 17e année, no 3, 1873, p. 285 (inscriptions romaines) ; CRAIBL, séance du 21 novembre 1873 Séance du 21 novembre 1873, CRAIBL, 17e année, no 3, 1873, p. 295-296 (inscriptions romaines). Paris, Archives de la bibliothèque de l’Institut, Ms 4042, feuillets 37-52 : Correspondance avec Gaston Maspero.

    3. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 6 : « Les 124 stèles estampées par moi à La Manouba représentent à peine la moitié de celles y existant primitivement ; en effet un bon nombre d’entre elles avaient été expédiées à l’Exposition universelle de Vienne, en 1873, et n’en étaient pas revenues. »

    4. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 7 : « Ces stèles ont été achetées aux indigènes par M. de Touzon, gardien de Saint-Louis, et elles sont aujourd’hui dispersées dans des collections privées. »

    5. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 85 : récapitulatif des cent quatre-vingt-quatre estampages des collections privées (La Manouba, Engley, Tulin, Gouvet, Fenner, abbé Bourgade, Rubichon, Chevarrier, Lunel, Bottary, Weber, Touzon). Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 6-7 cite plus précisément, en se référant à la demande de l’Académie, les collections d’inscriptions puniques de Massé (les stèles vues par Massé, précepteur des enfants de l’ex-Premier ministre du bey, sont en fait celles de La Manouba), Tissot précédemment ambassadeur de France à Londres (ces stèles n’ont pas été retrouvées à Tunis par Sainte-Marie), Cubisol (la collection semble avoir été vendue et expédiée en Belgique), l’abbé Bourgade, aumônier de la chapelle Saint-Louis à Carthage (les trente-quatre inscriptions sont aujourd’hui au British Museum). Quant à la collection de La Manouba visible dans le jardin de Sidi Mustapha Khaznadar, à une heure de la ville de Tunis, elle revient à l’État en 1894 et constitue le premier fonds muséographique de la Tunisie ; elle contient cent vingt-quatre inscriptions puniques.

    6. Paris, Archives de la bibliothèque de l’Institut, Objets 44-55 : Doubles de la collection conservée au cabinet du Corpus Inscriptionum Semiticarum. Lors de la séance du 28 avril 1876 (CRAIBL, séance du 28 avril 1876 Séance du 28 avril 1876, « Livres offerts », CRAIBL 20e année, no 2, 1876, p. 175-195 et p. 179-180), Ernest Renan salue la précaution de Sainte-Marie qui a eu soin d’envoyer à l’Académie un double estampage de toutes les stèles. Ces deux séries d’estampages sont actuellement conservées au cabinet du Corpus Inscriptionum Semiticarum et dans les Archives des manuscrits de l’Institut de France. Cette démarche est d’ailleurs rappelée par Philippe Berger en 1899 lors de la parution du deuxième fascicule du tome II des inscriptions phéniciennes du CIS, « Livres offerts », CRAIBL, 43e année, n⁰ 3, 1899.

    7. Arrêté du 23 mars 1874. Lors de la séance de l’Académie des inscriptions et belles-lettres du 27 mars 1874, Renan donne lecture des instructions qu’il a rédigées, au nom de la commission des inscriptions sémitiques, pour diriger les recherches de Sainte-Marie sur les inscriptions puniques de Carthage et des environs, « Informations diverses », CRAIBL, 18e année, n⁰ 1, 1874. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 3-4 : publication de la lettre d’instructions. Les envois de Sainte-Marie à l’Académie et les différents échanges se dessinent à travers les comptes rendus des séances suivantes : CRAIBL, séance du 12 juin 1874 Séance du 12 juin 1874, CRAIBL, 18e année, no 2, 1874. p. 106 (publication de Punische Steine et de quatre inscriptions romaines découvertes près du Kef) ; CRAIBL, séance du 11 septembre 1874 Séance du 11 septembre 1874, CRAIBL, 18e année, no 3, 1874, p. 216-217 (envoi de l’empreinte de vingt inscriptions et fragments de stèles phéniciennes trouvées au bas de la colline de Byrsa) ; CRAIBL, séance du 11 décembre 1874 Séance du 11 décembre 1874, CRAIBL, 18e année, no 4, 1874, p. 316 (envoi de cinquante estampages nos 151-200 et mention de l’absence de place au Louvre pour recevoir un nouvel envoi de stèles) ; CRAIBL, séance du 18 décembre 1874 Séance du 18 décembre 1874, CRAIBL, 18e année, no 4, 1874, p. 317-318 (Félix Ravaisson précise que si le ministère n’a pas de fonds pour payer le transport de tous les objets, le musée du Louvre a toujours de la place pour les recevoir. « Il serait à craindre que la fausse interprétation donnée à la lettre de M. le Ministre, d’après les comptes rendus des journaux, n’empêchât des envois dont le Louvre pourrait s’enrichir. » Envoi du second exemplaire des estampages nos 151-200, annonce de l’envoi d’estampages de même nature allant jusqu’au no 300) ; CRAIBL, séance du 22 janvier 1875 Séance du 22 janvier 1875, CRAIBL, 19e année, no 1, 1875, p. 4 (envoi de cent cinquante estampages d’inscriptions néopuniques nos 351-500) ; CRAIBL, séance du 29 janvier 1875 Séance du 29 janvier 1875, CRAIBL, 19e année, no 1, 1875, p. 5 (demande de poursuite des fouilles et envoi de cent estampages nos 501-600) ; CRAIBL, séance du 5 février 1875 Séance du 5 février 1875, CRAIBL, 19e année, no 1, 1875, p. 6 (estampages nos 701-800) ; CRAIBL, séance du 12 février 1875 Séance du 12 février 1875, CRAIBL, 19e année, no 2, 1875, p. 7 (envoi des estampages nos 801-901) ; CRAIBL, séance du 19 février 1875 Séance du 19 février 1875, CRAIBL, 19e année, no 1, 1875, p. 8 (estampages nos 902-950 et procès-verbal des fouilles exécutées à Tunis du 9 janvier au 6 février) ; CRAIBL, séance du 12 mars 1875 Séance du 12 mars 1875, CRAIBL, 19e année, no 1, 1875, p. 11 (envoi de cinquante estampages nos 951-1000) ; CRAIBL, séance du 9 avril 1875 Séance du 9 avril 1875, CRAIBL, 19e année, no 2, 1875, p. 95 (envoi des estampages nos 1101-1200 et nos1201-1300) ; CRAIBL, séance du 23 avril 1875 Séance du 23 avril 1875, CRAIBL, 19e année, no 2, 1875, p. 98 (envoi de deux nouveaux paquets d’estampages d’inscriptions puniques nos 1301-1500) ; CRAIBL, séance du 21 mai 1875 Séance du 21 mai 1875, CRAIBL, 19e année, no 2, 1875, p. 103 (envoi de cent estampages de stèles ou inscriptions puniques nos 1601-1700 et deux cents nouveaux estampages de stèles nos 1701-1900) ; CRAIBL, séance du 13 août 1875 Séance du 13 août 1875, CRAIBL, 19e année, no 3, 1875, p. 195 (envoi de nouveaux estampages nos 2000-2082) ; CRAIBL, séance du 15 octobre 1875 Séance du 15 octobre 1875, CRAIBL, 19e année, no 4, 1875, p. 288 (annonce du départ le 29 septembre des deux mille quatre-vingt-trois inscriptions puniques destinées à la Bibliothèque nationale) ; CRAIBL, séance du 12 novembre 1875 Séance du 12 novembre 1875, CRAIBL, 19e année, no 4, 1875, p. 292 (envoi des estampages des inscriptions puniques nos 2084-2133) ; CRAIBL, séance du 17 décembre 1875 Séance du 17 décembre 1875, CRAIBL, 19e année, no 4, 1875, p. 299 (renseignements sur les stèles du Magenta au sujet de leur sauvetage) ; CRAIBL, séance du 2 juin 1876 Séance du 2 juin 1876, CRAIBL, 20e année, no 2, 1876, p. 135 (Ernest Renan présente la troisième collection complète en douze volumes des inscriptions puniques que Sainte-Marie avait déjà envoyées en double exemplaire) ; voir également Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 84.

    8. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 11-40. Voir également, infra dans le présent ouvrage, III, « Contextes de découverte et interprétations d’après Sainte-Marie », paragraphes III. §2 et suivants.

    9. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 40.

    10. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 11-12 : « J’avais hâte, en effet, de faire passer sous les yeux de la commission du Corpus, en dehors des estampages, les inscriptions si promptement et si heureusement trouvées » (p. 12) ; Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 85.

    11. Pierrefitte, Archives des musées nationaux, 20140044/7, de 1851 à 1890 : le 23 septembre 1974, Sainte-Marie se voit refuser par le ministère de l’Instruction publique, des cultes et des beaux-arts un financement supplémentaire pour l’expédition des pièces archéologiques ; courrier daté du 21 septembre 1874 du ministère (bureau des travaux historiques et des sociétés savantes) adressé au directeur des Beaux-Arts : crédit spécial pour la prise en charge des frais de transport des divers objets d’antiquités phéniciennes de Tunis pour le Louvre. L’archéologue demande un « crédit alloué pour pouvoir faire l’acquisition d’objets intéressants qui lui seraient apportés par les Arabes » après son envoi en France en juin 1874 de deux chapiteaux corinthiens et d’une stèle acquis à Tunis. Sainte-Marie renouvelle sa demande de crédit pour les envois de l’année 1875.
      Lettre du directeur des Musées nationaux au ministre de l’Instruction publique datée du 22 juin 1874 au sujet de l’insuffisance des crédits ; CRAIBL, séance du 18 décembre 1874 Séance du 18 décembre 1874, CRAIBL, 18e année, no 4, 1874, p. 317-318 (Félix Ravaisson précise que si le ministère n’a pas de fonds pour payer le transport de tous les objets, le musée du Louvre a toujours de la place pour les recevoir. « Il serait à craindre que la fausse interprétation donnée à la lettre de M. le Ministre, d’après les comptes rendus des journaux, n’empêchât des envois dont le Louvre pourrait s’enrichir. » Envoi du second exemplaire des estampages nos 151-200, annonce de l’envoi d’estampages de même nature allant jusqu’au no 300).

    12. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 124-130 pour le chapitre sur la mission confiée par le gouvernement général de l’Algérie. Le recteur de l’Académie d’Alger réussit à intéresser le gouverneur général de l’Algérie qui accorde à Sainte-Marie une subvention de 500 francs pour fouiller et enrichir la bibliothèque du musée d’Alger en objets d’époque romaine. CRAIBL, séance du 25 juin 1875 Séance du 25 juin 1875, CRAIBL, 19e année, no 2, 1875, p. 111-112 (demande d’autorisation à l’Académie de diriger des fouilles au nom du musée d’Alger pendant sa mission) : demande d’autorisation à l’Académie de diriger des fouilles au nom du musée d’Alger pendant sa mission.
      Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 130-136 pour le chapitre sur la répartition du produit des fouilles de Carthage et d’Utique.

    13. Sont envoyées vingt stèles puniques (MNB 816-MNB 835) ainsi qu’une grande inscription punique de huit lignes acquise dans les environs du Kef, à Medeïna, avec son estampage en double. Il s’agit de l’une des deux stèles (AO 5106 = MNB 815 ; AO 5184 = MNB 814) d’Altiburos. Ces pièces archéologiques, parvenues et stockées à Marseille, sont ensuite expédiées par le train à Paris et livrées au musée du Louvre.

    14. Statue de Sabine MNB 957, Hermès Ma 1839, 1834 et 1835 (département des Antiquités grecques, étrusques et romaines).

    15. Pierrefitte, Archives des musées nationaux, 20140044/7 (1851-1890) : Courrier de Sainte-Marie adressé le 5 octobre 1875 à M. Wallon, ministre de l’Instruction publique.

    16. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 16, 17, 19, 21 et 23. Des tirages de ces photographies sont conservés dans les archives de l’INHA, Fonds Poinssot, 106/49/2/1 et Fonds Reinach, 41/47/2-3.

    17. Guérout, Laporte et Bénichou-Safar, 2018 Max Guérout, Jean-Pierre Laporte et Hélène Bénichou-Safar, Le « Magenta ». Du naufrage à la redécouverte (1875-1995). Sur les traces des empires engloutis, Paris, 2018 pour l’histoire de ce navire, de son naufrage et des fouilles sous-marines.

    18. Pierrefitte, Archives des musées nationaux, 20140044/7 (1851-1890) ; Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 134-135.

    19. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 134.

    20. Pierrefitte, Archives des musées nationaux, 20140044/7 (1851-1890) : Lettre adressée par le vice-amiral commandant en chef, préfet maritime Penhoat à Sainte-Marie le 15 décembre 1875 depuis le port de Toulon ; Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 135.

    21. Pierrefitte, Archives des musées nationaux, 20140044/7 (1851-1890) : Lettre du 3 mars 1876 adressée au directeur du musée du Louvre de la part du ministère : « L’administrateur général de la Bibliothèque nationale m’annonce qu’il a reçu les inscriptions retrouvées dans le sauvetage du Magenta qu’avait envoyées Sainte-Marie. » Demande du coût du transport.

    22. Citation de l’article de Berger du 15 avril 1876 dans Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 86-88, en particulier p. 87.

    23. Pierrefitte, Archives des musées nationaux, 20140044/7 (1851-1890) : Courrier du ministère de l’Instruction publique (Louvre) à la Bibliothèque nationale daté du 1er mars 1876 au sujet des quatre caisses arrivées de Marseille le 26 février qui contiennent, l’une, dix têtes assez frustes en pierre et un petit bas-relief en marbre blanc (femme drapée agenouillée sans tête, MNB 953 au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, têtes MNB 952 et MNB 954 ; Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 16 et 17, gravures d’après une photographie de J. André Garrigues), les trois autres caisses, cent deux petites stèles votives en pierre.

    24. Pierrefitte, Archives des musées nationaux, 20140044/7 (1851-1890) : Lettre du 11 mars 1876 du directeur des Musées nationaux à l’administrateur général de la Bibliothèque nationale : « J’ai reçu dernièrement au Louvre plusieurs caisses d’objets antiques envoyés de Tunisie par Sainte-Marie. Parmi ces objets se trouvent environ 100 stèles votives qui auraient dû vous être adressées, car c’est à la Bibliothèque nationale que les destinait le donateur » ; Lettre du 4 mars 1876 : sur la confusion des destinations des inscriptions (environ cent stèles votives et deux inscriptions (grecque, latine)) ; Lettre du 13 mars 1876 de l’administrateur général au directeur des Musées nationaux : « Je m’empresse de vous remercier de l’obligeante proposition que vous voulez bien me faire d’envoyer à la Bibliothèque nationale les stèles votives que Sainte-Marie nous destinait et qui vous ont été portées par erreur. De notre côté nous tenons à votre disposition les deux inscriptions appartenant au Louvre qui étaient contenues dans les caisses que nous avons ouvertes. Elles seront remises aux agents que vous aurez la bonté d’adresser à la Bibliothèque, rue de Richelieu, de 10 heures à 4 heures » ; Lettre du 22 mars 1876 : reçu de la direction des Musées nationaux trois caisses contenant cent deux stèles votives données à la Bibliothèque nationale par Sainte-Marie.

    25. Livre d’entrée B, Musées nationaux.

    26. Nous remercions très chaleureusement Mathilde Avisseau-Broustet, conservatrice au département des Monnaies, médailles et antiques, ancien Cabinet des médailles, de la Bibliothèque nationale de France, de nous avoir généreusement fourni ces informations.

    27. BN, Ms 61.

    28. Paris, Archives de la Bibliothèque nationale, 23 ACM 7, 1912 : Brouillon d’une lettre adressée par Babelon à l’administrateur général concernant le dépôt des monuments puniques au musée Guimet. Paris, Archives de la Bibliothèque nationale, 24 ACM 1 : 1913 : Cession de monuments par le département des Médailles, transfert des stèles puniques au musée Guimet ; 5 novembre 1913, lettre de Babelon à Dussaud, conservateur adjoint des Antiquités orientales du Louvre. Lettre de Guimet à Babelon, 4 juin 1913 : demande des nouvelles concernant le choix des monuments pour l’envoi au musée Guimet (stèles phéniciennes, papyri grecs…).

    29. Pierrefitte, Archives des musées nationaux, F/17/3470 (1876-1912) : Acquisitions par voies extraordinaires (copies, transferts, restitutions). Émile Guimet offre au Louvre le choix des stèles puniques qui seront mises à la disposition du musée Guimet (23 novembre 1913), 20144795/37.

    30. Paris, Archives du cabinet du Corpus Inscriptionum Semiticarum de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (Dossier 19) : CIS. Stèles anépigraphes de diverses collections, liste des stèles anépigraphes de Sainte-Marie.

    31. Lancel, 1995 Serge Lancel, « La fouille de l’épave du Magenta et le sauvetage de sa cargaison archéologique », CRAIBL, 139e année, no 3, 1995, p. 813-816.

    32. Guérout, Laporte et Bénichou-Safar, 2018 Max Guérout, Jean-Pierre Laporte et Hélène Bénichou-Safar, Le « Magenta ». Du naufrage à la redécouverte (1875-1995). Sur les traces des empires engloutis, Paris, 2018, p. 239-263.

    33. D’après les comptes rendus des fouilles : Campagne de 1994 : deux fragments de stèles (restauration par le laboratoire Archéolyse international du Cannet) MGS 111 (main) et MGS 112 (colonne) ; Campagne de 1995 : aucune stèle ; Campagne de 1997 : trois stèles ; Campagne de 1998 : un total de soixante-dix stèles dont quarante stèles ou fragments de stèles portant des inscriptions ou des décors, voir leur position dans l’épave, fig. 7 du rapport. Dessalage par le Drassm puis nettoyage des concrétions calcaires résiduelles par le laboratoire du Louvre. La tête de l’impératrice Sabine trouvée en 1874 dans le Sérapéum de Carthage par la mission de Sainte-Marie, numéro d’entrée MNB 957 (numéro usuel Ma 1683 pour le corps et Ma 1756 bis pour la tête) a été retrouvée dès la deuxième campagne de sauvetage.

    34. 1999 : Cat.734 à Cat.739 (six stèles fragmentaires) ; 2002 : Cat.736 et Cat.740 à Cat.806 (soixante-neuf stèles fragmentaires).

    35. Voir, supra dans le présent ouvrage, II, « Missions archéologiques et collections », paragraphe II. §2, et infra, Tables de concordance, Sainte-Marie.

    36. Héron de Villefosse, 1875 Antoine Héron de Villefosse, Rapport sur une mission archéologique en Algérie, Paris, 1875, p. 1.

    37. Paris, Archives du cabinet du Corpus Inscriptionum Semiticarum de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, boîte 18. Estampages correspondant aux Cat.1244, Cat.1245, Cat.1246 et Cat.1247. Les deux autres estampages, représentant pour l’un une main et pour l’autre un signe de Tanit surmonté d’un croissant de lune les pointes vers le haut, ne trouvent pas de correspondance dans la collection du Louvre.

    38. Chabot, 1916 Jean-Baptiste Chabot, « Les inscriptions puniques de la collection Marchant », CRAIBL, 60e année, no 1, 1916, p. 17-34, p. 19.

    39. Voir, infra, Tables de concordance, Babelon et Reinach.

    40. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 77.

    41. Duchêne, 2009 Hervé Duchêne, « Salomon Reinach », in Philippe Sénéchal et Claire Barbillon (dir.), Dictionnaire critique des historiens de l’art actifs en France de la Révolution à la Première Guerre mondiale [en ligne], 2009 (https://www.inha.fr/fr/ressources/publications/publications-numeriques/dictionnaire-critique-des-historiens-de-l-art/reinach-salomon.html, consulté le 2 novembre 2023).

    42. Bodenstein, 2008 Felicity Bodenstein, « Ernest Babelon », in Philippe Sénéchal et Claire Barbillon (dir.), Dictionnaire critique des historiens de l’art actifs en France de la Révolution à la Première Guerre mondiale [en ligne], 2008 (https://www.inha.fr/fr/ressources/publications/publications-numeriques/dictionnaire-critique-des-historiens-de-l-art/babelon-ernest.html, consulté le 11 octobre 2023).

    43. Reinach et Babelon, 1886 Salomon Reinach et Ernest Babelon, « Recherches archéologiques en Tunisie (1883-1884) », Bulletin archéologique. Comité des travaux historiques et scientifiques, 1886, p. 4-78, p. 7-8.

    44. Reinach et Babelon, 1886 Salomon Reinach et Ernest Babelon, « Recherches archéologiques en Tunisie (1883-1884) », Bulletin archéologique. Comité des travaux historiques et scientifiques, 1886, p. 4-78, p. 9-10. Les informations publiées en 1886 se retrouvent en partie dans les Archives de la bibliothèque de l’Institut (Ernest Babelon Ms 8526 3c) où le manuscrit intitulé Journal de fouilles d’Ernest Babelon en Tunisie en 1883-1884 est conservé, même si les « deux registres » mentionnés dans la publication de la fouille n’y ont pas été retrouvés. Par ailleurs, les archives du cabinet du Corpus Inscriptionum Semiticarum de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (Dossier 20) conservent un cahier intitulé « ΡΕΙΝΑΧΟΥ ΕΜΙΟΣ ΜΕ ΕΚΛΕΨΗΙ ΑΠΟΤΕΙΣΕΙ » composé de huit cent quatre fiches manuscrites, pour certaines illustrées d’un dessin ou d’un estampage, comprenant les stèles épigraphiées publiées dans le CIS et les stèles anépigraphes très souvent inédites découvertes sur le terrain. Mis à part les stèles nos 46, 47 et 48 qui proviennent pour la première de la « tranchée du Cardinal » et pour les deux autres de la « tranchée Nicolas », toutes les stèles de la mission Babelon – Reinach proviennent de la « tranchée arabe » qui, sur le plan qui accompagne ce cahier, est précisée comme « celle d’où proviennent les Rabbat-Tanit (fouilles Sainte-Marie) ». Hours-Miédan, 1951 Madeleine Hours-Miédan, « Les représentations figurées sur les stèles de Carthage », Cahiers de Byrsa, t. I, 1951, p. 15-160, pl. I-XXXIX, p. 17, mentionne pour la mission Babelon – Reinach le nombre de quatre cents stèles.

    45. Reinach et Babelon, 1886 Salomon Reinach et Ernest Babelon, « Recherches archéologiques en Tunisie (1883-1884) », Bulletin archéologique. Comité des travaux historiques et scientifiques, 1886, p. 4-78, p. 10 : mention de la stèle n⁰ 351 : dauphin et barque ; stèle n⁰ 431 : femme debout dans un édicule ionique ; stèle n⁰ 463 : peigne comparable à un ivoire du musée Saint-Louis à Carthage ; stèle n⁰ 508 : cheval.

    46. Reinach et Babelon, 1886 Salomon Reinach et Ernest Babelon, « Recherches archéologiques en Tunisie (1883-1884) », Bulletin archéologique. Comité des travaux historiques et scientifiques, 1886, p. 4-78, p. 9-10. Les dessins de ces stèles se trouvent dans les Archives de la bibliothèque de l’Institut (Ernest Babelon Ms 8526 3c), à la date du 13 mars 1884 du Journal de fouilles d’Ernest Babelon en Tunisie en 1883-1884.

    47. Duchêne, 2015 Hervé Duchêne, « Salomon Reinach et George Balagny : sur un épisode méconnu de l’histoire de la photographie française », in Annick Fenet et Natacha Lubtchansky (dir.), Pour une histoire de l’archéologie, xviiie siècle - 1945. Hommage de ses collègues et amis à Ève Gran-Aymerich, Pessac, 2015, p. 401-417 (https://doi.org/10.4000/books.ausonius.5954, consulté le 2 novembre 2023).

    48. Paris, Archives INHA, Fonds Reinach 8 Phot. 1. Voir https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/15708/?offset=#page=45&viewer=picture&o=download&n=0&q. Paris, Archives de la bibliothèque de l’Institut, Ms 8503, feuillets 2-3 : « Mission archéologique en Tunisie de MM. Babelon et Reinach ». Clichés pris par Salomon Reinach.

    49. Reinach et Babelon, 1886 Salomon Reinach et Ernest Babelon, « Recherches archéologiques en Tunisie (1883-1884) », Bulletin archéologique. Comité des travaux historiques et scientifiques, 1886, p. 4-78, p. 9.

    50. Notons cependant que parmi les stèles associées au nom de Reinach figure la stèle aujourd’hui inventoriée AO 5182 (Cat.1381) qui provient, d’après le livre d’entrée, du souk tunisien. Elle a été acquise par l’archéologue au moment de l’Exposition universelle de 1889, spécialement pour le musée de Saint-Germain, sans avoir jamais rejoint la collection d’archéologie nationale. Nous avons fait le choix dans ce catalogue, pour éviter toute confusion, de ne pas l’intégrer dans la liste des stèles de la mission de Babelon et Reinach. Elle a également reçu le numéro P172 de la liste d’Eugène Ledrain.

    51. Cabinet du Corpus Inscriptionum Semiticarum de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (Dossier 20) : cahier intitulé « ΡΕΙΝΑΧΟΥ ΕΜΙΟΣ ΜΕ ΕΚΛΕΨΗΙ ΑΠΟΤΕΙΣΕΙ ».

    52. Hérisson, 1881 Maurice d’Irisson d’Hérisson, Relation d’une mission archéologique en Tunisie, Paris, 1881.

    53. Société constituée par le comte d’Irisson qui sollicite à la fin de l’année 1880 du ministère de l’Instruction publique une mission demandant une « protection morale ». Pierrefitte, Archives nationales, F/17/2975 : Inventaire des papiers de la division des Sciences et Lettres du ministère de l’Instruction publique et des services qui en sont issus (sous-série F/17), t. II, 1881, Mission gratuite à l’effet de pratiquer des fouilles archéologiques en Turquie et en Tunisie, et principalement à Utique (photographies dans le dossier).

    54. Hérisson, 1881 Maurice d’Irisson d’Hérisson, Relation d’une mission archéologique en Tunisie, Paris, 1881, p. 178-179 et 191. Selon l’auteur, bien que retrouvées dans un cimetière, la plupart des stèles correspondent à des ex-voto qui ont dû être consacrés dans le temple de Tanit et de Baal Hammon situé sur l’acropole.

    55. Baratte, 1971 François Baratte, « Une curieuse expédition archéologique en Tunisie : la mission Hérisson », Revue du Louvre, 21e année, no 6, 1971, p. 335-346, p. 335-346 ; Berger et al., 1881 Philippe Berger, Edmond Le Blant, Robert Mowat et René Cagnat, « L’exposition de la cour Caulaincourt au Louvre. Fouilles d’Utique », Revue archéologique, vol. 42, nouvelle série, 1881, p. 227-248 ; Berger, 1881a Philippe Berger, « Note sur les inscriptions qui figurent à l’exposition des fouilles d’Utique », CRAIBL, 25e année, no 4, 1881, p. 248-254. C’est notamment la stèle Cat.1312, CIS 271 mentionnant Carthage qui a permis de révéler le pot aux roses. Elle avait été publiée par Maltzan et Euting : « Arich, fils de Bodbaal, [l’affranchi par décret] du peuple de Carthage ; parce qu’ils ont entendu sa voix, puissent-ils le bénir. »

    56. Berger et al., 1881 Philippe Berger, Edmond Le Blant, Robert Mowat et René Cagnat, « L’exposition de la cour Caulaincourt au Louvre. Fouilles d’Utique », Revue archéologique, vol. 42, nouvelle série, 1881, p. 227-248, p. 231 pour la correspondance des numéros Hérisson, Maltzan et Euting.

    57. Pierrefitte, Archives des musées nationaux, 20140044/8 : Collection du comte d’Irisson d’Hérisson, chargé des fouilles d’Utique en Tunisie : listes d’objets, dépôt au Louvre, 29 octobre 1881 au 22 novembre 1899 (25 p.) ; 20140044/5 : Inventaire de la collection du comte d’Hérisson provenant des fouilles d’Utique, s.d. (1 p.), 1881 ; 20140044/27 : Don par la Société des fouilles d’Utique de la collection rapportée par le comte d’Hérisson, 15 août 1881 au 22 mars 1884 (12 p.), 1884, 22 mars.
      Lettre du 4 octobre 1882 du directeur des Musées nationaux à Léon Heuzey : « En raison d’une lettre que je viens de recevoir de M. le Directeur Général des Beaux-Arts, j’ai l’honneur de vous prier de prendre, le plus promptement possible, les dispositions nécessaires pour faire emmagasiner les objets de la collection de M. d’Hérisson, déposés aujourd’hui dans l’ancien appartement du Gouverneur de Paris et destinés à votre département. » Les numéros des stèles ont été révisés en novembre 1915 par l’abbé Chabot qui a pu extraire ainsi de la collection Hérisson les deux ex-voto Cat.1 et Cat.2 en les rattachant à l’envoi de Sainte-Marie avec leur correspondance respective avec l’inventaire MNB 821 et MNB 827.

    58. Le nombre de stèles funéraires puniques entrées au Louvre à cette occasion s’élevait à huit, dont cinq étaient estimées intactes et particulièrement « curieuses » – probablement celles qui portent aujourd’hui les numéros AO 1117 a-d et AO 1118. Le musée du Louvre possède d’autres monuments de ce genre : AO 1112 est une stèle mentionnée dans les Carnets de fouilles de Paul Gauckler comme exhumée le 13 octobre 1900 du tombeau n⁰ 264 sur la colline de l’Odéon à Carthage. Cette stèle et une autre non identifiée ont été offertes au musée du Louvre à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris de 1900 où elles étaient exposées dans le pavillon tunisien. Voir Ferron, 1975 Jean Ferron, Mort-Dieu de Carthage, ou les stèles funéraires de Carthage, Paris, 1975, p. 40, note 142. De nature funéraire et non votive, ces stèles de Carthage conservées au musée du Louvre n’ont pas été intégrées dans ce catalogue.

    59. Berger, 1881b Philippe Berger, « Supplément à la note sur les inscriptions puniques qui figurent à l’exposition des fouilles d’Utique », CRAIBL, 25e année, no 4, 1881, p. 278-280, p. 253.

    60. Jaïdi, 2001 Houcine Jaïdi, « Kheireddine Pacha et son projet de musée archéologique à Tunis », Pallas – Hommage à Dominique Raynal, no 56, 2001, p. 93-117, p. 101.

    61. Oppert, 1867 Jules Oppert, « Huit stèles inédites de Carthage », CRAIBL, 11e année, 1867, p. 217-218, p. 217-218.

    62. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 6.

    63. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 6-7 et 98. À la fin de l’année 1873, l’épigraphiste Roger Wilmanns les copie pour l’Académie de Berlin ; Paris, Archives du cabinet du Corpus Inscriptionum Semiticarum de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (Dossier 18) : Lettre de Julius Euting à Ernest Renan du 28 avril 1876 demandant s’il possède les estampages de vingt-trois inscriptions carthaginoises faisant partie de l’Exposition universelle de Paris (1867). Le 22 mai 1876, il transmet vingt-six inscriptions dont dix-neuf sont transférées à la collection d’Ambras à Vienne ; les sept ex-voto qui manquent semblent avoir été volés.

    64. Voir, infra dans le présent ouvrage, II, « Muséographie et exposition » : « Les expositions universelles », paragraphes II. §47 et suivants.

    65. Jaïdi, 2017 Houcine Jaïdi, « La création du Service des Antiquités de Tunisie : contexte et particularités », in Monique Dondin-Payre, Houcine Jaïdi, Sophie Saint-Amans et Meriem Sebaï (dir.), Autour du fonds Poinssot. Lumières sur l’archéologie tunisienne (1870-1980) [en ligne] (actes des Journées d’étude, Paris, INHA, 28-29 mars 2014), 2017 (https://doi.org/10.4000/books.inha.7133, consulté le 2 novembre 2023), p. 32.

    66. Jaïdi, 2001 Houcine Jaïdi, « Kheireddine Pacha et son projet de musée archéologique à Tunis », Pallas – Hommage à Dominique Raynal, no 56, 2001, p. 93-117, p. 110.

    67. Jaïdi, 2001 Houcine Jaïdi, « Kheireddine Pacha et son projet de musée archéologique à Tunis », Pallas – Hommage à Dominique Raynal, no 56, 2001, p. 93-117, p. 99.

    68. Reinach et Babelon, 1886 Salomon Reinach et Ernest Babelon, « Recherches archéologiques en Tunisie (1883-1884) », Bulletin archéologique. Comité des travaux historiques et scientifiques, 1886, p. 4-78, p. 9-10. Paris, Archives de la bibliothèque de l’Institut (Ernest Babelon Ms 8526 3c), à la date du 13 mars 1884 du Journal de fouilles d’Ernest Babelon en Tunisie en 1883-1884 : « Je vais copier au palais de Mustapha B. Ism [ben Ismaïl] », dessin de vingt-trois stèles. Plan de Babelon et Reinach, registre, Paris, Archives du cabinet du Corpus Inscriptionum Semiticarum de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (Dossier 20).

    69. Stèles de la collection du Louvre, Cat.1360 et Cat.1369.

    70. Chabot, 1916 Jean-Baptiste Chabot, « Les inscriptions puniques de la collection Marchant », CRAIBL, 60e année, no 1, 1916, p. 17-34, p. 17-34.

    71. CRAIBL, séance du 17 juin 1887 Séance du 17 juin 1887, CRAIBL, 31e année, no 2, 1887, p. 180-181 (Renan présente les estampages de la collection Marchant).

    72. Chabot, 1916 Jean-Baptiste Chabot, « Les inscriptions puniques de la collection Marchant », CRAIBL, 60e année, no 1, 1916, p. 17-34, p. 18.

    73. Chabot, 1916 Jean-Baptiste Chabot, « Les inscriptions puniques de la collection Marchant », CRAIBL, 60e année, no 1, 1916, p. 17-34, p. 21, nos 8 et 32.

    74. Cat.1347 = Tulin 1 ; Cat.1364 = Tulin 2 ; Cat.1358 = Tulin 3 ; Cat.1362 = Tulin 4.

    75. Chabot, 1916 Jean-Baptiste Chabot, « Les inscriptions puniques de la collection Marchant », CRAIBL, 60e année, no 1, 1916, p. 17-34, p. 20 et liste des stèles p. 21.

    76. Cat.1343 et Cat.1368.

    77. Chabot, 1916 Jean-Baptiste Chabot, « Les inscriptions puniques de la collection Marchant », CRAIBL, 60e année, no 1, 1916, p. 17-34, p. 28-29, fig. 2 et n⁰ 2 de la collection Marchant.

    78. CIS, t. I, p. 283.

    79. Pour une synthèse des noms des collectionneurs, Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 85.

    80. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 1, 7, 70, 72 et 85 pour les stèles de la collection de M. de Touzon.

    81. Isabelle Weiland, « La Tunisie aux expositions universelles de 1851 à 1900 », thèse de doctorat soutenue en 2013 à l’EHESS.

    82. Mendleson, 2003 Carol Mendleson, Catalogue of the Punic Stelae in the British Museum, Londres, 2003, p. 1-2 ; Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 98.

    83. Exposition universelle, 1867 L’Exposition universelle de 1867 illustrée : publication internationale autorisée par la Commission impériale, 1867, 2 vol.

    84. Jaïdi, 2001 Houcine Jaïdi, « Kheireddine Pacha et son projet de musée archéologique à Tunis », Pallas – Hommage à Dominique Raynal, no 56, 2001, p. 93-117, p. 99.

    85. CRAIBL, séance du 29 mars 1867 Séance du 29 mars 1867, CRAIBL, 11e année, p. 61-62 (Longpérier au sujet des estampages de vingt-deux inscriptions phéniciennes provenant des fouilles pratiquées par Sidi Mohammed ben Mousthafa) : Longpérier au sujet des estampages de vingt-deux inscriptions phéniciennes provenant des fouilles pratiquées par Sidi Mohammed ben Mousthafa.

    86. Longpérier, 1869 Adrien de Longpérier, « Inscriptions phéniciennes de Carthage, lettre au président de la Société asiatique, signée », Journal asiatique, t. XIV, 1869, p. 343-356.

    87. Rodet, 1868 Léon Rodet, « Sur les inscriptions phéniciennes de Carthage qui figuraient à l’Exposition universelle de 1867 », Journal asiatique, no 12, 1868, p. 445-483.

    88. Berger et al., 1881 Philippe Berger, Edmond Le Blant, Robert Mowat et René Cagnat, « L’exposition de la cour Caulaincourt au Louvre. Fouilles d’Utique », Revue archéologique, vol. 42, nouvelle série, 1881, p. 227-248.

    89. Voir, supra, II, « Missions archéologiques et collections » : « Les stèles de la collection du comte d’Irisson d’Hérisson (1881) », paragraphes II. §28 et suivants.

    90. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 6-7.

    91. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 131 : « M. le baron de Watteville, directeur du bureau des sciences et lettres au ministère de l’Instruction publique, ayant eu l’idée féconde de former un Musée des Missions, les inscriptions de Carthage, jusqu’ici déposées dans la salle des cartes à la Bibliothèque Nationale, ont pris, en mars 1878, le chemin du Palais de l’Industrie aux Champs-Élysées ; elles y ont orné les murs de l’escalier d’honneur : depuis elles ont fait retour à la Bibliothèque Nationale. » Le musée temporaire des missions ethnographiques est ouvert du 23 janvier à la mi-mars 1878, au palais de l’Industrie ; à l’issue du travail des commissions créées en octobre 1878 pour la détermination du site et le classement des collections, il est ouvert au public en 1879 sur son site du Trocadéro.

    92. Exposition universelle, 1878 Les Merveilles de l’Exposition de 1878, Paris, 1879.

    93. Exposition universelle, 1889b Exposition de 1889, Guide Bleu du « Figaro » et du « Petit Journal », Paris, 1889.

    94. Exposition universelle, 1889a Exposition universelle de 1889. Palais tunisien, Groupe I. Exposition du service des Antiquités et des arts de la Régence de Tunis, Paris, 1889, p. 8-9.

    95. Exposition universelle, 1889a Exposition universelle de 1889. Palais tunisien, Groupe I. Exposition du service des Antiquités et des arts de la Régence de Tunis, Paris, 1889, p. 8-9.

    96. Gers, 1901 Paul Gers, En 1900, Paris, 1901, p. 246-248. À la suite de cette exposition, Paul Gauckler, devenu directeur du service des Antiquités en 1896 et qui a consacré une grande partie de son activité archéologique aux fouilles des nécropoles puniques de Carthage, donne au musée du Louvre quatre des objets tunisiens qui étaient présentés. Pierrefitte, Archives des musées nationaux, 20140044/30 : Don par Gauckler de quatre objets, présentés à l’Exposition universelle, 13 novembre 1900 – 13 juin 1901 (6 p.), 1900, 17 novembre.

    97. Gers, 1901 Paul Gers, En 1900, Paris, 1901, p. 247.

    98. Fantar, 1992 Mhamed Hassine Fantar (dir.), Tunisie. Terre de rencontres et de civilisation (catalogue d’exposition, Séville, Exposition universelle, mai-octobre 1992), Tunis, 1992.

    99. CRAIBL, séance du 10 septembre 1875 Séance du 10 septembre 1875, CRAIBL, 19e année, no 3, 1875, p. 204.

    100. Berger, attaché à la commission des Inscriptions sémitiques, adresse le 15 avril 1876 à l’administrateur général de la Bibliothèque nationale un rapport sur les inscriptions publié dans les Archives des Missions scientifiques, 3e série, t. IV et dans Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 86-104.

    101. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 86.

    102. « Livres offerts », CRAIBL, séance du 28 avril 1876 Séance du 28 avril 1876, « Livres offerts », CRAIBL 20e année, no 2, 1876, p. 175-195 et p. 179-180.

    103. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 87-88.

    104. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 96.

    105. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 68, note 1.

    106. Babelon, 1900 Ernest Babelon, Guide illustré au Cabinet des médailles et antiques de la Bibliothèque nationale. Les antiques et les objets d’art, Paris, 1900, p. 4. Dans ce même ouvrage, p. xiv, l’auteur précise le nombre d’environ trois mille stèles puniques découvertes à Carthage par Sainte-Marie. Dans Marcel et al., 1907 Henry Marcel, Henri Bouchot, Ernest Babelon, Paul Marchal et Camille Couderc, La Bibliothèque nationale, Paris, 1907, p. 113, « une suite d’environ 4 500 stèles votives en pierre avec inscriptions puniques, trouvées en 1874 et 1884 sur le sol de Carthage » est évoquée, qui comprend les stèles de Sainte-Marie, de Babelon – Reinach et les autres.

    107. Paris, Archives du cabinet du Corpus Inscriptionum Semiticarum de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (Dossier 20).

    108. BN, Ms 61.

    109. Voir, supra, II, « Missions archéologiques et collections » : « L’inventaire des stèles de la mission de Sainte-Marie », paragraphe II. §16.

    110. Inventaire des stèles Babelon – Reinach actuellement conservées à la Bibliothèque nationale : 54.pun.18 (BN 1716, CIS 2130) ; 54.pun.19 (BN 1690, CIS 2166) ; 54.pun.20 (BN 1663, CIS 2170) ; 54.pun.21 (BN 1603, CIS 2174) ; 54.pun.22 (BN 1626, CIS 2180) ; 54.pun.23 (BN 1667) ; 54.pun.25 (BN 1675) ; 54.pun.26 (CIS 2204) ; 54.pun.27 (BN 1720, CIS 2207) ; 54.pun.28 (BN 1726).

    111. Inventaire des stèles Sainte-Marie actuellement conservées à la Bibliothèque nationale : 54.pun.1 (SM 1515, BN 14, CIS 183) ; 54.pun.10 (SM 475, BN 61, CIS 1083) ; 54.pun.11 (SM 2120, BN 8, CIS 1576) ; 54.pun.12 (CIS 1826) ; 54.pun.13 (SM 1863, BN 60; CIS 1863 d’après inv. BN-CIS) ; 54.pun.14 ; 54.pun.15 (CIS 1886) ; 54.pun.16 (BN 1655) ; 54.pun.2 (SM 76, BN 55, CIS 617) ; 54.pun.3 (SM 77, BN 59, CIS 618) ; 54.pun.4 (SM 524, BN 72, CIS 689) ; 54.pun.6 (SM 1671, BN 109, CIS 838) ; 54.pun.7 (SM 2128, BN 27, CIS 916) ; 54.pun.8 (SM 919, BN 15, CIS 919) ; 54.pun.9 (SM 2150, BN 1, CIS 921).

    112. Sainte-Marie, 1884 Évariste-Charles Pricot de Sainte-Marie, Mission à Carthage, Paris, 1884, p. 131.

    113. Département des Antiquités orientales comprenant « les monuments chaldéens, assyriens, perses, phéniciens, juifs et puniques », selon le décret du 20 août 1881.

    114. Héron de Villefosse, 1876 Antoine Héron de Villefosse, Notice des monuments provenant de la Palestine et conservés au musée du Louvre, Paris, 1876.

    115. L’Éclair, 1892 « La nouvelle salle punique au musée du Louvre », L’Éclair, 4 avril 1892, p. 1.

    116. Pierrefitte, Archives des musées nationaux, 20144777/2 : Retrait de petits cartels en bois dans la salle punique (2 p.), 1912, 2 février ; Déménagement de socles et fragments dans le magasin de la cour Visconti et fixation des stèles puniques sous l’escalier asiatique demandés par Pottier (1 p.), 1912, 5 février.

    117. Pierrefitte, Archives des musées nationaux, 20144777/2 : Déménagement de socles et fragments dans le magasin de la cour Visconti et fixation des stèles puniques sous l’escalier asiatique demandés par Pottier (1 p.), 1912, 5 février.

    118. Rutten, 1934 Marguerite Rutten, Guide des antiquités orientales, Paris, 1934, p. 33.

    119. Pierrefitte, Archives des musées nationaux 20140044/1, Organisation et historique : Note relative à la salle d’Afrique terminée le 14 janvier 1895.

    120. Héron de Villefosse, 1921 Antoine Héron de Villefosse, Musées et collections archéologiques de l’Algérie et de la Tunisie. Musée africain du Louvre, Paris, 1921, p. 6, nos 55 et 56 ; Michon, 1922 Michon, Catalogue sommaire des marbres antiques, Paris, 1922, p. 123 et 128. Pour l’exposition des œuvres de la collection Delattre, voir Le Meaux et Marlin, 2021 Hélène Le Meaux et Laurence Marlin, « La collection du père Delattre au Louvre et à Rouen : un écho métropolitain des premières explorations archéologiques », in Sylvain Amic, Mathias Auclair, Diederick Bakhuÿs et al., Salammbô (catalogue d’exposition, Rouen, musée des Beaux-Arts, 19 mai – 19 sept. 2021 ; Marseille, musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, 20 oct. 2021 – 7 fév. 2022), Paris, 2021, p. 261-271.

    121. Rutten, 1934 Marguerite Rutten, Guide des antiquités orientales, Paris, 1934, p. 93-96.

    122. Parrot, 1954 André Parrot, Le département des Antiquités orientales. Guide sommaire, Paris, 1954, p. 10-16 (crypte Sully, p. 13-16).

    123. Pierrefitte, Archives des musées nationaux, 20144777/20, 17 décembre 1947 : Travaux de réaménagement du département des Antiquités orientales. Lettre d’André Parrot, conservateur en chef des Antiquités orientales, au directeur des Musées de France proposant la transformation de la salle judaïque en espace d’exposition temporaire. « La salle “punique” deviendra une salle de travail, réservée à l’examen et à la copie de documents épigraphiques du Département, qui sont de plus en plus l’objet de demandes fréquentes, de la part des professeurs et étudiants français et étrangers. Ce sera à l’épigraphie ce que le Cabinet des dessins est au Département des peintures. »

    124. Amiet, 1971 Pierre Amiet, Département des Antiquités orientales. Guide sommaire, Paris, 1971, p. 14 et 112-113.